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Algérie

Un déficit de la balance des paiements pour l’Algérie à 30 milliards de dollars fin 2016 ? (Contribution)

Par Saïd Djaafer
octobre 25, 2016
Un déficit de la balance des paiements pour l’Algérie à 30 milliards de dollars fin 2016 ? (Contribution)


Le déficit commercial de l’Algérie a dépassé 15 milliards de dollars (Md$) en 9 mois. A ce rythme, il pourrait dépasser 20,05 7Md$ à la fin 2016. En y  ajourant un minimum de 7Md$ de transferts de services et 3 Md$ de transferts légaux de capitaux, le déficit de la balance des paiement, seul document de référence valable, approchera ou dépassera 30 Md$. Il faut réformer vite ou aller au FMI en 2020.

 

L’objet de cette présente contribution est d’analyser la structure des échanges extérieurs de l’Algérie de 2013 à septembre 2016. Le risque comme je l’ai analysé dans maintes contributions est de se retrouver, au vu dernières statistiques officielles, incluant pas seulement les biens mais les services et les transferts légaux de capitaux avec un déficit de la balance des paiements de 30 milliards de dollars fin 2016 et donc un épuisement dans les réserves de change.

1- Situation de la balance commerciale en 2014 et 2015

 Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2014 font ressortir un excédent de la balance commerciale de 4,63 milliards de dollars US, soit une diminution de 53,49% par rapport à celui enregistré durant l’année 2013.

Cette tendance s’explique simultanément par une hausse des importations et une baisse des exportations. En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 108% en 2014 contre 118% enregistré en 2013.

 Concernant la structure des exportations hors hydrocarbures, elles sont toujours marginales, dominées par les dérivées d’hydrocarbures, et les déchets ferreux et semi-ferreux, excepté le sucre pour un montant de 2,582 milliards de dollars.

 Nous avons: -alimentation 0,62% ; -énergie et lubrifiants 94,54% -produits bruts 0,28% – demi-produits 4,48% -biens d’équipement industriels 0, 05% -biens de consommation non alimentaires 0,03%.

Les dérivées d’hydrocarbures dont les huiles représentent 988 millions de dollars soit 36,35, ammoniac 568 millions de dollars soit 21,29%, engrais 292 millions de dollars soit 11,33% et hydrogène/ gazeux 47 millions de dollars soit 1,82% ayant un total de 71,79%.

Pour la situation de la balance commerciale en 2015, nous avons une récession de 39,91% par rapport à 2014. Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2015 font ressortir un déficit de la balance commerciale de 13,71 milliards de dollars contre un excédent de 4,31 milliards de dollars durant l’année 2014. 

 En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 73% en 2015 contre 107%   enregistré en 2014.  

La structure se présente ainsi : alimentation 0,62% -énergie et lubrifiants 94,54% -produits bruts 0,28% – demi-produits 4,48% -biens d’équipement industriels 0, 05% -biens de consommation non alimentaires 0,03%. 

Pour les exportations hors hydrocarbures, elles sont marginales toujours dominées par les dérivées d’hydrocarbures, et les déchets ferreux et semi-ferreux, excepté le sucre. Les huiles représentent 588 millions de dollars soit 37,34%, l’ammoniac 502 millions de dollars soit 24,35%, les engrais 439 millions de dollars soit 21,27%, hydrogène gazeux, 25 millions soit 1,21%, soit un total de 84,17%.

 

2.- Situation de la balance commerciale janvier/septembre 2016

 Selon le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (CNIS durant les neuf premiers mois 2016 les principaux clients sont l’Italie avec 3,8 mds usd (19,07), l’Espagne avec 2,71 mds usd (13,5%), la France avec 2,24 mds usd (11,21%), les Etats-Unis avec 1,6 mds usd (8,22%) et le Canada avec 1,06 mds usd (5,31%).

Quant aux principaux fournisseurs de l’Algérie, la Chine garde la première position avec un total de 6,19 mds usd (17,64%), suivie de la France avec 3,66 mds usd (10,45%), de l’Italie avec 3,66 mds usd (10,44%), de l’Espagne avec 2,72 mds usd (7,76%) et de l’Allemagne avec 2,15 mds usd (6,13%).

Les importations de biens ont été de 35,084 milliards de dollars soit une baisse de 11,09% durant la même période de 2015. Avec une part alimentation de 6,114 milliards de dollars (17,42%) et une part  de demi-produits  montrant la faiblesse du taux d’intégration de 8,652 milliards  de dollars ( 24,66% du total)et les biens d’équipements industriels de 11,548 milliards  de dollars (32,24%) en espérant qu’ils seront rentabilisés .

 60 milliards de sorties de devises en 2016 ?

 Si la même tendance se poursuit au dernier trimestre 2016, les importations de biens seront de l’ordre de 48 milliards de dollars. Comme entre 2010/2015, les servies non compris dans ces calculs ont été de l’ordre de 10/12 milliards dollars/an et si l’on ajoute les transferts légaux de capitaux des firmes étrangères 3/5 milliards de dollars/an, les sorties de devises pour 2016, supposant une compression, approcheront ou dépasseront 60 milliards de dollars. 

Les exportations ont été durant ces neuf premiers mois de 20,045 milliards de dollars contre 26,932 milliards de dollars pour la même période soit une baisse de 25,57% donnant un déficit commercial de 15,04 milliards de dollars.

Les exportations hors hydrocarbures  demeurent marginales puisque la rubrique,  énergie/lubrifiants  dépasse 95%  et tous les autres produits pour les neuf premiers  mois totalisent 1,25 milliards  de dollars dominance des produits  demi produits  936 millions de dollars dont 70% de dérivées hydrocarbures  et , les produits agricoles pour 208 millions  de dollars.

 Ainsi le déficit de la balance commerciale de janvier à septembre 2016 s’est établi à 15,04 milliards de dollars. A la même tendance, le déficit commercial fin 2016 devrait clôturer à 20,05 milliards de dollars. Si l’on ajoute un minimum de 7 milliards de dollars de transferts de services et 3 milliards de dollars de transferts légaux de capitaux ( le montant pourrait  être supérieur), le déficit de la balance des paiement, seul document de référence valable, approchera ou dépassera 30 milliards  de dollars et ce bien entendu que le cours se maintient à un niveau  de 50 dollars et plus.

 

3.-Aller vers des réformes structurelles ou au FMI …en  2020

 

Les exportations ne couvrent les importations qu’à hauteur de 57% durant les 9 premiers mois de 2016 contre 68% à la même période de 2015. L’important   déficit annoncé devant toujours distinguer la dépense en dinars et la dépense en devises, aura un impact sur le niveau futur des réserves de change.

 On ne peut compresser les importations à l’infini sans paralyser tout le secteur économique et aller vers une spirale inflationniste à deux chiffres avec des incidences politiques et sociales. C’est que 83% du tissu économique en 2016 est constitué de petits commerce/services. Le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut et sur ces 5% plus de 95% sont des PMI/PME peu innovantes.

Environ 70% des besoins en biens finis et semi-finis des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15/20% provient de l’extérieur.  

 Une rencontre aura lieu en décembre 2016 Algérie/Afrique avec pour but d’encourager les exportations hors hydrocarbures en Afrique.  Or, dans la structure des exportations algériennes, les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes à l’étranger. La question posée est la suivante : quels produits exportera l’Algérie ?

La dynamisation des sections hors rente exportatrices 2017/2020, dans le cadre des valeurs internationales, (coût/qualité), tenant compte de la forte concurrence internationale, dépendra des réformes structurelles qui tardent à venir.   Cela implique comme condition des entreprises, publiques et privées innovantes reposant sur la recherche/ développement et les nouvelles technologies, pour être compétitives.

Le gouvernement et à certains médias gagneraient à éviter de l’ennemi extérieur partout alors que le mal et la guérison sont en nous et dépendent de nous. Il faut analyser objectivement la structure économique actuelle et ses perspectives, de l’économie algérienne.

Si l’on veut avoir une économie diversifiée en termes de cout/qualité face à la concurrence internationale qui sera de plus en plus rude, nous devons éviter les discours qui ne portent plus.

L’Algérie n’a pas d’autres choix : elle peut continuer dans la voie actuelle et aller directement vers le FMI à l’horizon 2020 avec des incidences géostratégiques ou faire des réformes structurelles en mettant à profit l’aisance financière relative de court terme pour amortir les chocs sociaux. Cela implique une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité et un langage de vérité fondé sur un dialogue productif. L’Algérie en a les potentialités. 

 

 Professeur des Universités, expert international en management stratégique – [email protected]

 

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