Mise à l’écart, le 2 octobre dernier, par le président Abdelmadjid Tebboune, l’ex-P-DG de Sonatrach Toufik Hakkar passe à présent sous la loupe de la justice. Les services de sécurités spécialisés sont en train de passer au crible plusieurs dossiers impliquant des firmes étrangères.
Les autorités judiciaires travaillent, depuis des semaines, à rassembler des preuves susceptibles d’éclabousser la gouvernance de l’ancien patron du groupe pétrolier national, particulièrement sur le processus d’attribution des contrats de services pétroliers, rapporte le média Africa Intelligence.
Depuis son éviction, Hakkar est privé de son droit de sortie du territoire national, selon la même source, qui souligne que le pôle pénal économique et financier de Sidi M’Hamed, à Alger, travaille depuis des semaines, en étroite collaboration avec la section recherche de la gendarmerie de Bab Djdid, sur d’éventuelles pratiques de mauvaise gouvernance de l’ex-P-DG.
Il s’agit des contrats d’EPC (engineering, procurement and construction), attribués à des firmes de services pour la construction des infrastructures de développement des projets, qui se sont multipliés durant les années du désormais ancien patron de Sonatrach. Le Directeur du département EPM (engineering procurement management), Farredj Aoudjehane, fidèle dévoué de Hakkar, se trouverait lui aussi, dans le viseur des autorités.
Des contrats douteux de plusieurs millions DUS
Les dossiers fouinés par les services de la sécurité, concernent des projets douteux de plusieurs millions de dollars et qui sont restés sans suite.
Parmi ces dossiers, le projet de développement des gisements de Bir Seba et Mouiat Outlad Messaoud (région de Touggourt) et l’attribution de la nouvelle phase de développement de Rhourde el Krouf (RKF), dans le coût du projet est estimé à environ 650 millions de dollars.
Les enquêteurs ont constaté des dépassements au code des marchés publics et des montants injustifiés concernant des surcouts de prestations de services. Ces contrats sont heureusement restés sans validation et se trouve aujourd’hui sur le bureau du nouveau P-DG du groupe, Rachid Hachichi qui, à peine nommé, a interdit les appels d’offres restreints.
L’arrivée de Hachichi rassure les investisseurs
Lors de sa gouvernance, Toufik Hakkar entretenait de mauvaises relations avec plusieurs firmes étrangères, comme c’est le cas avec le français TotalEnergies. Le retour aux affaires de Rachid Hachichi à la Sonatrach a rassuré les investisseurs.
Dès la prise de ses fonctions à la tête du groupe public national, Hachichi a d’ailleurs reçu le directeur général d’ENI (13 octobre) puis le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné (23 octobre).
Il est à rappeler que depuis plusieurs années, l’Algérie peine à accroître les investissements des majors occidentales déjà implantés dans le pays. Chevron et ExxonMobil négocient depuis plusieurs années pour valider l’exploration des périmètres de pétrole et gaz de schiste, dans les conditions prévues par le dernier Code des hydrocarbures de 2019.
Hachichi lors de son premier passage entre mai et novembre 2019 à la tête de Sonatrach, avait été largement défendu la nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont les décrets d’application n’ont été finalisés qu’en 2022.