L’an dernier, les demandeurs de visa Schengen en provenance du continent africain ont déboursé une somme astronomique de 54 millions d’euros, engloutie dans les méandres bureaucratiques de l’espace Schengen. Parmi eux, ce sont les ressortissants algériens qui ont payé le tribut le plus lourd, avec plus de 13 millions d’euros engloutis pour des requêtes infructueuses.
Cette situation souligne l’iniquité flagrante du processus de demande de visa, où les aspirants voyageurs doivent s’acquitter de frais substantiels, sans aucune garantie d’obtenir le précieux sésame. Pour les Algériens, dont le salaire moyen avoisine les 240 euros mensuels, les 80 euros exigés pour chaque demande représentent une dépense considérable, équivalant à plus d’un tiers de leur revenu mensuel.
L’Algérie n’est malheureusement pas un cas isolé sur le continent africain. Le Maroc figure au deuxième rang des plus lourdes pertes, avec près de 11 millions d’euros engouffrés dans des demandes rejetées. L’Égypte, le Nigéria et la Tunisie suivent de près, avec des millions d’euros gaspillés par leurs ressortissants dans cette quête vaine d’un visa.
Au Sénégal, le taux de refus avoisine les 70%, représentant une perte collective de 2,11 millions d’euros pour la population. Certains pays comme le Congo-Brazzaville, la Guinée, le Mali ou la Guinée-Bissau affichent des taux de refus encore plus élevés, aggravant davantage le fardeau financier imposé à leurs citoyens.
L’augmentation récente des frais de demande, désormais fixés à 90 euros, ne fera qu’exacerber cette injustice financière à l’échelle du continent. Les populations africaines, déjà confrontées à des défis socio-économiques majeurs, se retrouvent ainsi dans l’impasse, contraintes de choisir entre renoncer à leur rêve de voyage ou s’endetter pour tenter leur chance.