Près de 538 000 emplois ont disparu en moyenne par an au cours des cinq premières années du conflit.
En Syrie, environ le tiers des immeubles et près de la moitié de tous les bâtiments scolaires et hospitaliers ont été endommagés ou totalement détruits par la guerre, estime un rapport de la Banque mondiale rendue public récemment.
Le même rapport établit que « l’effondrement des systèmes qui organisent la vie économique et sociale ainsi que la défiance qui s’est installée entre les citoyens du pays ont des répercussions économiques plus graves que les destructions matérielles ».
D’après la Banque mondiale, « près de 538 000 emplois ont été détruits en moyenne par an au cours des cinq premières années du conflit, les jeunes Syriens étant désormais confrontés à un taux de chômage de 78 %, ce qui ne leur laisse que peu d’options pour survivre ». De même que « le ciblage délibéré des infrastructures sanitaires a considérablement perturbé le système de santé, entraînant la réapparition de maladies transmissibles comme la polio. On estime à présent que le nombre de décès faute d’accès aux soins est supérieur à celui des morts directement imputables à la guerre ». Le rapport ajoute que « le système d’éducation est également mis à mal par les dommages matériels et les réquisitions d’écoles par les combattants tandis que, dans les grandes villes, le courant électrique ne fonctionne que deux heures par jour environ, à cause des pénuries d’essence, ce qui perturbe tout un éventail de services de base ».
« La guerre en Syrie est en train de disloquer le tissu économique et social du pays, constate Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Le nombre de victimes humaines est catastrophique mais la guerre détruit également les institutions et les systèmes indispensables au bon fonctionnement d’une société et leur remise en état sera éminemment plus délicate que la reconstruction des infrastructures. Et ce d’autant plus que le problème ne peut qu’empirer avec la poursuite du conflit».
« Nos résultats montrent que si la guerre s’achevait cette année, l’économie parviendrait à regagner, au cours des quatre années suivantes, 41 % de la déperdition enregistrée par rapport à son niveau d’avant le conflit, et que les pertes dues à la guerre sur deux décennies représenteraient 7,6 fois le PIB pré-conflit », explique Harun Onder, économiste senior à la Banque mondiale et auteur principal du rapport. Mais « dans la dixième année de conflit, moins d’un tiers de cet écart serait rattrapé en quatre ans après la fin du conflit et les pertes totales ressortiraient à 13 fois le PIB de 2010 en 20 ans. Nous estimons également que le nombre de Syriens fuyant leur pays pour se mettre à l’abri doublerait entre la sixième et la vingtième année du conflit», a-t-il ajouté.