« L’investissement dans le secteur de l’Internet des Objets ou « Internet of Things » (IOT), peut aider à créer des investissements, des entreprises et des richesses pour la Tunisie, estime Hatem Ben Salem, directeur de l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES).
Le ministère des Technologies de la Communication et de l’Information et de l’Economie Numérique va lancer, cette année, un appel d’offres pour l’attribution de 15 licences à des opérateurs (téléphoniques) ou des entrepreneurs de services disposant de business modèles importants pour développer des projets et des services d’Internet des Objets (IOT).
L’IOT, qui semble un concept complexe, consiste à doter des objets qui nous entourent (appareils éléctroménagers, montres, télécommandes…), d’une capacité à communiquer, traiter des informations, prendre des décisions, envoyer des informations et des commandes. C’est tout simplement, rendre ces objets « intelligents », connectés et capables d’opérer de manière autonome et sans intervention humaine dans leurs échanges.
D’une façon plus concrète, l’Internet des Objets ou le Web des Objets, peut servir en Tunisie dans le domaine agricole pour réaliser des gains en temps et en productivité, ont indiqué des intervenants à cette rencontre. Par exemple, pour un hectare de culture céréalière qui produit le 1/3 de sa capacité, on peut introduire des « machines » ou des objets « intelligents » qui favorisent la rationalisation de l’énergie, l’optimisation de l’irrigation pour faire face au stresse hydrique, l’identification des maladies phytosanitaires ou encore la mise en place de capteurs de basse fréquence sur la terre pour avoir des informations sur le taux d’humidité et la température pour réussir le dosage et le temps de l’irrigation. Ceci peut aider à développer une agriculture intelligente, moins coûteuse et peu exposée aux risques.
S’exprimant lors d’un séminaire organisé par l’ITES et la Fondation Konrad-Adenauer Stiftung, mercredi, sur « l’Internet des Objets, quels enjeux pour la Tunisie » ?, Ben Salem a fait remarquer que des dizaines d’entreprises tunisiennes, notamment, des startups travaillent déjà dans cette activité de l’IOT, mais juste pour l’exportation dans le cadre de la sous-traitance pour le compte d’entreprises internationales. Ces entreprises devront se retourner vers le marché tunisien et y exercer, a-t-il dit.
Selon lui, il faut préparer le terrain à cette activité en mettant en place un cadre juridique favorisant la liberté de l’innovation, car le Web des objets peut servir aussi dans plusieurs secteurs tels que l’éducation, l’agriculture, l’industrie, le commerce, la gestion…
Dans le monde, le flux d’investissement dans l’Internet des Objets est estimé à 1500 milliards de dollars et à l’horizon de 2020, 50 milliards d’objets dans le monde, dont 250 millions de voitures seront connectés grâce à cette nouvelle technologie.
Selon le conseiller du ministre des Technologies de la Communication et de l’Information et de l’Economie Numérique Marwen Ben Said , d’ici 2020, le numérique va jouer un rôle primordial dans la transformation de la Tunisie. Par ailleurs, la stratégie de l’économie numérique en Tunisie « Tunisie Digitale 2020 » favorise cette orientation. Le monde des affaires doit suivre cette tendance, a laissé entendre Ben Said, qui recommande l’organisation d’un débat national sur ce sujet pour une prise de conscience collective.
Côté loi, il a rappelé que le nouveau code du numérique qui devra être adopté avant la fin de cette année ne va pas toucher seulement le secteur des télécommunications et des fournisseurs d’accès Internet, mais tous les autres secteurs et même les Startups pour donner plus de marge de manœuvre aux entrepreneurs tunisiens et inciter davantage à l’innovation.
L’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) et la Fondation Konrad Adenauer Stiftung ont signé, à cette occasion, un accord de coopération.