Plusieurs capitales européennes ont amendé leurs consignes de voyages émises à l’égard de leurs ressortissants en déplacement en Tunisie. Ce qui a ébranlé les autorités et les professionnels du tourisme qui misent beaucoup sur les Tunisiens établis à l’étranger pour sauver ce qui peut l’être de la saison touristique de 2015.
La recommandation de la Grande Bretagne demandant à ses ressortissants de quitter la Tunisie fait des émules parmi les pays européens. Vendredi, le Danemark a émis une recommandation semblable. « Si vous vous trouvez en Tunisie et n’avez pas de raison essentielle d’y rester, il vous est recommandé de partir avec l’aide d’un voyagiste ou via un vol commercial », a indiqué le ministère danois des affaires étrangères sur son site Internet.
Le ministère des affaires étrangères irlandais a fait de même en exhortant dans un communiqué « tous les touristes irlandais en Tunisie à évaluer si leur présence dans ce pays est essentielle et, si ce n’est pas le cas, nous leur conseillons de partir ». La Finlande a également déconseillé la destination Tunisie à ses ressortissant et interdit les voyages vers les régions frontalières de la Tunisie. Le pays scandinave évoque des « troubles politiques intérieurs » et un « risque élevé » de nouvel attentat contre des touristes. Selon l’ambassade Finlande à Tunis, les autorités tunisiennes « n’assurent pas la sécurité des zones touristiques de manière adéquate ».
Priorité à la sécurité
Pourtant, depuis l’attentat sanglant de Sousse commis par un terroriste islamiste armé de kalachnikov-qui a coûté la vie à 38 personnes dont 30 Britanniques-, les autorités tunisiennes ont fait de la sécurisation du pays et des sites touristiques leur priorité. Le président de la république, Béji Caïd Essensi a décrété l’état d’urgence pour restaurer la sécurité. Depuis l’instauration de l’état d’urgence les forces de sécurité intérieure, l’armée nationale et les services spéciaux ont été mobilisés pour protéger tout touriste qui se trouvait sur le sol tunisien et sécuriser les zones et les circuits touristiques, explique le département des Affaires étrangères de la Tunisie dans un communiqué.
Dans ce document, la Tunisie a déploré l’appel lancé par le Royaume-Uni à ses ressortissants pour quitter la Tunisie qui intervient, « au moment où tous les efforts du pays ont été canalisés pour vaincre le terrorisme, protéger ses citoyens et ses invités et préserver les acquis du processus démocratique ». Les consignes de voyages de ces capitales européennes ont été aussi contestées par les touristes qui sont sur place. Selon le journal britannique The Daily mail, ces touristes affirment qu’ils se sentent en sécurité en Tunisie. Pas suffisant pour endiguer les retombées de ces recommandations.
Craintes des professionnels
Les professionnels de ce secteur vital de l’économie tunisienne redoutent des annulations en cascade. Après l’attaque terroriste de Sousse, certaines agences de voyages travaillant sur la destination tunisienne ont annulé les réservations pour 200 mille personnes, selon le Président de la Fédération tunisienne des agences de voyage, Mohamed Ali Toumi. En Conséquence, le nombre de nuitées en Tunisie a chuté de près de deux millions, a-t-il ajouté.
Pour pallier cette « défection » des touristes européens, les autorités tunisiennes comptent surtout la solidarité des Tunisiens résidents à l’étranger qui représentent plus de 1,2 millions d’individus. Le gouvernement a pris certaines mesures destinées à rendre leurs séjours agréables notamment en ce qui concerne le temps d’attentes dans les ports et les baisses des billets qui atteint 40%. Cette catégorie de touriste est la seule à ne pas être impactée par les derniers attentats. « Les opérations terroristes contre le musée du Bardo et à Sousse n’ont pas eu d’impact sur le nombre de tunisiens de retour à la mère patrie pendant l’été 2015 », estime le PDG de la compagnie tunisienne de navigation (CTN) Ali Belgacem.