Les participants au forum sur la société civile, organisé mardi pendant le sommet Amérique-Afrique qui se tient à Washington, ont estimé essentiel le rôle de la société civile dans la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
Par Meziane Isli
«La voix des travailleurs est centrale et la société civile a un rôle essentiel à jouer. Il est important de créer un environnement approprié pour que la société civile puisse agir, un environnement qui facilite une vraie liberté d’association ». Ancien premier ministre du Togo et actuellement directeur général de l’organisation internationale du travail (OIT), Gilbert F. Houngbo, un des panelistes, a jugé essentiel la création d’un environnement de nature à permettre à la société civile de s’exprimer librement et aux travailleurs de s’organiser librement. « Si vous ne créez pas l’environnement où les travailleurs peuvent s’organiser, à qui vous allez parler ? avec qui vous allez négocier ? C’est un élément essentiel », dit-il.
Mais comment créer cet environnement ? « Il faut un contrat social ». Appelant les pays africains à ratifier les conventions de l’OIT, Gilbert F. Houngbo soutient que toute perspective de développement est tributaire de l’association des syndicats et la société civile dans les débats et réflexions sur les politiques publiques. « Pour qu’un pays assure une trajectoire de développement, il faut que la participation de la société civile dans les grands débats qu’il veut engager soit essentielle. Il faut associer les travailleurs dans les décisions », plaide-t-il.
Sénateur du Delaware, Chris Coons estime que la société civile incarne la « voix essentielle de nos peuples ». « Elle joue un rôle important pour tenir les gouvernements redevables et dans la lutte contre la corruption (…) ».
Saluant le rôle joué par des acteurs de la société civile dans le continent en faveur de la promotion de la bonne gouvernance, les droits et la démocratie, dont certains au péril de leur vie ou vivant sous la menace, Chris Coons estime que les « Etats-Unis doivent faire plus pour aider ces personnes ».
« J’espère qu’on va créer des partenariats durables ; je m’engage à continuer à appuyer les voix démocratiques, les journalistes, les activistes pour travailler avec l’union africaine pour faire progresser l’agenda 2063 », affirme le sénateur. Adopté en 2015, l’agenda 2063 est un cadre stratégique pour la transformation socio-économique de l’Afrique au cours des 50 prochaines années. Il s’appuie sur les initiatives continentales passées et actuelles en faveur de la croissance et du développement durable et cherche à accélérer leur mise en œuvre. « J’espère que notre travail avec la société civile va améliorer la démocratie, la gouvernance, la croissance économique et la lutte contre la corruption », souhaite le sénateur. Malgré les difficultés existantes dans certains pays africains relevées par certains, dont le manque de moyens, l’essentiel des intervenants a plaidé pour le renforcement du partenariat et des passerelles entre sociétés civiles. Et le renforcement de la démocratie se construit avec les travailleurs et la société civile, estiment-ils. «Il faut écouter la voix des travailleurs en ce qui concerne la démocratie, que ça soit aux Etats-Unis ou en Afrique. Il faut protéger les travailleurs », martèle Marty Walsh, ministre américain du travail et lui-même ancien syndicaliste.