Au milieu du brouhaha médiatique qui a secoué Alger avec l’embastillement de journalistes, de personnalités et d’artistes, deux affaires de violations flagrantes des droits de l’homme sont complètement passées sous le radar des médias et par conséquent de la rue. Il s’agit des cas de feu Soltane Hrigua et d’Ahmed Badaoui.
Cela c’est passé dans le nuit du 1 er au 2 novembre, dans la commune de Takeslante dans le coeur des Aurès. Le jeune Soltane Hrigua, se retrouve à la brigade de Gendarmerie de la commune. Plus tôt il avait eu une altercation avec un gendarme et avait été interpellé. Sa famille le récupère à l’aube en piteux état. Il souffrait de douleurs atroces et a été évacué à l’hôpital. Il décédera quelques heures plus tard, selon sa famille avant de s’éteindre il aurait fait état d’un véritable supplice qu’il a vécu au poste de gendarmerie.
Pendant plusieurs jours, la population de Takeslante a manifestée sa colère, d’autant que le jeune Hrigua qui était engagé dans l’armée, venait d’achever son contrat. Pire, sa famille est connue dans la région pour avoir combattu le terrorisme, son père avait été assassiné par un groupe terroriste il y a quelques années.
Aux dernières nouvelles, deux gendarmes auraient été arrêtés avec des mesures disciplinaires et des mutations pour un grand nombre de gendarmes de cette brigade. Le frère de la victime qui a introduit une demande de contre-autopsie aurait reçu l’accord du procureur.
Avec l’espoir que justice soit rendue la population reste vigilante et les échos des événements de Tkout, il y a presque 20 ans raisonnent encore dans ces endroits reculés du pays.
Autre cas difficile à croire, celui d’Ahmed Badaoui, ancien douanier et syndicaliste UGTA. L’homme est sous contrôle judiciaire depuis sept ans pour un simple SMS envoyé.
En 2011, le vendredi 14 janvier, jour de la fuite du président tunisien Benali, il envoie un SMS à ses contacts : “Un dictateur est tombé aujourd’hui, et Ghenouchi essaye de sauver le système. Espérant que le tour des autres suivra, souhaitant tout ce mal à notre pays en espérant que cette contagion atteigne les portes d’Alger”.
Quelques jours plus tard alors que les émeutes de “’huile et du sucre” ont lieu à Alger, il envisage d’organiser une réunion dans le cadre de l’association des libertés syndicales (ALS). Il envoie un SMS à des syndicalistes, mais aussi à des journalistes.
Ahmed BADAOUI est arrêté le 21 janvier. La police saisie ses équipements électroniques et recherche le fameux SMS.
Il subit plusieurs jours d’interrogatoire. Le 26 du même mois, il est présenté devant le procureur du tribunal de Bir Mourad Raïs qui a requis son incarcération immédiate. Mais, présenté devant le juge, il fut placé sous contrôle judiciaire. Depuis, un dimanche sur deux, Ahmed BADAOUI doit se rendre chez le juge de la deuxième chambre du tribunal de Bir Mourad Raïs pour signer sa feuille de présence.