Plus encore, 55% des entrepreneures interrogées ont cité les retards administratifs comme un obstacle à leurs activités entrepreneuriales.
L’accès au financement, la bureaucratie, le manque d’accompagnement, le sexisme et les contraintes familiales sont les principaux obstacles au développement des projets d’entrepreneuriat pour les femmes, selon les résultats d’un questionnaire réalisé auprès de 160 femmes entrepreneurs ou porteuses d’idées de projet, par « Aventures d’entrepreneurs » (AE), un projet de plaidoyer conçu et mis en œuvre par le Réseau Entreprendre Tunisie (RET) et Cogite coworking space.
L’objectif de ce sondage (mars-avril 2017), est de connaître les vrais challenges rencontrés par les femmes entrepreneures, sachant qu’elles représentant seulement, 10% de la population d’entrepreneurs en Tunisie.
D’après le questionnaire, le manque de financement et la prise de risque financière constitue un obstacle majeur au développement des projets d’entrepreneuriat. En effet, 68% des femmes entrepreneures n’avaient pas les fonds dont elles avaient besoin pour démarrer leurs entreprises. Comme les femmes n’ont généralement pas de propriétés en leurs noms, elles n’ont pas de garanties réelles à présenter pour bénéficier d’un prêt. Ajoutons à cela, la complexité et de la lenteur des procédures bancaires, il s’agit là de bonnes raisons pour dissuader un bon nombre de femmes de se lancer dans un projet entrepreneurial.
Plus encore, 55% des entrepreneures interrogées ont cité les retards administratifs comme un obstacle à leurs activités entrepreneuriales. Les femmes entrepreneurs sont en outre, confrontées au manque d’accompagnement, puisque 75% de celles interrogées n’ont pas eu l’opportunité ni la possibilité de bénéficier d’un accompagnement dans la création de leurs entreprises. Le pire, c’est que 59,4% des femmes entrepreneures ont été victimes de discrimination lors des étapes de montage de leurs projets, surtout dans le centre-ouest de la Tunisie.
Concernant le projet proprement dit, 16% des femmes interviewées témoignent qu’elles manquent de compétences pour bien gérer leurs entreprises. Ces cheffes d’entreprises sont confrontées à de nombreuses difficultés en ce qui concerne la gestion du personnel et la commercialisation des produits et font face à une certaine méfiance parfois, de la part de leurs clients.
Evoquant les contraintes familiales, le sondage a révélé qu’en Tunisie, le problème majeur des femmes entrepreneures est la gestion à la fois de leurs entreprises et de leurs familles, avec peu d’aide de la part de leurs conjoints.
Les femmes interrogées ont indiqué que « le fait de trouver l’équilibre adéquat entre le travail et la famille demeure un véritable défi pour les femmes de nos jours, bien qu’il existe des success stories de femmes d’affaires qui sont en même temps des mères ».
La réalité de la grossesse, l’accouchement et les soins aux nourrissons affectent considérablement les femmes, ce qui n’est pas le cas pour les hommes. Ces contraintes sont aussi plus accentuées si les maris ne sont pas favorables au travail de leur femme.
Certaines femmes entrepreneures se trouvent également, face à un manque de légitimité. Selon le sondage, environ 11% des femmes interrogées manifestent une crainte d’un manque de légitimité. Pour des raisons culturelles, une dirigeante femme se trouve plus facilement face à la question fondamentale de sa légitimité.