La relative sécurité alimentaire de l’Algérie est assurée par la rente pétrolière et celle-ci échappe complètement aux décideurs économiques algériens.
Lors d’une rencontre sur la sécurité alimentaire organisée par le FCE et à laquelle ont pris part nombres de chefs d’entreprises et d’experts, ainsi que le ministre de l’agriculture, M. Abdeslam Chelghoum, le président du FCE Ali Haddad a déclaré que les quelques progrès constatés globalement dans le secteur agricole masquent des situations très préoccupantes. En effet, selon lui, il existe toujours des situations résiduelles de sous alimentation » du fait que les progrès réalisés sont inégalement répartis au sein de la société ». De plus, « malgré une offre locale en augmentation constante, les besoins en alimentation de notre population ne sont satisfait que grâce au recours croissant aux importations », a-t-il relevé en soulignant que « les industries agroalimentaires restent trop fortement dépendantes des marchés extérieurs, ce qui traduit leur faible connexion avec l’amont agricole et un déficit dans le processus de valorisation de produits locaux ». Ce constat, qui contraste avec l’optimisme du Gouvernement, est corroboré par l’étude dont une synthèse a été présentée par Omar Bessouad et débattue lors de cette rencontre. « L’Algérie figure parmi les plus grands pays importateurs de blé au monde. Elle fait partie, depuis le milieu de la décennie 2000 d’un cercle restreint composé de 6 pays dont les importations sont supérieures à 5 millions de tonnes /an. L’Algérie est le troisième importateur du monde de blé tendre et le premier importateur mondial de blé dur (50% des échanges mondiaux). En tant qu’acteur majeur du commerce mondial des grains, il arrive parfois que ses interventions, par des achats massifs (de 500 000 à plus de 800 000 tonnes), favorisent paradoxalement un maintien sinon une remontée des cours mondiaux. Elle est le deuxième importateur mondial de poudre de lait après la Chine, et représente, au cours des 5 dernières années, un opérateur tout à fait essentiel sur le marché des produits laitiers avec environ 17% du marché », a avancé M. Bessaoud « L’Algérie a le taux de couverture des importations par les exportations agroalimentaires le plus bas de la région Afrique du Nord. Entre 1992 et 2014, ce taux s’est situé au-dessous de 5% », a-t-il ajouté en relevant qu’au moment où « les importations de l’Algérie ont connu une augmentation de plus de 10 milliards de dollars (entre 2011 et 2015), les exportations agricoles peinent à atteindre les 500 000 dollars, soit en moyenne 0,5% des exportations totales du pays ».
Exportations agricoles dérisoires
En outre, les exportations agricole représentent pour l’heure moins de 1% des exportations globales et que, à l’horizon 2019, les exportations portent sur la pomme de terre (71 000 T), la tomate industrielle (25 000 T), l’huile d’olive (5 millions de litres), le vin (200 000 hl), les dattes (60 000 T) et, accessoirement fraises, abricot, miel et œufs. Or, souligne-t-il, »toutes les études portant sur les avantages comparatifs démontrent que l’Algérie n’est compétitive, ni pour l’huile d’olive, ni pour la tomate industrielle, ni pour la pomme de terre ». Par ailleurs, expliquant « la notion de sécurité alimentaire », Omar Bessaoud a déclaré que l’Algérie n’est pas en situation d’insécurité alimentaire, mais elle n’est pas également à l’abri. « Ce qui peut être considéré comme un risque au plan de la sécurité alimentaire et qui place l’Algérie dans une situation de vulnérabilité réelle, c’est sa situation de dépendance exclusive de recettes issues des hydrocarbures pour s’approvisionner sur les marchés mondiaux pour des produits qui constituent la base alimentaire des populations (blés, lait, sucre et huiles) . La facture alimentaire dépend étroitement d’un marché mondial des hydrocarbures dont les règles de fonctionnement sont dictées par d’autres acteurs qui le dominent, et de facteurs exogènes (croissance mondiale, géopolitique de l’énergie…, ) sur lesquels le pays n’a aucune prise », a-t-il expliqué dans ce sens.
Lors des débats, une consensus s’est dégagé sur la nécessité de définir un nouveau modèle de croissance agricole, qui soit à la hauteur des défis économique, politique, social, démographique et écologique qui vont se poser à l’avenir.