Un important dispositif de sécurité a été mis en place pour séparer les partisans des deux candidats pour leurs derniers meetings, avant le silence électoral précédant le scrutin. Béji Caid Essebsi est venu à la place du 23 janvier prononcer une brève allocution. Moncef Marzouki, très attendus par ses partisans à l’Avenue Bourguiba, a fait défaut.
Le dernier meeting de la campagne électorale de Béji Caid Essebsi à la place du 23 janvier à Tunis n’a duré qu’une vingtaine de minutes. Des milliers de ses partisans se sont rassemblées, drapeaux, affiches et posters à la main. Vers 18 heures, le candidat laïc de Nidae Tounes arrivé, commence ce meeting et qui débute et se termine avec des versets du Coran, en rendant hommage aux martyrs de la révolution, aux habitants du sud qui l’on déclenchée, ainsi qu’aux militants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, assassinés respectivement en février et juillet 2013. Les youyous retentissent lorsque Caid Essebsi rend hommage à la femme tunisienne et la remercie d’accompagner le processus démocratique.
Béji Caïd Essebsi, arrivé en tête du premier tour avec 39,46% des voix, se dit « candidat de tous les tunisiens, de la modernité, du progrès » et lance : « La Tunisie doit se défaire de ceux qui l’ont mise dans une impasse pendant trois années de troïka ». Et de poursuivre : « Le pays a besoin de mettre sur le tapis les questions concrètes et fondamentales de la vie économique et sociale des tunisiens et non pas discuter de la date du naufrage de l’arche de Noé », ironise-t-il, en faisant allusion à son rival, soutenu lors du premier tour par les islamistes d’Ennahda. Le meeting se termine par un concert de musique animé par le l’artiste musicien le plus en vogue actuellement à Tunis, Kafon qui chante une sorte de new reggae en arabe.
La police pour séparer les deux camps
En face, à l’avenue Habib Bourguiba était fermée à la circulation. Un important dispositif de sécurité quadrillait les entrées de ses artères. A quelques centaines de mètres, se dressent depuis trois jours des tentes de campagne du rival Moncef Marzouki, membre du gouvernement de la Troïka et actuel président par intérim. Ses partisans nous invitent à assister au meeting, mais sans pouvoir s’accorder sur le lieu de sa tenue. Cinq adresses différentes nous ont été données, pour nous annoncer finalement son arrivée à la place Bourguiba. Des sources policières nous ont dit qu’il n’y a aucune information officielle sur son arrivée, mais les rumeurs qui circulent ont dépêché des centaines de personnes vers l’Avenue. Les partisans de Marzouki, une centaine de jeunes, chantent et dansent, mais au passage des partisans de Caïd Essebsi, qui chantaient Badjboudj (surnom de BCE) en brandissant sa photo, ils s’enflamment. Des huées, des cris, des slogans évoquant « Marzouki Ould Echaab » (fils du peuple), « Chaab Yourid Marzouki men Djdid » (Le peuple réclame Marzouki de nouveau), allaient envenimer l’atmosphère déjà tendue des deux cotés. Les policiers, les forces anti-émeutes, les motards, intercèdent pour éviter toutes frictions entre les deux camps. Les motards s’infiltrent au milieu de la foule pour pousser les partisans des deux candidats à se séparer. Quelques minutes plus tard, des forces d’intervention, lourdement armées, arrivent sur les lieux et encerclent les deux périmètres. Les partisans de Caid Essebsi ont déserté progressivement les lieux. Quant à ceux de Marzouki, continuent à chanter en attendant leur candidat favori, qui n’arrivera finalement pas.
Demain, c’est la journée du silence électorale qui précède la journée historique pour les tunisiens. Pour la première fois de leur histoire, ils vont élire librement leur président. Hier, le vote des tunisiens de l’étranger a commencé avec l’ouverture du bureau de vote de Cambera en Australie, ou seulement trois personnes ont voté, selon la radio tunisienne Shems FM. Ce vote à l’étranger se terminera lundi soir, avec la fermeture du bureau de vote de San Francisco aux Etats-Unis.