Comment une entreprise productrice d’articles de grande consommation fait – elle face au contexte de crise , de dévaluation du dinar et de réduction des importations qui caractérise l’économie algérienne depuis le début de l’année 2015? Pas trop mal pour le moment, semble dire le patron de NCA Rouiba, M. Slim Otmani, qui était ce mardi l’invité du direct de Radio M.
Sous l’angle des ventes, les résultats l’activité de l ‘entreprise au titre de l’année 2015 sont même «excellents», affirme Slim Otmani, qui annonce un chiffre d’affaires en hausse de 7% pour l’année dernière. NCA «peut mieux faire» dans ce domaine, précise le manager algérien, qui évoque des marges de progression possible en matière d’organisation de la production, de circuit de distribution ou de marketing.
Des augmentations de prix «inévitables» en 2016
La situation est plus « inquiétante » du point de vue des résultats financiers de l’entreprise qui subissent de plein fouet les conséquences de la dévaluation du dinar .Pour préserver la rentabilité de l’entreprise , le management de NCA a privilégié l’année dernière une «stratégie de réduction des coûts en interne» en évitant ainsi de répercuter l’augmentation des coûts d’approvisionnement dans les prix de vente au consommateur. «La poursuite de cette démarche en 2016 ne sera pas possible et les augmentations de prix seront inévitables si la dévaluation du dinar continue».
D’autant plus que la situation de NCA est sans doute plus favorable que celle de ses principaux concurrents et que «le secteur considéré globalement perd de l‘argent», affirme Slim Otmani. Les 200 producteurs de boissons identifiés, dont seulement une cinquantaine sont regroupés au sein de l’association du secteur, font face à des difficultés financières qui ont déjà poussé certains d’entre eux à se tourner vers des pratiques illégales, aux frontières de l’informel, et qui visent à «éviter le package fiscal», avertit le patron de NCA.
Le programme d’introduction d’entreprises publiques en Bourse dans une impasse
Première entreprise privée cotée à la Bourse d’Alger , NCA Rouiba, a décidé cette année une distribution exceptionnelle de 75 % des bénéfices aux actionnaires . « C’est une prise de risque » commente Slim Otmani qui attribue cette décision au « contexte socio économique » et à la nécessité de consolider la relations avec les actionnaires de l’entreprise.
A propos plus généralement du fonctionnement de la Bourse d’Alger Slim Othmani, continue de déplorer un défaut d’animation, qu’il dénonce de longue date, et qui pénalise les entreprises cotées. L’échec récent de l’introduction en Bourse de la SCAEK , filiale du cimentier public GICA, lui inspire plusieurs commentaires .le premier relève que « dans le contexte présent le rendement de la bourse d’Alger reste inférieur à celui de l’emprunt obligataire lancé par le gouvernement, ce qui oriente l’épargne des acheteurs potentiels en Bourse vers la destination de l’emprunt d’Etat » .
Le patron de NCA tire, de façon encore plus précise, un autre enseignement de l’annulation de l’opération concernant la société des ciments de Aïn-Kebira . « Le capital et les épargnants algériens n’ont pas confiance dans le management des entreprises publiques ». affirme Slim Otmani , qui se dit persuadé que le programme gouvernemental d’introduction en Bourse de 8 entreprises publiques est désormais très sérieusement compromis .Dans les conditions actuelles , « Personne n’ira acheter du Mobilis » pronostique t’il . « Qui va vous acheter 20 % du capital d’une entreprise publique concurrente d’une autre entreprise publique »interroge encore le patron algérien ?
«Il faut céder la majorité du Capital au privé»
Slim Othmani ne voit qu’une façon de sortir de l’impasse ou se trouve le programme d’ouverture du capital des entreprises publiques par la Bourse. Ses objectifs doivent être modifiés complètement en cédant la majorité du capital à des entreprises privées nationales et étrangères. Quitte à conserver une minorité de blocage entre les mains de l’actionnaire publique, ainsi que le prévoit d’ailleurs une disposition de la loi de finance 2016. Pourquoi ne pas d’ailleurs , et dans ce cadre, appliquer à la Bourse d’Alger, la règle du 51/49 qui permettra à des actionnaires étrangers d’entrer dans le capital d’ entreprises publiques en mal de renouvellement de leur management? C’est ce que propose également le Président de CARE qui ne comprend pas pourquoi « on n’utilise pas le canal de la Bourse pour faire appel aux IDE».
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