Le système actuel des œuvres sociales pose un réel problème et est considéré par certains comme « le pire des systèmes ».
La promesse de réformer le système de prise en charge sociale des étudiants est restée sans suite depuis 2016. Pourtant, les cris de détresse de la famille estudiantine n’ont pas cessé de se faire entendre.
Tahar Hadjar a annoncé le 15 janvier dernier la tenue d’une conférence nationale au cours de cette année sur le dossier des œuvres universitaires en précisant que des révisions profondes de l’organisation actuelle de l’Office national des œuvres universitaires étaient en cours afin de le doter d’un nouveau cadre juridique. Toutefois, M. Hadjar n’a pas précisé dans quel sens seront orientées ces révisions. Or, depuis quelque temps, des informations sur une éventuelle suppression des œuvres universitaires et des bourses des étudiants et leur remplacement par un salaire circulent dans les milieux universitaires. Mais la problématique est posée et reste sans suite.
Hadjar reconnait l’inefficacité du système actuelle
Les étudiants touchent comme bourse trimestrielle 4000 DA, les étudiants en licence touchent une bourse de 5000 DA et ceux du master, une bourse de 1, 7000 DA et pour le master 2 , une bourse de 18000 DA. Et, en même temps, l’Etat dépense, sur chaque étudiant, la moyenne de 50 000 dinars par mois pour le loger, le nourrir et le transporter. Mais ni la nourriture, ni l’hébergement, ni le transport ne sont à la hauteur des attentes et du statut de l’étudiant.
Tout le monde s’en plaint et les autorités reconnaissent cet état de fait sans ambages. « L’Etat algérien donne des milliards mais les étudiants sont mal nourris, mal transportés et mal logés. Ceci est inacceptable », a déclaré Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique lundi 10 octobre 2016 à Alger, dans une conférence qu’il a donné devant les étudiants et cadres du FLN, sur la réforme de l’université, en promettant une réforme su système de prise en charge sociale des étudiants. Mais depuis, rien de concret n’a été fait et les étudiants continuent à patauger dans le malaise qui sévit dans les cités et les campus universitaires.
Les appréhensions des étudiants
Certains étudiants, même s’ils jugent que leur prise en charge sociale est « catastrophique », n’ont pas le courage d’assumer une rupture avec le système actuel de fonctionnement des œuvres universitaires. « La formule actuelle permet une certaine structuration des aides, la résidence par exemple, mais si ces dernières venaient à être supprimées, cela laissera le champ libre aux spéculateurs : la location des chambres d’étudiants doublera probablement, les transports également », estime Imane, une étudiante en Matser II Communication à Alger. De son côté, Sarah, Bougiote étudiante à Constantine, considère que la question de la sécurité est centrale dans cette histoire.
« Lorsque nous sommes à la cité universitaire, nous sommes encadrées par une administration, et notre sécurité est assurée par des agents. Qu’en sera-t-il si nous sommes livrés à nous même, dans des villes pour le moins hostiles ? », S’interroge-t-elle avant d’ajouter : le poids des traditions et de la société se fera ressentir de plus en plus. Actuellement, les familles sont rassurées, car leurs filles sont dans des cités universitaires.
Quelle sera leur réaction si elles devaient louer des appartements et vivre seules? ». Nassim, étudiant syndicaliste, considère qu’il faut commencer à demander des comptes sur les milliards qui ont été consommés dans ce cadre avant d’aller vers autre chose. « Tout le monde sait qu’il y a des dossiers et les responsables évitent d’en parler. Avant d’aller vers autre chose, il faut donner le bilan, et si on donne le bilan, la majorité des responsables ayant géré ce dossier seront convoqués par la justice », estime cet étudiant pour qui « le manque de transparence » dans la gestion des œuvres universitaires est le principal problème.
« Le système actuel est le pire »
Certain économistes n’hésitent pas à tirer la sonnette d’alarme quant au fonctionnement des œuvres universitaires. Entre bureaucratie, corruption, surfacturation, sous-facturation, ils ne trouvent aucun sens à donner à ce qu’ils qualifient de calamité. « Je pense qu’on n’ira pas vers une suppression des œuvres universitaires et leur remplacement par un salaire pour les étudiant. Cela me parait impossible dans les conditions actuelles parce que la situation profite à toute une faune de « prestataires » et de bureaucrates assez puissants », estime Samir Bellal, économiste qui pense que l’idée de donner un salaire aux étudiants au lieu de les prendre en charge est une bonne idée.
« Un salaire à la place des prises en charge, c’est une bonne idée pour la simple raison que le système actuel est, dans l’absolu, le pire», affirme-t-il. Mais le status quo, avec son cortège d’irrationalités et de prédations tous azimuts, est toujours au rendez-vous.