L’ONG américaine de défense des droits de l’homme, Humain Right Watch (HRW), a fait, dans son rapport annuel, un constat critique sur la situation des droits de l’homme en Algérie au cours de l’année 2019.
Dans son document, l’ONG souligne que les atteintes aux droits en Algérie ont touché le droit de manifestation pacifique, la liberté d’expression et de réunion, les droits des femmes, la liberté de culte, le droit des migrants et autres.
« En réponse à la poursuite des manifestations, les autorités ont dispersé des manifestations pacifiques, arrêté arbitrairement des participants, empêché la tenue de réunions prévues par des organisations politiques ou de défense des droits humains, et emprisonné des détracteurs du gouvernement », lit-on dans le document.
En ce qui concerne la liberté de manifestation, l’organisation déplore les restrictions imposées pour réduire le nombre de manifestants notamment à Alger. « Les forces de police ont été déployées massivement dans les rues et sur les places du centre de la capitale, ainsi qu’à des points de contrôle, avec pour effet de limiter le nombre de personnes parvenant à se joindre aux marches, puis elles ont exercé un contrôle étroit sur celles qui arrivaient à s’y rendre », dénonce-t-elle.
Elle ajoute : « Les autorités ont arrêté des centaines de manifestants pacifiques, remettant la plupart d’entre eux en liberté sans chef d’accusation au bout de quelques heures, mais engageant des poursuites contre des dizaines d’autres et les emprisonnant ».
HRW a également dénoncé, dans son rapport, l’arrestation d’activistes et d’hommes politiques et rappelle dans ce cadre que les normes internationales relatives aux droits de l’homme interdisent de juger des civils dans des tribunaux militaires.
S’agissant de la liberté de culte, Humain Right Watch, indique que les autorités continuent de condamner les membres de la petite communauté des Ahmadiyya. Elle ajoute que pendant l’année écoulée, les autorités avaient fermé neuf lieux de culte appartenant l’Église protestante d’Algérie parce qu’ils n’étaient pas autorisés ou qu’ils n’étaient pas conformes pour recevoir du public.
Pour ce qui est de droits de migrants, la même source regrette que depuis décembre 2016, l’Algérie a effectué des rafles et expulsé en masse sommairement des milliers de migrants originaires d’Afrique sub-saharienne, dont des femmes et des enfants. Pendant la première moitié de 2019, les autorités algériennes auraient expulsé près de 5 000 personnes, pour la plupart de nationalité nigérienne.
Concernant les droits des femmes, l’organisation estime que la loi sur la violence conjugale adoptée par l’Algérie en 2015 criminalisant certaines formes de violence familiale, présente des lacunes qui permettent d’annuler des condamnations ou de réduire des peines si les victimes pardonnent à leurs agresseurs. Cette loi a également le défaut de ne pas prévoir de mesures préventives pour empêcher les abus ou protéger les victimes. « L’article 326 du code pénal permet à une personne qui enlève une mineure d’échapper aux poursuites si elle épouse sa victime », rappelle l’ONG.
Les restrictions imposées aux ONG internationales n’ont pas échappé aux critiques de HRW. « Les autorités ont expulsé un responsable de Human Rights Watch, Ahmed Benchemsi, le 19 août. Elles ont confisqué ses passeports pendant 10 jours, après l’avoir arrêté le 9 août à proximité d’une manifestation à Alger et maintenu en garde à vue pendant 10 heures », note l’organisation.