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Tunisie – Un sixième anniversaire de la révolution marqué par des protestations sociales

Par Maghreb Émergent
janvier 13, 2017
Tunisie – Un sixième anniversaire de la révolution marqué par des protestations sociales

Plusieurs provinces tunisiennes connaissent un début d’année dans la tension, avec des manifestations contre le manque de développement, l’injustice sociale faute de centralisation administrative et surtout une défaillance de gestion des dossiers liés à l’activité économique à l’intérieur du pays.

Cette vague de manifestations, marquée par des heurts avec les forces de l’ordre, est née principalement à Kasserine (centre-ouest) et à Meknassi, l’une des communes les plus « chaudes » de la province de Sidi Bouzid (centre), ainsi qu’à Ben Guerdane (sud-est) dans la province de Médenine, près de la frontière avec la Libye.
De plus, ces mouvements sociaux interviennent à la veille de la célébration du sixième anniversaire du soulèvement populaire du 14 janvier 2011 qui a chassé Zine el-Abidine ben Ali.
« Ces mouvements sont légitimes », a reconnu jeudi le chef du gouvernement d’union nationale, Youssef Chahed. L’Etat a « pleine conscience de la délicatesse de la situation et suit de près l’état des lieux afin d’aboutir à des solutions », a-t-il ajouté.
Dans une déclaration à la presse tunisienne, M. Chahed a assuré que « tant que les protestations concernent des revendications pour l’emploi et le développement, ça demeure compréhensible et la réaction de l’Etat sera positive ».
Dans l’extrême sud du pays, à Ben Guerdane, où la contrebande et les échanges commerciaux avec la Libye demeurent les principales sources de revenu, les habitants ont appelé à la grève générale, voire à la désobéissance après avoir été soutenus par la société civile et l’antenne régionale de la puissante centrale ouvrière, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
M. Chahed a reconnu l’existence du problème à Ben Guerdane, tout en assurant que des négociations sont en cours avec le ministère libyen des Affaires étrangères.
A Meknassi, une grève générale a été suivie jeudi au nom de l’emploi, du développement, de l’amélioration des conditions de vie ainsi que du départ du gouverneur de la province, jugé incapable de faire le « pont » entre l’administration et les aspirations des citoyens. Des manifestants ont affirmé que parmi les « étincelles » ayant déclenché ces protestations figure le fait que des lauréats d’un concours public n’ont pas été encore recrutés jusqu’à présent.
Vers la frontière algérienne, à Kasserine, de violentes émeutes, la plupart nocturnes, ont été enregistrées tout au long de la semaine où des manifestants se sont même emparés du véhicule personnel du délégué de Sbeitla, le premier responsable administratif de cette commune.
Après avoir dispersé les foules sans pour autant recourir à une force excessive, les forces de l’ordre ont réussi à atténuer la tension tout en condamnant des réseaux de trafic de drogue en les accusant d’avoir nourri ces agitations sociales.
Les mêmes revendications sociales qu’ailleurs ont été entendues à Kasserine dans la mesure où, selon certains analystes, ces zones demeurent les plus démunies, voire les plus « écartées » des plans gouvernementaux de développement régional.
En effet, un récent rapport du ministère des Affaires sociales indique que le nombre de jours perdus suite aux grèves a atteint en novembre dernier un pic avec une hausse de 513% par rapport au mois précédent et de 40% par rapport à novembre 2015.
De plus, le nombre de jours perdus suite à des grèves dans le secteur privé a atteint, jusqu’à novembre dernier, 36.886 jours contre 26.361 jours au même mois de 2015, selon des chiffres actualisés du ministère. Pas moins de 84% de l’ensemble des grèves ont affecté le secteur privé, selon la même source.
Pour faire face à cette vague de protestations qui ne cesse de croître, le gouvernement Chahed cherche actuellement à trouver des solutions via une communication directe avec les manifestants, tout en recherchant des partenariats de financement avec des instances mondiales.
Tout récemment, le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Imed Hammami, a annoncé le lancement d’un programme national pour l’intégration des jeunes chômeurs issus des catégories sociales défavorisées.
Prévu dans le cadre d’une coopération avec la Banque mondiale, ce programme nécessitera un financement d’environ 132 millions de dinars (57,3 millions de dollars) d’autant qu’il concernera sept provinces du pays, dont Kasserine, d’après M. Hammami.
Le gouvernement d’union nationale entend être capable de bien gérer cette situation d’incertitude socio-économique en traitant les dossiers au cas par cas dans les provinces marginalisées bien que, pour certains observateurs tunisiens, la bonne gestion de la situation dans les zones frontalières, surtout dans le sud-est, demeure la pièce maîtresse de l’apaisement des tensions.

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