Selon un spécialiste tunisien de l’économie des services, si l’Open Sky peut gonfler considérablement les flux touristiques, il peut aussi avoir des conséquences fâcheuses pour les compagnies nationales de transport aérien, et ce, si des compagnies low cost s’imposent sur les lignes indirectes de transport de touristes hors-Union européenne.
L’ouverture du ciel tunisien à la concurrence étrangère (Open Sky) est de nature à bouleverser les règles du jeu dans le transport aérien, un secteur-clé de l’économie tunisienne en tant que pourvoyeur d’emplois et facteur déterminant de la compétitivité d’autres secteurs qui y sont fortement reliés, notamment le tourisme. C’est ce qu’affirme Nizar Jouini, spécialiste tunisien de l’économie des services, dans une tribune publiée par le magazine électronique Leaders.
Selon cet universitaire, l’Open Sky génèrera un « effet direct » pour la Tunisie en termes de flux additionnels de touristes européens de l’ordre de 110%, flux consécutifs à une réduction des 70% des barrières existant avec les partenaires actuels. L’ouverture du ciel avec l’Europe aura également, explique-t-il, un « effet indirect » en ce qu’elle permettrait d’attirer 145% de touristes additionnels hors Union européenne (UE), qui choisiraient de faire escale en Europe pour venir en Tunisie. Cet effet indirect, qui concernerait au moins 1. 750 000 touristes, soit 25% des touristes affluant en Tunisie en 2010, traduit, pour Nizar Jouini, l’interdépendance entre la signature d’accords sur l’Open Sky avec l’Europe et les accords avec les pays hors Union européenne.
Cependant, si l’Open Sky peut améliorer les flux touristiques, il peut aussi avoir des conséquences fâcheuses pour les compagnies tunisiennes de transport aérien, et ce, « si les compagnies low cost s’imposent sur les lignes indirectes de transport de touristes de pays hors-UE via l’Europe.
La perspective de l’Open Sky suscite des préoccupations chez les décideurs tunisiens qui redoutent ses effets négatifs sur les compagnies tunisiennes de transport aérien, notamment la plus grande d’entre elles, Tunisair. Ces compagnies devront, en effet, affronter des compagnies low cost « possédant l’expérience, le know-how et le capital nécessaire pour attirer une part significative du marché », pour reprendre les mots de Nizar Jouni.