Les données macroéconomiques officielles de l’Algérie présentent un contraste saisissant avec les réalités du terrain. Alors que le FMI projette une inflation maîtrisée à 5,3% pour 2024 et une croissance économique de 3,8%, l’écart considérable entre les marchés officiel et parallèle des devises raconte une autre histoire.
Sur le marché officiel, l’euro s’échange dans une fourchette relativement stable, oscillant entre un pic de 150,33 dinars au 23 août et un plancher de 143,11 dinars au 16 avril, avec une moyenne de 146,04 dinars. Les autorités mettent en avant une appréciation du dinar, avec une baisse de 1,97% de l’euro face à la monnaie nationale en 2024. L’inflation officielle est annoncée à 4,06% au premier semestre 2024.
Cependant, la réalité du marché parallèle dévoile une tout autre image économique : l’euro s’y négocie autour de 241,50 dinars, soit près de 65% au-dessus du cours officiel. Cet écart de plus de 95 dinars témoigne des déséquilibres structurels persistants dans l’économie algérienne, où les prix des produits de première nécessité continuent leur ascension inexorable, en dépit des statistiques officielles encourageantes.
Cette stabilité inhabituelle du marché parallèle s’explique par plusieurs facteurs concomitants : une surabondance d’euros sur le marché informel, une réduction significative des visas accordés aux Algériens, et des restrictions croissantes sur les achats en ligne à l’étranger. Ces éléments, conjugués aux périodes traditionnellement volatiles comme le Ramadan et l’été, révèlent moins une réussite des politiques de stabilisation qu’un changement structurel dans les mécanismes d’accès aux devises.
Face à cette situation, les mesures gouvernementales semblent insuffisantes. Le plafonnement des prix saisonniers et le renforcement des contrôles ne parviennent pas à combler le fossé entre les deux marchés. Les revalorisations salariales et des pensions de retraite sont rapidement absorbées par l’inflation réelle, creusant davantage l’écart entre le pouvoir d’achat effectif des citoyens et celui suggéré par les indicateurs officiels.
La normalisation de l’économie algérienne nécessitera une approche plus globale. Au-delà des chiffres encourageants du FMI, une véritable stabilisation économique devra passer par une convergence progressive des marchés de change et une meilleure adéquation entre les statistiques officielles et la réalité économique du pays.
En attendant, le décalage entre les indicateurs macroéconomiques et le vécu quotidien des Algériens continue de s’accentuer, questionnant l’efficacité des politiques économiques actuelles.