La nouvelle a fait sensation. Abdelmalek Sellal aurait annoncé une chute brutale des réserves de change à 106,7 milliards de dollars au cours de son allocution d’ouverture de la Tripartite réunie ce matin à Alger.
A priori, cette annonce semble à l’heure actuelle peu vraisemblable, si le Premier ministre fait allusion au niveau actuel de ces réserves. Ces dernières se situaient en effet, selon des chiffres officiels, à 143 milliards à fin décembre 2015. Il faudrait donc qu’elles aient enregistré une chute de plus de 37 milliards de dollars en 5 mois; ce qui semble impossible même en tenant compte des très faibles prix pétroliers des premiers mois de 2016 et de l’importance du déficit enregistré par la balance des paiements depuis le début de l’année.
Une forte baisse prévue en fin d’année 2016
Un tel niveau des réserves de change est, en revanche, probable en fin d’année 2016 si on se réfère aux prévisions de la loi de finance qui anticipait un niveau de réserves de 112 milliards de dollars fin 2016, moyennant la prévision optimiste d’un cours moyen du baril de 45 dollars sur l’ensemble de l’année 2016 .Suivant les informations disponibles dans ce domaine sur le site du ministère des finances. Le prix moyen du baril a été de 32 dollars au cours du premier trimestre 2016 et s’est redressé à 36 dollars pour les 4 premiers mois de l’année.
Quand Le FMI livre les chiffres de la Balance des paiements
Pour l’instant, et avant les informations «surprenantes» attribuées au Premier ministre, les dernières informations officielles qui concernent la balance des paiements et les réserves de change, ont été dévoilées voici quelques semaines par le chef de la mission du FMI en Algérie. Elles révélaient, notamment, que les réserves de change du pays ont continué à fondre rapidement au cours de l’année 2015. A fin décembre 2015, leur montant s’élevait à 143 milliards de dollars, soit l’équivalent d’un peu plus de 20 mois d’importations. Les réserves officielles de change (or non compris) se sont donc fortement contractées tout au long de l’année dernière. On peut rappeler qu’elles s’établissaient à 152 milliards de dollars à fin septembre 2015 contre 159 milliards de dollars à fin juin 2015 et 179 milliards de dollars à fin décembre 2014. Ce qui portait leur réduction à plus de 35 milliards de dollars en une année. On attend cependant toujours la confirmation de ces informations par la Banque d’Algérie dont le rapport de conjoncture pour l’année 2015 n’a toujours pas été publié.
Déficits record pour la Balance des paiements en 2015 et 2016
Cette diminution accélérée des réserves de change en 2015 est imputable principalement au déficit de la balance des paiements courants qui enregistre les échanges de marchandises et de services entre l’Algérie et le reste du monde . Ce déficit a atteint l’année dernière un niveau record et supérieur à 29 milliards de dollars. Le déficit global de notre balance des paiements a, en outre, été aggravé l’année dernière par l’opération, très coûteuse pour le pays et intervenue en janvier 2015, de rachat de la majorité du capital de l’opérateur téléphonique Djezzy, dont la facture totale s’est élevée à plus de 4,5 milliards de dollars transférés à l’étranger (coût d’acquisition et libération des bénéfices de l’opérateur bloqués pendant 5 ans). Pour l’ensemble de l’année 2016, le ministère des Finances s’attendait à un déficit de la balance des paiements de l’ordre de 30 milliards de dollars. Le déficit réel enregistré à la fin de l’année 2016 dépendra essentiellement de la tenue des cours pétroliers au cours des prochains mois. Il pourrait, selon toute vraisemblance, porter les réserves de change à un niveau proche de celui évoqué par le Premier ministre, qui n’aura dans ce cas, qu’anticipé de quelques mois une annonce peu réjouissante.