L’amendement du code pénal est l’aboutissement de plusieurs années de luttes, de sensibilisations et de pressions. Mais le président de la République peut-il d’aller plus loin, et « instaurer l’égalité pour les femmes », malgré la pression et « la levée de boucliers des islamistes » au parlement et dans la rue, s’interroge Soumia Salhi.
La militante féministe, syndicaliste et ancienne présidente de l’Association algérienne pour l’émancipation des femmes (AEF), Soumia Salhi, estime dans « l’Entretien » de Radio M, la web Radio de Maghreb Emergent, que l’adoption à l’Assemblée populaire nationale (APN) de l’amendement du code pénal sur les violences faites aux femmes « n’est qu’une maigre avancée ».
En soulignant que l’amendement du code pénal est l’aboutissement de plusieurs années de luttes, de sensibilisation et de pression, Soumia Salhi s’est interrogée sur la capacité du président de la République d’aller plus loin, et « instaurer l’égalité pour les femmes », malgré la pression et « la levée de boucliers des islamistes » au parlement et dans la rue.
Une égalité qui doit commencer tout d’abord par l’instauration de « légalité devant le divorce », estime-t-elle. L’homme a le droit de » répudier » sa femme sans justification aucune, tandis que la femme est toujours soumise à la loi du Khol’e. Le Khol’e est le rachat de la liberté par la femme : » Elle doit justifier ses motifs de divorce, dans des conditions parfois humiliantes et non réalisables « , a-t-elle déploré.
S’agissant de la clause controversée relative au « pardon » qui entraine la suspension dans certaines situations des poursuites pénales contre l’agresseur, Soumia Salhi, estime que c’est une mise en échec de la « parole des femmes ». C’est tout simplement un « message d’impunité » qui est envoyé.
« La loi est en retard par rapport aux pratiques sociales « , opine, Mme Salhi, également membre du Réseau Wassila, car pour elle la « vraie bataille » doit être menée dans la société, et dans la rue. » La loi seule, ne suffit pas. Il faut changer les mentalités et les pratiques sociales « , a-t-elle argué.
L’ascension professionnelle de la femme algérienne
Mme Soumia Salhi souligne que cet amendement du code pénal sur les violences faites aux femmes n’est qu’une conséquence de l’émergence – professionnelle notamment – des femmes depuis l’indépendance à nos jours. Aussi, a-t-elle tenu à souligner, le combat du mouvement associatif féministe, sur la scène politique et sociale, depuis la guerre de libération.
La syndicaliste a ainsi mis en évidence la progression des femmes diplômées en Algérie, sans omettre leur immersion dans le milieu professionnel, et à une échelle moindre dans le milieu politique.
Concernant les différentes réactions politiques à cette loi amendée, Mme. Salhi préconise une « rupture » avec « tous ces ceux qui bavent sur l’adoption par l’APN d’un amendement du code pénal et qui sont montés au créneau pour quelques ajustements », comme seule voie pour faire avancer les choses. « Ceux qui prétendent aujourd’hui revendiquer un changement avec plus de liberté et de démocratie, devraient faire une rupture avec ce groupement « , lance-t-elle d’un ton ferme.
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