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Tunisie – Youcef Chahed limoge deux ministres (finances et éducation) très critiqués par l’UGTT

Par Saïd Djaafer
mai 1, 2017
Tunisie – Youcef Chahed limoge deux ministres (finances et éducation) très critiqués par l’UGTT

 

A la veille d’un premier mai largement marqué par la montée des luttes sociales en Tunisie, le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed a «démis de leurs fonctions » les ministres de l’Education, Neji Jalloul, et des Finances, Lamia Zribi. Une volonté d’apaiser le syndicat UGTT…

 

 L’agence TAP qui ne fournit aucune explication sur les raisons de ce limogeage précise que Slim Khalbouss a été nommé ministre de l’Education par intérim et Fadhel Abdelkafi, ministre des Finances par intérim.

 Fadhel Abdelkafi détient déjà le poste de ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et Slim Khalbous celui de  l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. 

Si aucune explication officielle n’a été donnée sur ce limogeage, il est de notoriété publique que les deux ministres étaient particulièrement impopulaires auprès des syndicats. Le ministre de l’éducation était depuis des mois la cible de critique de la part de l’UGTT qui réclamait son départ.

Lamia Zribi et des propos malencontreux sur le dinar

Youcef Chahed qui avait démis le 25 février dernier de ses fonctions le ministre de la fonction publique et de la gouvernance Abid Briki (issu de l’UGTT) en prenant le risque de casser le «pacte de Carthage » avait résisté à cette exigence. Il vient de céder à la veille du 1er mai, dans une geste en direction du puissant syndicat.

 Lamia Zribi a suscité une vive polémique après une interview où elle a estimé que le glissement de la valeur du dinar est lié à la la situation économique et au déficit commercial. « La rareté de la devise a un lien avec cette dévaluation. La Banque centrale n’est aujourd’hui plus en mesure d’intervenir pour redresser notre monnaie. Cela provoquera ultérieurement une baisse de sa valeur par rapport aux devises étrangères ».

 La ministre qui a dénoncé  par la suite une campagne de dénigrement. Elle a assuré qu’elle n’a jamais parlé de dévaluation et que ses propos ont été déformés.  Elle a assuré par la suite avoir déclaré que la valeur du dinar est déterminée sur le marché interbancaire et répond au principe de l’offre et de la demande. « Le glissement du dinar répond donc mécaniquement à cette règle et la hausse de la demande est due à l’aggravation du déficit, notamment commercial qui atteint un taux record de 3% ».

 La ministre des Finances a affirmé que ses propos ont été complètement déformés. «Je n’ai jamais déclaré que la valeur du dinar tunisien pourrait glisser à trois dinars contre l’euro. Je n’ai même pas prononcé le mot dévaluation. Actuellement, il n’y a aucune raison pour que le dinar glisse à ce niveau. Il y a de bons signaux d’une relance économique», a-t-elle dit.

 L’UGTT dénonce des déclarations « irresponsables » et « choquantes »

Mais le «mal » était fait. Les propos de Lamia Zribi ont été mal accueillis aussi bien par les milieux d’affaires que par le syndicat UGTT.  Business News cite un homme d’affaires tunisien qui a vu dans les propos de la ministre un cauchemar : « Mme la ministre des Finances annonce publiquement que le dinar va glisser petit à petit vers 3 dinars. En fait, elle n’a fait qu’accélérer le processus avec cette annonce…tout le monde panique. Du coup, dégringolade historique en 24h…. Zayed quand on est incompétent, il n’y a rien à faire…. »

 L’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a de son côté demandé au gouvernement et aux parties concernées de «cesser les déclarations qui alarment les investisseurs et les donateurs, et creusent davantage le manque de confiance en notre économie».  L’UGTT a exigé dans un communiqué daté du 24 avril dernier de «clarifier le rôle de la Banque centrale et sa position vis-à-vis de la politique de change afin de rassurer les acteurs économiques» et a qualifié les déclarations de Zribi de «gratuites», «irresponsables» et «choquantes».

  «Les déclarations de la ministre ont causé la chute des principaux indicateurs d’une économie nationale déjà en crise», avait accusé l’Ugtt, estimant que «le silence prémédité de la Banque centrale sur la politique monétaire a aggravé la situation».

 La Banque Centrale de Tunisie a réagi le lendemain par la voix de son gouverneur Chedly Ayari, qui a indiqué que 100 millions de dollars avaient été injecté pour combler la pénurie de devises et annoncé un relèvement du taux d’intérêt directeur.

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