Le journaliste El Kadi Ihsane a reçu ce mardi 6 octobre une convocation nominative de la gendarmerie nationale afin de se présenter à la brigade de recherche et d’investigation de Bab Jdid « dans les meilleurs délais ».
La convocation amenée par deux gendarmes au siège, place Audin, de l’agence qui édite Radio M et Maghreb Emergent, évoque comme motif une « enquête préliminaire ». Les médias dont El Kadi Ihsane est cofondateur (2010 et 2013), et aujourd’hui directeur, subissent en 2020 un harcèlement encore plus brutal des autorités afin de réduire leur expression professionnelle. Les deux sites d’information Radiom.info et maghrebemergent.info sont censurés en Algérie depuis le 9 avril dernier.
Le ministre de la communication a justifié cette suspension par divers motifs successifs, et parfois contradictoires, le dernier étant une plainte en diffamation en voie d’être déposée pour un article jugé insultant pour la personne du président Abdelmadjid Tebboune.
Le journaliste présentateur de l’émission populaire de Radio M , le CPP (2014) Khaled Drareni en détention depuis le 27 mars dernier a été condamné en appel à 2 ans de prison ferme le 15 septembre dernier. Le directeur artistique de l’agence Seddik Touaoula, en route pour Oran avec sa valise, a été arrêté ce lundi 05 octobre parce qu’il filmait un rassemblement de femmes du Hirak à place Audin. Il allait être relâché le lundi soir avant qu’il ne soit identifié comme employé chez l’éditeur de Radio M, et soit remis en garde à vue avec plusieurs autres citoyens interpellés dans la journée.
Le harcèlement contre Radio M et Maghreb Emergent a pris toutes les formes de la répression. Le 18 juin 2020 à 18 h 30, Ihsane El Kadi a été enlevé à la sortie de son bureau par des éléments de la Direction de la sécurité intérieure (DSI) pour un « examen de situation » qui a duré six heures au siège algérois de ce service (Antar).
La volonté sécuritaire et politique est manifeste d’empêcher Radio M et Maghreb Emergent de poursuivre leur travail de médias indépendants, reconnus pour leur professionnalisme et leur qualité, dans l’Algérie lancée vers sa libération depuis le 22 février 2019. Elle rencontre une détermination tranquille des journalistes et des équipes de l’agence à permettre aux citoyens Algériens d’exercer leur droit constitutionnel à l’information.