La capitale indienne New Delhi accueille depuis hier et pendant quatre jours, le troisième sommet Inde-Afrique, qui réunit tous les pays du continent. Plus de quarante chefs d’Etat et de gouvernement ont fait le déplacement en Inde sur les cinquante-deux pays invités. L’occasion pour l’Inde de raffermir ses liens avec ce continent en continuelle croissance. New Delhi ambitionne de damer le pion aux Chinois qui, eux, ont plusieurs longueurs d’avance en Afrique.
Les échanges commerciaux afro-indiens, de 70 milliards de dollars (63,4 milliards d’euros) en 2014, ont été multipliés par vingt au cours des quinze dernières années. Ils demeurent cependant trois fois moins importants que le commerce entre la Chine et l’Afrique. Les exportations africaines se composent pour l’essentiel de matières premières, dont l’Inde a besoin pour sa croissance. Essentiellement, les investissements indiens en Afrique se font par de grands groupes indiens comme Godrej, Ranbaxy ou Bharti. Leurs investissements se concentrent dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la pharmacie, de l’automobile ou des télécommunications. D’après le Groupe de la Banque africaine de développement, l’Inde a activement contribué à l’encouragement des investissements en Afrique. Ainsi, les investissements indiens y sont 14 fois plus élevés depuis l’an dernier. L’Inde ambitionne que, d’ici à l’année prochaine, ses investissements en Afrique atteindront 100 milliards de dollars.
Les entreprises indiennes sont entrées tardivement dans le marché africain
Après avoir subi de grosses déconvenues dans les pays développés où elles avaient investi, les entreprises indiennes sont entrées tardivement dans le marché africain. Elles ont effectué un redéploiement stratégique de leur « business model » afin de pouvoir intégrer ce nouveau marché qui est finalement plus à leur portée que le marché européen, analyse pour RFI, Jean-Joseph Boillot, spécialiste de l’Inde au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII). Selon lui, ce sommet est une opportunité pour ces entreprises « de vérifier le bon déroulement de leurs projets » en Afrique. « D’ailleurs, les Africains sont eux aussi attentifs au développement de ce partenariat industriel indo-africain », note ce spécialiste. D’après lui, les chefs d’Etat africains voudraient s’assurer que l’intérêt de l’Inde pour l’Afrique va se maintenir, au moment, dit-il, où l’économie chinoise se ralentit entraînant suspension et voire même annulation des projets et contrats sur le continent.
Le Maghreb marque sa présence
Le troisième Sommet Afrique-Inde est marqué par la présence de 42 chefs d’Etat africains, dont des hauts responsables du Maghreb. Le roi marocain Mohamed VI a tenu personnellement à assister au forum au troisième Sommet du Forum Inde-Afrique 2015 (IAFS) de New Delhi, tandis que la Tunisie a envoyé une délégation « pour débattre des moyens de développer la coopération entre les pays africains et l’Inde dans les domaines économique, politique, culturel et scientifique ». De son coté, l’Algérie marque sa présence à ce sommet à travers son ministre du Commerce, Bakhti Belaïb.