Jusqu’au 31 décembre dernier, le nombre total d’experts tunisiens exerçant à l’étranger s’élevait à 17.701, dont près de 14.000 travaillaient dans des pays du Golfe.
Sept ans après le soulèvement populaire de 2011, le secteur de l’emploi en Tunisie se heurte à trois problèmes majeurs, à savoir le taux de chômage alarmant chez les diplômés de l’enseignement supérieur, le grand nombre de femmes parmi les diplômés demandeurs d’emploi et la disparité du chômage entre les régions.
« Le dernier bilan en date en matière d’emploi et d’employabilité en Tunisie fait état d’un taux de chômage de l’ordre de 15,3% de la population active, l’équivalent de 628.000 chômeurs », dont 40% de diplômés de l’enseignement supérieur, parmi lesquels 40,6% sont des femmes, a révélé le ministre tunisien de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Faouzi Abderrahmane, dans une interview exclusive accordée à Xinhua.
« On peut constater que neuf provinces du pays affichent des taux de chômage inférieurs à 12% alors que d’autres enregistrent des taux au-delà de 30% », a précisé M. Abderrahmane.
Au niveau des diplômés de l’enseignement supérieur, le taux de chômage le plus élevé affecte la filiale des sciences exactes (83.200 chômeurs), suivie par celle des techniciens supérieurs (58.900 chômeurs) et celle du droit, de l’économie et de la gestion (44.600 chômeurs).
Le budget de l’Etat tunisien attribué au ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi pour 2018 tourne autour de 700 millions de dinars (environ 291 millions de dollars), dont la quasi-majorité sera injectée dans des projets générateurs d’emplois.
La Tunisie dispose de deux fonds principaux, à savoir un fonds pour l’emploi, financé par l’Etat à 300 millions de dinars (environ 125 millions de dollars) et un second pour la formation professionnelle à environ 50 millions de dinars (environ 21 millions de dollars) à travers lesquels toutes les actions, programmes et investissements passent, a fait savoir le ministre tunisien.
« Cette stratégie oscille autour de trois axes majeurs, à savoir la création d’emplois dans le secteur privé, l’adéquation entre offres et demandes dans le marché de l’emploi, ainsi que la création d’entreprises et l’entrepreneuriat », a souligné M. Abderrahmane.
Il a précisé que son ministère était en train de travailler sur l’accompagnement des entreprises pour la création d’emplois, sachant qu’une croissance de 1% est capable de générer 16.000 emplois dans le modèle de développement actuel, dont la croissance est estimée à 3%. Cela permettra d’absorber les besoins additionnels de la Tunisie, soit en moyenne 45.000 nouveaux demandeurs d’emploi par an.
Le gouvernement tunisien cherche également à équilibrer le rapport offre-demande dans le secteur de l’emploi à travers des instruments et programmes spécifiques tels que les « politiques actives de l’emploi », qui servent annuellement environ 80.000 bénéficiaires.
En outre, pas moins de 40 projets de coopération internationale sont sur la table, dont le plus récent, en attente d’approbation parlementaire et d’un coût estimé de 60 millions de dollars sur six ans, consistera à faire sortir de la pauvreté extrême de nombreuses familles, créera 2.200 entreprises, accompagnera 250 sociétés déjà existantes et 250 associations, et formera 10.000 jeunes défavorisés, a souligné le ministre tunisien.
Face à une conjoncture sociale inquiétante, en particulier la lenteur de la reprise de l’économie nationale, la jeunesse tunisienne ne cesse d’afficher son mécontentement à l’égard des différents programmes initiés par l’Etat tunisien.
Les autorités tunisiennes ont ainsi eu recours à la coopération technique avec l’étranger dans une tentative d’amortir au maximum l’onde de choc et d’ouvrir des horizons pour ces jeunes au-delà des frontières du pays.
Selon le ministre tunisien, jusqu’au 31 décembre dernier, le nombre total d’experts tunisiens exerçant à l’étranger s’élevait à 17.701, dont près de 14.000 travaillaient dans des pays du Golfe.
Les possibilités de coopération avec la Chine en matière d’emploi et d’employabilité des jeunes sont multiples et assez importantes, a assuré M. Abderrahmane.
« Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup de choses à apprendre de l’expérience chinoise, » a-t-il insisté, ajoutant que la coopération entre son pays et la Chine peut se développer bien évidemment dans les domaines de l’entrepreneuriat, des sciences et technologies et des échanges commerciaux.
Selon lui, les dirigeants chinois ont tendance à vouloir une vraie politique africaine et, dans le cas de la Tunisie, « une planification adéquate aux intérêts et besoins des deux pays en plus d’une visibilité stratégique sur cette collaboration bilatérale ».