Les autorités algériennes, mais aussi celles des autres pays, peinent à avoir de l’information précise de la part des responsables saoudiens sur le nombre de morts enregistrés, jeudi, au cours de la tragédie de la procession du Ramy Al-Jamarat ou rituel de la lapidation de Satan, apprend-on auprès d’officiels algériens. Des sources saoudiennes confirment également l’existence d’un verrouillage de l’information.
Il est encore difficile de connaître le nombre de morts enregistrés au cours de ce désastre. Le dernier bilan officiel communiqué jeudi par les autorités saoudiennes est de 717 morts et plus de 800 blessés.
La cellule de crise mise en place au niveau du ministère algérien des affaires étrangères a révisé à la baisse le bilan provisoire des victimes qui passe de trois à deux morts et six blessés.
Un communiqué du ministère des Affaires Étrangères précise qu’un homme, présumé mort, a été retrouvé vivant. Les seules victimes enregistrées jusqu’à présent sont deux femmes, originaires de Batna.
L’accès à l’information auprès des autorités saoudiennes est pratiquement fermé que ce soit pour la Présidence ou les ministères concernés. La cellule de crise, mise en place jeudi matin au ministère des Affaires étrangères, est très sollicitée par des familles inquiètes voire en état de panique. Plus d’un millier d’appels ont ainsi été enregistrés en 24 heures.
Les Saoudiens sur la défensive et… dépassés
« Les autorités saoudiennes se sont très rapidement mises sur la défensive, affirmant que la cause principale de tous ces morts était principalement liée à l’indiscipline des pèlerins », affirme une source algérienne proche du dossier.
« Les autorités ne veulent pas rester silencieuses devant l’inquiétude générale mais aucune information n’a filtré pour l’instant », précise-t-elle sous couvert d’anonymat.
Sur le terrain, les autorités saoudiennes ont empêché les équipes médicales étrangères d’accéder aux morgues et aux hôpitaux pour éviter que l’information ne filtre, indique une source ministérielle. Seuls les médecins saoudiens peuvent accéder. Les équipes médicales tentent tant bien que mal d’obtenir des renseignements auprès des personnes qui y ont accès.
Une source officielle algérienne a très clairement signifié qu’il n’y aura pas d’informations dans l’immédiat. « Les effectifs saoudiens mobilisés procèdent toujours au ramassage des corps » a indiqué la source saoudienne en précisant « qu’aucune nouvelle information sera transmise d’ici 48 heures ».
A la cellule de crise du MAE on nuance le propos en soulignant que les responsables saoudiens ne sont pas dans une « logique de refus ». « Ils sont tellement dépassés qu’il leur faudra 48 heures pour identifier les corps et communiquer de manière précise ».
Plus de 1000 morts?
Un message peu rassurant. Le nombre de morts risque d’être plus élevé, ce qui expliquerait le verrouillage de l’information. Une source médicale étrangère sur place a indiqué que le nombre des morts pourrait dépasser les 1000.
A l’heure actuelle, sur près de 30.000 Algériens partis au pèlerinage à la Mecque, on compte deux morts, six blessés et dix disparus dans la catastrophe des Jamarat. Une dizaine de pèlerins algériens sont décédés de cause « naturelle » et non dans l’accident de Mina, selon le ministère des Affaires étrangères.
Selon nos sources sur place, les hôpitaux de la Mecque et Djeddah sont submergés, des blessés ont été transférés dans les structures hospitalières de Taëf, ville située à environ 65 km à l’est de la Mecque.
Les autorités saoudiennes qui essuient de vives critiques, cherchent, selon plusieurs sources, à gérer le flux de l’information alors que certains, comme les iraniens, mettent en cause la fermeture inexpliquée d’un chemin emprunté par les hajjis qui accomplissent le rituel de la lapidation de Satan. Une des causes évoquées dans les médias serait le blocage d’une voie d’accès des pèlerins pour permettre le passage d’une délégation.
Article publié dans le Huffington Post Algérie