Abdelmadjid Tebboune aura passé moins de trois mois à la tête du gouvernement. Nommé le 24 mai dernier, après les législatives du 4 mai, succédant à Abdelmalek Sellal, il a été limogé, ce mardi, par le président Abddelaziz Bouteflika qui l’a remplacé par Ahmed Ouyahia.
Les ingrédients de son départ étaient réunis depuis quelques jours. Le désormais ex-Premier ministre a été désavoué publiquement dans « son » combat contre l’immixtion de l’argent dans la politique par le chef d’Etat, alors qu’il était en congé à l’étranger.
Tebboune promettait quelques jours après son installation comme Premier ministre de « séparer l’argent de la politique » sur instruction du Chef de l’Etat Abdeaziz Bouteflika. Il a commencé par remettre en cause les projets engagés par son prédécesseur, avant de s’attaquer à Ali Haddad, patron de l’ETRHB Haddad et président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), fidèle soutien de Bouteflika.
Le 15 juillet dernier, à l’Ecole supérieure de la sécurité sociale, Ali Haddad qui était invité en bonne et due forme en sa qualité de président du FCE pour une cérémonie de remise de diplômes, a été prié de quitter la salle, lui et le Secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) Abdelmadjid Sidi Said.
Le lendemain, le tandem Haddad-Sidi Said organise la riposte à l’hôtel l’Aurassi où ils ont réuni les organisations pour laver l’affront fait à Haddad. En même temps, le groupe Haddad est criblé de mises en demeure pour les projets qui piétinent.
Le tournant
Droit dans ses bottes, Haddad répond dans le détail aux mises en demeures et affirme que les retards enregistrés dépendent de l’administration. Le 30 juillet, il est invité pour la réunion préparatoire de la prochaine Tripartite, le 23 septembre prochain. Le jour-même, à l’enterrement du défunt Rédha malek, Haddad s’affiche tout sourire avec Said Bouteflika, le frère conseiller du président, à coté de Abdelmadjid Tebboune, le visage crispé.
Et depuis, la balance s’est penchée en faveur de Ali Haddad. Reprenant du poil de la bête, ce dernier a dénoncé une campagne dénigrement dirigée contre sa personne et le groupe qu’il dirige. Deux jours plus tard, Tebboune alors en congé est sévèrement recadré par le chef de l’Etat qui lui a ordonné de «mettre immédiatement fin au « harcèlement des opérateurs nationaux ».
Dès lors, nombreux observateurs ont parié que le Premier n’allait pas durer à la tête du Gouvernement. Au lendemain de son retour de son séjour à l’étranger au cours duquel il a eu une rencontre informelle avec le Premier ministre français Edouard Philippe à Paris, que les médias proches de la présidence ont qualifié de trahison de la confiance du chef de l’Etat, est remercié.