Selon Walid Ben Salah, les rémunérations représenteraient ainsi 15,5% du PIB en 2017, alors que le gouvernement a pris l’engagement ferme avec le FMI de ramener la masse salariale à moins de 14% du PIB, d’où l’accord conclu avec l’UGTT de ne servir que 50% de l’augmentation convenue et sous un artifice de crédit d’impôt, a rappelé l’expert.
L’augmentation des rémunérations publiques risque de compromettre la confiance avec les institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international (FMI). C’est l’inquiétude de l’expert-comptable Walid Ben Salah, dans une entrevue accordée, mercredi 19 juillet, à l’agence TAP.
Ben Salah précise que “selon les statistiques publiées par le ministère des Finances, au 30 avril 2017, les rémunérations publiques ont atteint 5.380 millions de dinars (MDT). Elles seraient de l’ordre de 14.500 MDT à la fin de l’année, pour un budget de 13.700 MD prévu pour cette rubrique.
Non respect des clauses avec le FMI
Ces rémunérations représenteraient ainsi 15,5% du PIB en 2017, alors que le gouvernement a pris l’engagement ferme avec le FMI de ramener la masse salariale à moins de 14% du PIB, d’où l’accord conclu avec l’UGTT de ne servir que 50% de l’augmentation convenue et sous un artifice de crédit d’impôt, a rappelé l’expert.
“Malgré ces acrobaties, l’engagement de l’Etat ne sera pas respecté, ce qui aurait des conséquences désastreuses sur la confiance jusque là établie avec les institutions financières internationales et serait probablement un prétexte pour reporter, encore une fois après la mauvaise expérience de 2016, le déblocage de la prochaine tranche du crédit du FMI prévue pour le 4ème trimestre 2017”, déplore-t-il.
Manipulation des comptes publics
L’artifice de crédit d’impôt qui consiste à ne servir que 50% des augmentations salariales prévues pour l’année 2017, conformément à la loi de finances 2017, constitue en quelque sorte une manipulation des comptes publics en vue de maintenir une masse salariale de 13.700 MDT, soit 13,9% du PIB en vue de respecter la limite de 14% imposé par le FMI, a indiqué Ben Salah, ajoutant que cet artifice a été fortement contesté par le FMI après son adoption à la dernière minute.
Le problème est que la masse salariale, tenant compte de cette mesure, a été elle-même mal estimée. C’est la raison pour laquelle on a largement dépassé les prévisions établies à fin avril 2017, et ce sera également le cas pour le reste de l’année.
Le dépassement est de l’ordre de 800 MDT ou 6%, ce qui est énorme surtout pour une telle rubrique où les réalisations coïncident, habituellement, avec les prévisions, a estimé l’expert, ajoutant que l’objectif de croissance de 2,5% prévu par le budget 2017 ne sera fort probablement pas atteint compte tenu des réalisations du premier semestre.
L’effet ciseaux de ces deux paramètres serait à l’origine du non respect de l’engagement pris avec le FMI “puisque la masse salariale serait largement en dessus du plafond de 14%”, s’inquiète-t-il.
Impératif de geler les recrutements
Pour sortir de cette spirale, l’expert-comptable recommande d’agir sur l’origine des dérapages en procédant à “un gel des recrutements, un report des négociations et un redéploiement des effectifs dans les administrations en sous-effectif et surtout dans les institutions, instances et directions de contrôle pouvant drainer des recettes supplémentaires pour l’Etat (contrôle fiscal, police fiscale, douane, contrôle économique, BCT, contrôle général des finances, contrôle budgétaire, etc.),et ce moyennant une formation adaptée rapide.
Il s’agit en outre “de revoir les conditions imposées par le FMI vers plus de souplesse, notamment en matière d’objectifs et de délais de réalisation des réformes et surtout une délimitation des responsabilités à tous les niveaux”, a-t-il encore fait savoir.