Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a considéré que le projet de la loi des finances 2016 n’est pas à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté dans une conjoncture économique caractérisée par la récession.
Le président du département des études au FTDES Abdejellil Bedoui a présenté, au cours d’une conférence de presse, tenue lundi, à Tunis, une lecture critique du projet de ladite loi.
Cette critique a été axée sur trois thèmes, à savoir la méthodologie et les objectifs, les équilibres financiers et enfin les réformes fiscales proposées.
Bedoui a mis en doute la réalisation d’un taux de croissance de 2,5% comme il est prévu dans le projet de la loi des finances de 2016, dans une conjoncture économique difficile et précaire, laquelle s’aggravera en 2017, l’année de paiement des dettes extérieures obtenues par la Tunisie, au cours de la période post révolution (17 décembre 2010-14 janvier 2011).
Il a fait remarquer que le service de la dette augmentera de 5 milliards de dinars en 2015 pour s’établir à environ 8 milliards de dinars en 2017, soulignant que le projet de la loi des finances 2016 devrait préparer le cadre et les conditions adéquates de remboursement de la dette extérieure.
Le taux de croissance à atteindre au cours de l’année prochaine ne permettra pas de réaliser les équilibres réels au niveau de l’emploi et l’équité entre les régions, a-t-il affirmé, critiquant la modestie du volume des dépenses de développement.
La méthodologie adoptée pour réaliser le taux de croissance escompté, revêt un caractère d’austérité, qui est perceptible, d’après Bedoui, à travers le faible taux d’investissement public.
Le membre du FTDS a relevé que la réalisation d’un tel taux de croissance (2,5%) paraît difficile surtout que les hypothèses préconisées peuvent varier, tels que le prix de change du dollar (1,079 dinar), expliquant que toutes les analyses économiques prévoient le recours de la Réserve fédérale des Etats unis d’Amérique (FED) à l’augmentation des taux d’intérêt, ce qui est à même de déprécier le change du dinar contre le dollar.
Il a parlé également des conséquences de la régression de l’euro sur les exportations tunisiennes.
Concernant l’hypothèse relative à la fixation du prix du baril de pétrole dans la limite de 55 dollars, Bedoui a prévu la poursuite de la tendance baissière des prix internationaux, ce qui réduira relativement la pression financière sur le budget d’une part, précisant qu’en cas de changement des hypothèses, il sera convenu de l’élaboration d’une loi des finances complémentaire, ce qui perturbera l’administration fiscale et la rendre incapable de se concentrer sur les réformes réelles.
Evoquant les équilibres financiers, Bédoui a souligné que les ressources du budget seront à nouveau founies par les salariés, indiquant que le taux de contribution de ces derniers aux impôts directs atteindra l’année prochaine 47,8% contre 45,7% en 2015 et près de 40% en 2014.
Il a, en outre, fait savoir que l’impôt sur le revenu sera également supporté par les salariés à hauteur de près de 79% prévus l’année prochaine.
Il s’est dit étonné de voir les salariés s’acquitter d’impôts élevés pendant l’année de récession économique, critiquant l’absence d’une répartition équitable des impôts dans la loi de finances 2016.
S’agissant des réformes fiscale et douanière proposées, Abdjellil Bédoui a fait remarquer qu’elles ne suffisent pas, à elles seules, à lutter contre la contrebande.
Il y a lieu, a-t-il précisé, de mettre l’accent sur le contrôle et de prendre des mesures sévères pour réprimer ceux qu’il a qualifiés de barons de la contrebande et les obliger à payer les impôts.