La baisse de la valeur de la livre turque n’aura pas d’impact sur les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Turquie, estiment deux économistes interrogés par l’APS.
Cette chute de la monnaie turque liée à un bras de fer opposant Washington à Ankara parait être « conjoncturelle », soutiennent les mêmes économistes.
« La chute de la livre turque n’est pas durable et un retour à ses niveaux du début de l’année est à attendre, dans la mesure où cette chute fait suite à un arrêt de l’afflux de capitaux en dollars induit par les menaces américaines. Mais les capitaux vont affluer de nouveau pour conforter les capitaux déjà existants et qui sont à majorité européenne, ce qui rétablira les équilibres rompus sans préavis des investisseurs», explique l’expert financier Ferhat Ait Ali.
L’expert avance deux scénarios possibles en ce qui concerne l’impact auquel il faudrait s’attendre en Algérie. « Soit on aura une plus grande compétitivité des produits turcs sur le marché algérien, s’ils bénéficient de la chute du cout de l’ouvraison en Turquie, soit on assistera à une stabilité dans le cas où les entreprises turques décident de compenser les pertes de la livre sur les marges à l’exportation».
En revanche, « si nos commerçants s’amusent à profiter de cette situation pour augmenter leurs marges bénéficiaires, la baisse de la livre ne sera pas répercutée sur les prix des produits turcs importés en Algérie« , prévient-il notant, au passage, que « si notre monnaie dévisse en même temps que la monnaie turque, l’effet sera nul en terme de prix« , soutient-il.
De son côté, l’économiste et ancien ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa prévoit, prévoit la fin de la crise de la livre turque d’ici quelques mois.
« La Turquie n’est pas seule dans ce qu’elle est en train de subir. Il ne s’agit pas d’un face to face Turquie-États-Unis. Le président Trump a déjà provoqué l’Union européenne, l’Amérique Latine, le Canada, la Chine, l’Iran, … Je pense que tous ces pays, ainsi que l’OMC, finiront par s’élever contre la politique commerciale agressive des États-Unis et la Turquie profitera certainement de cette situation».
En 2017, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Turquie se situaient autour des 4 milliards de dollars. En tout, 796 entreprises turques activent actuellement en Algérie et emploient plus de 28.000 personnes.