Dans son discours du 10 mai dernier, le président Béji Caïd Essebsi avait affirmé qu’il ne sera plus permis « de barrer les routes » ou d’« interrompre la production ». Anticipant les craintes d’une légalisation de l’intervention militaire contre des mouvements de protestation, le ministre de la Défense Farhat Horchani a rappelé hier, devant les députés, qu’il n’appartenait pas à l’armée « d’entrer en confrontation avec les protestataires ou de faire usage de la force, sauf dans des cas extrêmes où la sécurité de ses membres ou des installations est menacée ».
Le ministre de la Défense tunisien, rapporte Tunis Afrique Presse (TAP), a annoncé hier la formation d’une commission interne chargée d’élaborer un projet de décret définissant les champs d’intervention de l’armée nationale dans les domaines civils, notamment pour ce qui concerne la protection des installations et sites de production.
Farhat Horchani, précise TAP, a fait cette annonce lors de son audition par la Commission parlementaire de la sécurité et de la défense. 60 installations vitales, dont 30 installations pétrolières et gazières, sont déjà sous protection militaire, a-t-il expliqué aux membres de cette commission.
Pour rappel, dans un discours prononcé le 10 mai dernier le chef de l’Etat tunisien Béji Caïd Essebsi avait annoncé que l’armée sera bientôt chargée de la protection des sites de production. Il avait même indiqué explicitement que l’objectif derrière de telles nouvelles mesures était, entre autres, d’empêcher « l’interruption de la production ». Or, comme l’a souligné Farhat Horchani devant les parlementaires, l’attribution à l’armée de ces missions de protection nécessite encadrement juridique « définissant les champs (de son) intervention et dressant une liste des zones et des sites à sécuriser ».
Des craintes d’utilisation de l’armée contre les mouvements de protestation
Dans son discours du 10 mai dernier Béji Caïd Essebsi avait aussi affirmé, en évoquant les nouvelles missions de l’armée, qu’il ne sera plus permis « de barrer les routes ». Anticipant les craintes que le décret en préparation n’autorise l’intervention des militaires contre des mouvements de protestation, le ministre de la Défense tunisien a rappelé que « l’’armée tunisienne est une armée républicaine » et que « sa mission est la sécurisation des sites vitaux ». De ce point de vue, a-t-il ajouté devant la commission défense et sécurité de l’Assemblée, « il ne lui appartient pas d’entrer en confrontation avec les protestataires ou de faire usage de la force, sauf dans des cas extrêmes où la sécurité de ses membres ou des installations placées sous sa protection est menacée ».