Le gouvernement tunisien compte proposer prochainement à l’UGTT une révision à la hausse des salaires, en particulier dans la fonction publique et pour les enseignants du secondaire. La Confédération générale tunisienne du travail (CGTT) dénonce sa marginalisation dans ces négociations.
Selon le ministre des affaires sociales Ahmed Ammar Youmbai, le gouvernement compte proposer, dans le cadre des négociations sociales, « une augmentation générale dans la fonction publique au titre de 2014 ». Il a précisé, dans une déclaration à l’agence TAP, que cette augmentation profitera également « aux enseignants du secondaire ». En outre, le gouvernement Essid est disposé « à entamer les négociations sectorielles pour l’année 2015 et 2016 sitôt achevées les négociations actuellement en cours ». Cette proposition est par ailleurs au menu d’une rencontre ce vendredi entre le gouvernement les représentants de l’Union générale Tunisienne du travail (UGTT).
Pour autant, le ministre tunisien a averti que les négociations entre els deux partenaires sociaux tiendront compte « de la situation économique du pays », mais a rappelé « l’engagement du gouvernement à respecter tous les accords conclus par les gouvernements qui se sont succédé après la révolution » de 2011. La dernière révision des salaires en Tunisie a eu lieu en mai 2014, avec l’augmentation du SMIG. Ahmed Ammar Youmbai, alors ministre des affaires sociales dans le gouvernement provisoire de Mehdi Jomaa, avait a annoncé une augmentation de 11%, à partir du 1er mai 2014, des salaires minimums garantis au profit d’environ 900.000 employés du secteur privé, dont 280.000 ouvriers et 613.000 retraités.
Appel au respect des recommandations de l’OIT
Le revenu mensuel moyen par habitant en Tunisie s’élève à 346 dollars, soit 4.150 dollars par habitant et par an. En 2012, le salaire (annuel) moyen en Tunisie était de 6535,4 DT. Pour autant, le dialogue social sur les salaires entre le gouvernement Essid et l’UGTT n’est pas du goût de la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), qui dénonce sa marginalisation de ces négociations. Le SG de la CGTT Habib Guiza, qui a dénoncé cette « exclusion des négociations sociales sur les majorations salariales » dans la fonction publique et le secteur public, a estimé qu’il s’agit « d’une violation flagrante » des dispositions des articles 35 et 36 de la Constitution, ainsi que de l’article 38 du code de travail relatif aux négociations collectives, à la liberté syndicale et au pluralisme syndical. Le SG de la CGTT a appelé le chef du gouvernement à définir les critères de représentativité syndicale de manière objective en associant toutes les organisations syndicales reconnues sans exclusion et conformément aux recommandations de l’organisation internationale du travail (OIT) dans son rapport publié en décembre 2013, mettant l’accent également sur « la nécessité de respecter le pluralisme syndical ». Habib Guiza a en outre appelé le chef du gouvernement à associer son organisation « aux négociations sociales » sur les salaires.