Le 18ème mardi de protestation des étudiants contre le système sera marqué à jamais dans la mémoire du mouvement populaire pour le changement politique, par son caractère très particulier.
Peu nombreux au départ de la marche qui a débuté sur la place des Martyres dans la basse Casbah, cette manifestation a été une réponse implacable au discours d’Ahmed Gaid-Salah sur le fait d’arborer d’autres étendards que l’emblème national.
« Notre façon de marcher est en elle-même une réponse au gouvernement illégitime. On est agiles, rapide et plus intelligents que les policiers érigés en barrière par le pouvoir pour nous empêcher de marche », précise un étudiant au passage devant la place de la Grande Poste.
18ème Mardi. Les étudiants se préparent à marcher de la place des martyrs à la place Audin. Ils sont moins nombreux que d’habitude. #Algérie #Yetna7aw_Ga3 pic.twitter.com/raeXqWXv6J
— Aboubaker Khaled (@bobkhaled06) June 25, 2019
Un mardi spécial dans le fond et la forme. Les messages étaient clairs, et appelaient à la fraternité entre les algériens et à l’instauration d’un pouvoir civil en Algérie.
Les étudiants du 18ème mardi ont démontré que » la carte de la division, jouée par les forces de l’ordre sous les ordres « la casquette » comme le disent les étudiants à travers leurs slogans, n’allait pas marcher ».
Chasse aux drapeaux
Comme à l’accoutumée, le départ de la marche des étudiant est donné avec l’entonnement à l’unisson de l’hymne national. Les étudiants étaient entourés d’un dispositif policier important et une présence remarquée de femmes policières. « Probablement pour arracher les drapeaux aux filles », nous affirme Fares étudiants de l’USTHB.
La@chasse aux drapeaux continue. La marche des étudiants perturbée par la police pic.twitter.com/XfHjilB8Ai
— Aboubaker Khaled (@bobkhaled06) June 25, 2019
Lea marche qui a débuté dans le calme, a été attaquée quelques minutes après qu’elle ait emprunté la rue Bab Azzoune, par des policiers en civil qui ont tenté d’arracher le drapeau d’un étudiant. Cette charge a provoqué une panique et les étudiant ont commencé a scander « pouvoir assassin », « oulach smah oulach ». Quelques minutes plus tard, un second assaut a été donné par les policiers mais là aussi sans grande réussite.
Parcours de l’unité et de diversité culturelle
Après l’altercation avec les forces de l’ordre au niveau de Bab Azzoune, les étudiants ont pu réorganiser leurs rangs. Ils sont parvenu à atteindre le Square Port Said, en scandant « Kbayli Arbi Khawa khawa », sans oublier de répéter leur rejet du gouvernement Bedoui et du départ de tout le système.
Les intimidations de la police se sont poursuivi avec des tentatives d’arrestations de certains étudiants, mais la solidarité des étudiants entre eux étaient avait mis en échec ces tentatives.
Nadir nous dira que « la carte de la division identitaire que joue Gaid Salah n’est pas valable. On lui demande d’essayer autre chose, avant l’annonce de la fin du système ».
Le mot d’ordre de l’unité nationale a été omniprésent pour les étudiants « ce sont les forces de l’ordre et le chef de l’Etat-major qui visent à diviser le peuple. On est uni à jamais ».
Les étudiants se sont appuyé sur la symbolique de la diversité culturelle pour exprimer cette union sacrée entre les régions en arborant des tenues traditionnelles, robes kabyle, Hayek, Chech de Touareg et tenues mozabites.
Course poursuite
A l’arrivée au carrefour Mauritania, les étudiants ont évité de refaire le parcours de la semaine passée, celui de se diriger vers la place Maurice Audin. Ils avaient l’intention de marcher sur la rue Hassiba Benbouali vers la Place 1er Mai.
Un cordon de force antiémeutes les y attendait. Mais les policiers, en sous nombre, n’ont pas pu résister devant la détermination et l’énergie déployée par les étudiants.
Une première moitié a réussi à passer en force, malgré les coups de pieds et les coups de matraques. Ensuite, une seconde partie a emprunté la petite ruelle avoisinant le marché Clauzel qui donne sur la rue Khelifa Boukhalfa et rejoindre ensuite la rue Hassiba Benbouali à travers les escaliers.
Une fois regroupés, les marcheurs ont poursuivi leur chemin vers la place du 1er Mai. Un autre cordon de police les y attendait devant la place de la liberté de Presse. Mais hélas pour les policiers les étudiants ont là aussi réussi à les contourner.
Ligne d’arrivée, drapeaux brandis
A 12h30, les étudiants arrivent à la place du 1er mai et ont pu se rassembler devant la station des bus. « Ça y est, c’est bon, Echaab président », « les algériens khawa khawa, Gaid Salah men Elkhawana », scandent-t-ils. Les forces de l’ordre, qui n’arrivaient pas à suivre le rythme des étudiants ont été absents sur place, ce qui a permis de brandir le drapeaux Amazigh pendant 5 minutes en scandant « Anwa wigui Dhimazighen ».
Pour annoncer la fin de la marche, les centaines d’étudiants ont chanté l’hymne national et donné le coup des trois sifflet de la fin, comme dans les matchs de foot.