Dans cet entretien accordé à Maghreb Emergent, le professeur Karima Achour, chef de service de chirurgie thoracique au CHU de Bab El-Oued et présidente de la Société algérienne d’échinococcose, revient sur les principaux points du Congrès international sur le kyste hydatique organisé récemment à Alger.
Maghreb Emergent : Quelles ont été les principales recommandations du dernier congrès international sur le kyste hydatique tenu dernièrement à Alger ?
Pr. Karima Achour : Le congrès a été un vrai succès sur le plan scientifique, parce que tous les scientifiques attendus ont répondu à l’appel. D’ailleurs, c’est ce le cas à chaque édition, soit tous les deux ans, un peu partout dans le monde. Ils se réunissent pour présenter leurs derniers travaux sur différents thèmes qu’il s’agisse de l’environnement, de la médecine vétérinaire, de la génétique, de la biologie, de l’immunologie, de la terminologie.
Il est très difficile d’expliquer et de présenter en deux jours seulement ce qui s’est fait en 2 ans et ceux qui sont venus au Congrès d’Alger, sont ceux qui ont des résultats de recherches à présenter. Par exemple, pour nous, dans la prochaine édition qui se déroulera au Pérou, nous allons présenter des résultats obtenus en matière de prise en charge de la maladie.
Comment ce congrès peut-il être utile pour l’Algérie en matière de lutte contre le kyste hydatique ?
Premièrement, il a été organisé en Algérie, ce qui est en soi un acquis important. Cela montre aussi que la communauté internationale fait vraiment attention, non seulement à l’Algérie, mais à toute la région (Algérie, Maroc et Tunisie).
La maladie sévit toujours et le problème c’est qu’il n’y a pas encore de médicaments pour y faire face ni programme de lutte dans la région.
Est-ce qu’il y a des choses que l’Algérie fait et les deux autres pays ne font pas, ou inversement ?
Ce qui est désolant, c’est qu’au niveau des autorités, c’est la même chose partout. Les trois pays de la région (l’Algérie, le Maroc et la Tunisie) n’ont pas pris le problème suffisamment au sérieux, parce que c’est une maladie parasitaire qui ne devrait plus sévir. Cela fait plus de 50 ans qu’on en parle, et presque rien n’a changé.
Au Maroc, il existe une certaine expertise que l’Algérie ne possède pas mais qui a, en revanche, de bonnes équipes de biologistes. La Tunisie aussi a son expertise dans le domaine vétérinaire et il s’agira de faire en sorte de permettre à ses trois pays de conjuguer leurs efforts.
Est-ce que les congressistes ont prévu de mettre en place un comité de suivi pour l’Afrique du Nord ?
C’est ce que nous avons décidé à l’issue du congrès. Avec l’OMS, nous avons pensé à élaborer un manuel technique destiné aux médecins généralistes. Avec la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), nous pourrions éventuellement créer un groupe de travail tunisien, algérien et marocain pour essayer de mettre au point un plan de travail pour la lutte contre cette maladie. C’est un plan national qui pourrait être appliqué dans les trois pays.