Les réformes démocratiques en Tunisie sont menacées par le recours, au nom de la lutte contre le terrorisme, aux « méthodes brutales du passé » estime Amnesty International dans un rapport publié lundi Intitulé « Nous ne voulons plus avoir peur – Tunisie. Violations des droits humains sous l’état d’urgence ».
Ces méthodes brutales portent sur la « torture, les arrestations arbitraires, les détentions et la restriction des déplacements des suspects, ainsi que le harcèlement de leurs proches » qui étaient pratiqués sous le régime de Ben Ali.
Selon l’ONG, à la suite des attaques armées qui ont secoué la Tunisie, les autorités ont renforcé les « mesures sécuritaires » et multiplié les « lois d’exception » dont beaucoup sont en « contradiction avec les obligations relatives aux droits humains. Pour Amnesty International, les forces de sécurité appliquent « souvent ces mesures d’une manière arbitraire, répressive et discriminatoire ».
« Ces abus risquent de mettre en péril les avancées obtenues depuis six ans » note Amnesty qui souligne que les Tunisiens jouissent « d’une plus grande liberté d’expression, de réunion et d’association, droits que garantit la Constitution de 2014. »
« Des récits glaçants »
Pour l’ONG, il est légitime que les autorités luttes contre les « menaces à la sécurité » et ont le devoir » de protéger la population contre les attaques meurtrières ».
Elles « peuvent le faire tout en respectant les protections relatives aux droits humains inscrites dans la Constitution tunisienne et le droit international, et en garantissant l’obligation de rendre des comptes pour les violations imputables à des membres des forces de sécurité », a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Donner toute latitude aux organes chargés de la sécurité pour se comporter comme s’ils étaient au-dessus des lois ne permettra pas de garantir la sécurité. «
Le rapport fait état de « récits glaçants » qui témoignent d’une « augmentation inquiétante du recours à des méthodes répressives contre les suspects dans les affaires de terrorisme depuis deux ans – sinistre rappel du régime de l’ancien président Zine el Abidine Ben Ali. »
Amnesty a documenté « 23 cas de torture et d’autres mauvais traitements infligés depuis janvier 2015 par des membres de la police, de la Garde nationale et des brigades antiterroristes, et revient sur les actes de harcèlement et d’intimidation subis par les victimes après leur libération. »
Le rapport expose deux cas de violences sexuelles, dont un viol, qui se sont déroulés au poste de police de Ben Guerdane en mars 2016 et à la prison de Mornaguia en janvier 2015.