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Maghreb

Sur la promenade des Sablettes, une Algérie populaire prend ses quartiers

Par Yazid Ferhat
août 23, 2015
Sur la promenade des Sablettes, une Algérie populaire prend ses quartiers

Longtemps privés d’accès à la mer, les habitants des quartiers populaires de l’est d’Alger (Hussein- Dey, Maqaria (ex -Leveilley,) Oued Ouchaïach, la Glacière, Plm, Bourouba, El Harrach) ont résolument pris leur quartiers à la promenade des Sablettes.

 

 

Depuis la fin du ramadan, tous les soirs, surtout le vendredi et encore davantage le samedi, un Alger populaire bariolé s’installe sur des lieux qui ont été, pendant longtemps, un vrai désert maritime. En famille, en couples ou en solitaires, en hijab ou en jean, en qamis ou en short, les habitants des quartiers populaires prennent possession des lieux dans une atmosphère détendue.

Jamais un espace de loisirs et de détente aussi vaste et relativement équipé – des tables pour pique-niquer, des aires de jeu pour enfants – n’a été mis à disposition des habitants de ces quartiers où le grand traumatisme des années 90 est resté présent. On en profite résolument.

Les gens arrivent aussi en voiture aussi d’un peu plus loin que ces quartiers, un immense parking y incite d’ailleurs. On y vient aussi par bus. Et à pied. On peut observer, à toute heure, sur le pont de Oued Ouchaïach, des processions familiales, hommes, femmes et enfants, avec des couffins chargés prendre le chemin de la « promenade ».

Dans les années 70, ce large front de mer qui va des « 11 blocs » à proximité du port jusqu’à « Mazella », non loin de l’embouchure de l’oued El Harrach, en passant par le Caroubier, était l’espace privilégié des seuls garçons et les plus téméraires seulement. Peu de monde en vérité.

Incomparable avec cette occupation massive et mixte des lieux qui s’offre au regard dans cette promenade où les travaux ne sont pas terminés dans la partie proche du port. Tout comme l’aménagement d’Oued Ouchaïach qui reste encore à ses débuts. Mais dans l’espace entre les deux, une Algérie populaire a résolument pris possession des lieux.

« Comme s’il s’agit de marquer son territoire et de décréter que cet espace est accessible à tous y compris à ceux qui n’ont pas de fric. Ici, c’est Hussein Dey, pas la côte ouest » observe avec humour un harrachi, un ancien compagnon de route du Pags (Parti de l’avant-garde socialiste), établi en France dans les années troubles et particulièrement enchanté de voir que « quelque chose arrive au profit des « houmates » (quartiers) »

Les gens ne boudent pas. On dépense peu en effet. On ramène ses sandwiches, son eau, son café et son thé de la maison. On s’attable pendant que les enfants s’en donnent à cœur-joie. Un spectacle délicieux dont on ne lasse jamais et qui fait sourire les adultes, ceux qui marchent et ceux qui courent.

La côte Est des quartiers

Et puis, il y a la mer. Une plage et une pancarte portant mention « baignade autorisée ». C’est une grande destination, cette plage. On s’y baigne. Du matin au soir. Tard le soir.

« La vengeance des quartiers contre la côte ouest » persifle le « pagso » définitivement décidé à politiser la promenade et à y voir une victoire discrète des classes populaires que « la presse n’a pas vue ».

Beaucoup de monde sur la plage. Des jeunes et des enfants surtout. Et des adultes en surveillance. L’eau parait douteuse ? On en a cure, on barbote quand même. « Pour une fois, on est prêt à croire l’Etat quand il nous dit qu’on peut s’y baigner » note en éclatant de rire un jeune homme.

La promenade des Sablettes est, déjà, avec le métro et le tramway, l’un des plus gros succès de la décennie. Les travaux se poursuivent dans la partie ouest. A l’est, aussi, avec les travaux d’aménagements, qui semblent un peu lent, de l’Oued Ouchaïach.

Quand les travaux seront terminés, ce sera la grande jonction, un très long front de mer ouvert pour des quartiers qui ont été sevrés pendant longtemps de la grande bleue. La « Cote est » a déjà fière allure. Et ce qui ne gâche rien, beaucoup peuvent y aller à pied. La mer est dans la ville, dans les quartiers.

Cet article a été initialement publié dans le Huffington Post Algérie 

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