Le président de la République a nommé ce mercredi Toufik Hakkar à la tête du groupe Sonatrach en remplacement de Kamel-Eddine Chikhi, limogé quelques mois à peine après sa nomination. Un événement qui témoigne de l’instabilité qui règne à la tête de la société publique qui assure l’essentiel des ressources financières du pays.
Avec cette nouvelle nomination, la Sonatrach a eu droit à trois P-DG en l’espace d’une année. Ce qui témoigne d’une instabilité managériale bien plus importante qu’il y a quelques années. En effet, le P-DG limogé, Chikhi, avait remplacé Rachid Hachichi en novembre 2019. Ce dernier avait remplacé fin avril Abdelmoumene Ould Kaddour, qui dirigeait le groupe depuis 2017.
Ainsi, de 2010 à ce jour, Sonatrach a consommé sept P-DG, avec une cadence plus accélérée pour ces derniers mois, en raison des événements qui ont bouleversé la vie politique et économique du pays depuis le 22 février 2019.
Une cadence accélérée
Abdelmoumene Ould Kaddour, qui a pris les commande de la Sonatrach de 2015 à 2017, n’a pas survécu à la chute du régime Bouteflika.
En avril 2019, le chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah avait nommé Rachid Hachichi, jusqu’ici directeur de la division production, à la tête du groupe. Cette nomination a coïncidé avec l’appel adressé par le défunt chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah à la justice, pour la réouverture des enquêtes de corruption, notamment celles relatives à la Sonatrach.
Mais sept mois après sa nomination, Rachid Hachichi a été remplacé par Kamel-Eddine Chikhi en novembre 2019. Cette décision avait coïncidé avec le vote de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Une loi qui a suscité une grande polémique, notamment dans les rangs des animateurs du Hirak.
Mais encore une fois, et dans pas plus de trois mois, voici qu’un nouveau changement est opéré à la tête de la compagnie pétrolière nationale. Un remplacement qui intervient au moment où un débat houleux bat son plein sur l’exploitation du gaz de schiste.
Les argumentes du ministre de l’Energie
Ainsi, le groupe est maintenu dans une situation d’incertitude managériale.
Pour le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, qui s’est exprimé lors de l’installation de Toufik Hakkar, « ces changements sont opérés pour apporter une nouvelle méthode de gestion en adéquation avec la stratégie tracée».
Aussi, cette politique de renouvellement incessant risque d’affecter fortement la confiance des partenaires étrangers. Ces changements managériaux de Sonatrach, risquent de compromettre les négociations entamées avec les firmes étrangères ou même de les voir se retirer de certains contrats. Le ministre a estimé, à ce sujet, que «la confiance existe, vu qu’il n’y a pas eu de grands changements».
Mais Sonatrach, déjà mise à rude épreuve par des scandales de corruption en série depuis des années, se voit encore plus fragilisée. Il s’agit de savoir, à présent combien de temps le tout nouveau P-DG restera en place.