Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a annoncé mercredi dans un discours à la nation au Palais des Congrès que l’armée interviendra désormais pour protéger les sites de production de phosphate, de pétrole et de gaz.
Une réponse musclée à la contestation sociale qui s’est fortement exprimée ces dernières semaines autour des sites de production de pétrole et de phostphate. Le droit constitutionnel à manifester a estimé le président tunisien ne doit pas se faire au détriment de la production notamment du phosphate dont il a estimé le manque à gagner à 5 milliards de dinars tunisiens.
« Avec l’aval du Conseil National de Sécurité, on a décidé qu’à partir d’aujourd’hui ce sera à l’armée tunisienne de protéger ses ressources stratégiques » a-t-il déclaré en estimant que la loi n’était pas appliquée en Tunisie pour protéger les droits de l’Etat.
« Les protestataires ont le droit de revendiquer et de s’exprimer mais pas d’arrêter le travail et les sites de production » a-t-il ajouté en estimant que la mesure de faire intervenir l’armée était grave mais nécessaire.
«Je tiens à mettre en garde que l’armée sera ferme dans sa mission » a-t-il indiqué en ajoutant que ceux qui organisent un sit-in à El Kamour peuvent le faire le temps qu’ils voudront mais que leurs revendications sont impossibles à réaliser.
Pour rappel, les protestataires du sit-in d’El Kamour (champ pétrolifère à 120 km de la ville de Tataouine) réclament la création de 1500 postes d’emploi dans les sociétés pétrolières, la création de 3000 postes dans la société d’environnement et jardinage et l’attribution de 100 millions de dinars au profit du Fond du développement de la région.
Le processus démocratique est menacé
Même si ceux qui organisent des sit-in à El Kamour « sont dans leur droit, on ne peut pas applaudir leur action. Il est inadmissible de bloquer les routes et la production » a estimé le président tunisien. Le chef de l’Etat tunisien a annoncé par ailleurs une restructuration du ministère de l’intérieur et a rappelé que le pays menait une guerre contre le terrorisme. «
Le chef de l’Etat tunisien a estimé que les contestations des décisions des institutions légitimes dans la rue constituaient une menace sérieuse contre le processus démocratique. Le respect de l’Etat de droit est un préalable pour la démocratie, a-t-il martelé.
« Lorsque des lois sont votées devant l’assemblée, et que des gens descendent dans les rues pour contester et appeler à la désobéissance civile. Je n’accepte pas qu’on ait plus confiance dans le pouvoir législatif, la démarche démocratique est menacée » a-t-il indiqué en refusant les appels à la tenue des élections législatives anticipées et à la remise en cause de à l’Accord de Carthage.
« Ceux qui appellent à la démission du gouvernement, à des élections législatives anticipées, à déchirer l’accord de Carthage, je vous dis ne comptez pas sur moi pour le faire » a-t-il affirmé, appelant à l’unité nationale.