Le Chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed a appelé, lundi, les députés à débattre « en urgence » d’un projet de loi contre la discrimination raciale au lendemain d’une manifestation organisée par des associations d’étudiants et de stagiaires d’Afrique subsaharienne qui réagissaient à une agression raciste violente à Tunis contre trois étudiants Congolais.
L’auteur de l’agression contre les citoyens Congolais qui souffrirait, selon son père de troubles mentaux, a été interpellé et devait être présenté lundi à la justice. Youssef Chahed s’exprimait à l’occasion de la « Journée nationale contre la discrimination raciale », organisée par le ministère des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’Homme, en collaboration avec le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme à Tunis (HCDH).
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— Youssef Chahed (@YoCh_Official) 26 décembre 2016
“Une loi criminalisant le racisme et les discriminations en tout genre s’impose” a-t-il déclaré en soulignant l’impératif de « changer les mentalités » et de mettre en place une stratégie nationale contre le racisme. « Je demande à ce que les députés en débattent en urgence » a-t-il déclaré en rappelant que l’initiative législative soumise depuis deux ans au parlement était une étape pour la » poursuite des auteurs de ces crimes ».
Le déni, principal problème
Le gouvernement tunisien se penche actuellement sur l’institution d’une Journée nationale contre la discrimination raciale. Pour les militants des droits de l’homme en Tunisie, le plus grand obstacle à la lutte contre le racisme est le déni qu’il existe. Ils estiment qu’une loi criminalisant le racisme est un signal à la société que l’Etat ne tolèrera pas ces comportements racistes.
Ces associations, notamment le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme (CRLDHT) et le Réseau euro-méditerranéen pour les droits de l’Homme, ont présenté en juin leur propre proposition de loi criminalisant toute forme de discrimination.
Ce projet de loi visant à lutter contre toutes les formes de racisme et de discrimination a été déposé au bureau de l’ARP pour être discuté par l’une des commissions parlementaires, puis en plénière.
Romdhane Ben Amor, chargé de communication du FTDES avait souligné que le « racisme a pris de l’ampleur non seulement dans le sud tunisien mais aussi dans la capitale, nous avons reçu plusieurs plaintes sur des cas d’agressions et de violences contre des étudiants, des ressortissants africains ».
Le projet de loi contre la discrimination raciale, présenté par les associations de la société civile, préconise des peines allant de 1 mois à trois ans de prison pour fait de racisme. Il prévoit, aussi, la mise en place de mécanismes de protection pour les victimes, dans les espaces publics et privés.