L’Algérie bouclera dans quelques jours une année depuis le début du Hirak. Ce mouvement populaire, enclenché le 22 février 2019, a provoqué une avalanche de changements tant sur le plan politique qu’économique. Un bouleversement qui a chamboulé le paysage économique national, à travers des opérations « mains propres » qui ont mis plusieurs hommes d’affaires et hauts responsables en prison.
De grandes entreprises sont aujourd’hui en difficulté et incapables de payer leurs employés. D’autres sont au bord de la faillite.
Pour Hassan Khelifati, P-DG d’Alliance Assurance, cette situation a paralysé toute la sphère économique du pays. « On n’est pas contre cette opération de lutte contre la corruption, mais on ne voulait pas qu’elle soit utilisée pour des règlements de comptes ou pour paralyser l’économie », a-t- il lors de son passage à Radio M.
« A un certain moment tout le monde à été tétanisé; les entreprises, les banques les administrations, etc. Une situation qui a encore des conséquences aujourd’hui », a-t-il souligné.
Aussi, les mesures prises par le gouvernement pour réduire la facture des importations au cours de ces derniers mois, ont ajouté de l’huile sur le feu. Le système de cotation appliqué sur les importations des structures CKD et SKD, a mis en difficulté les usines de montage automobile et d’électroménagers. Ces dernières se sont retrouvées en situation de blocage et ont été obligées de cesser leurs activités et réduire leur personnel ou encore diviser leurs salaires par deux.
Cette situation marque un véritable ralentissement dans l’activité économique, ajouté à cela un fort ralentissement des investissements.
L’espoir du changement divise les chefs d’entreprise
Mais depuis l’arrivée du président Tebboune et ses promesses pour le changement, les chefs d’entreprise se sont retrouvés divisés entre ceux qui croient aux changements et d’autres moins optimistes.
« Les chefs d’entreprise ont beaucoup d’espoir avec la nouvelle gouvernance. On peut dire que la tension a beaucoup baissé ces dernières semaines », dira Hassan Khelifati.
Selon lui, les chefs d’entreprise réclament aujourd’hui « des cadres de concertations et des frontières bien définies, afin que l’entrepreneur joue son rôle dans le développement économique et que les politiciens jouent, quant à eux, leur rôle de ‘’gardien de la cité’’ ». « Nous (les chefs d’entreprise) pouvons être autonomes et travailler pour l’intérêt du pays », a-t-il ajouté.
Pour ce chef d’entreprise, l’arrivée du nouveau président est un espoir pour le changement. De son point de vue, Tebboune a annoncé la couleur en déclarant vouloir séparer la politique de l’économique.
« Nous avons vécu pendant vingt ans dans un système où tout est mélangé ; l’économie, la politique et même les élections. Aujourd’hui, cela doit changer », a conclu le patron d’Alliance assurances.
Mais cet optimisme pour l’venir de l’économie du pays n’est pas partagé par tous les chefs d’entreprise.
Nabil Mellah, DG du groupe, pharmaceutique Merinal, estime qu’il n’y a pas d’indicateurs de changement dans ce nouveau gouvernement. « Ce sont les mêmes indicateurs économiques d’avant, toujours liés à la politique », a-t-il souligné.
Pour lui, « les chefs d’entreprise ont besoin d’institutions fortes qui consacrent la transparence et la cohérence et la visibilité ». D’après lui, les mentalités n’ont pas changé.
« Les textes réglementaire aujourd’hui sont dépassés, et le processus du changement réglementaire en Algérie est très lent », a affirméé Mellah en ajoutant que l’administration aujourd’hui « est dix fois moins efficiente qu’il y a un an car elle a très peur ».