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La Directrice d’Amnesty Algérie sur Radio M: 2017 a été l’année de la répression des migrants et des ahmadites (audio-vidéo)

Par Yacine Temlali
février 22, 2018
La Directrice d’Amnesty Algérie sur Radio M: 2017 a été l’année de la répression des migrants et des ahmadites (audio-vidéo)

Pour la directrice d’Amnesty International Algérie, invitée hier sur les ondes de Radio M, « Donald Trump a libéré les discours de haine dans le monde ». Les perspectives sociales dans le monde sont sombres, a-t-elle déploré, rappelant que plus de 6 milliards d’êtres humains seront affectées par les politiques d’austérité dans les trois prochaines années.

 

La directrice d’Amnesty International Algérie Hassina Oussedik a indiqué, lors de son passage hier mercredi sur Radio M., que des jours sombres se profilaient à l’horizon mondial, notamment sur le plan social. Ils menacent, selon elle, plusieurs pays, dont l’Algérie. « Le rapport (2016-2017, NDLR) d’Amnesty International se caractérise par trois grandes tendances dont les conséquences des politiques d’austérité des Etats sur les violations des droits humains, notamment économiques et sociaux et qui font que des milliers de personnes vivent dans la précarité et sont poussés, par conséquent, à sortir dans la rue manifester pour demander leurs droits », a-t-elle affirmé. Et d’ajouter qu’ « il est à craindre que ce nombre augmente dans les années à venir sachant que plus de deux tiers des pays à travers le monde subiront les conséquences de l’austérité », ce qui veut dire, pour elle, que « plus de 6 milliards de personnes seront affectées par ces mesures d’austérité dans les trois prochaines années ».

 

« L’Algérie a été marquée par le discours de haine en 2017 »

 

L’autre tendance relevée par le rapport 2016-2017 d’Amnesty International, a déclaré Hassina Oussedik sur Radio M, est la « diabolisation de l’autre », notamment depuis l’élection du nouveau président américain, Donald Trump, élection qui a, selon elle, libéré le discours islamophobe, la haine envers les minorités et leur stigmatisation, notamment avec la promulgation du « décret antimusulman » aux Etats-Unis.

Hassina Oussedik a appelé à plus de responsabilité de la part des Etats et à une mobilisation plus forte des sociétés civiles pour faire face à cette tendance néfaste qui, a-t-elle relevé, a aussi concerné l’Algérie en 2017, avec la répression et la stigmatisation des ahmadites mais aussi des migrants, notamment les Subsahariens : « Les interdictions (pour les migrants subsahariens, NDLR) de prendre les transports en communs, ainsi que les vagues d’expulsion (les ayant touchés, NDLR) sont une violation du droit international. Il fallait traiter au cas par cas ». Et de lancer une mise en garde : « Quand une société commence à discriminer, à stigmatiser des minorités, cela peut conduire à des violences massives dont les conséquences, sur le plan humain sont absolument désastreuses. » Hassina Oussedik a, dans ce sillage, dénoncé le fait que les autorités algériennes n’aient pas engagé des poursuites pénales contre les auteurs des discours à caractère raciste envers les migrants subsahariens et les ahmadites, tout en se réjouissant de la position d’une bonne partie de la société civile qui a exprimé sa solidarité entière avec ces victimes.

 

« Je me sens en sécurité en Algérie »

 

« La troisième tendance (du rapport 2016-2017, NDLR) concerne les atteintes aux mouvements sociaux et à la liberté d’expression des citoyennes et citoyens du monde », a ajouté Hassina Oussedik, précisant que la répression est globalement la solution choisie par les Etats pour répondre aux manifestations citoyennes. En Algérie, elle a relevé « une régression », notamment avec les arrestations des journalistes, les interdictions des marches dans la capitale et les entraves faites aux défenseurs des droits de » l’Homme : « C’est intolérable et cela l’est d’autant plus que 2018 marque le 21ème anniversaire de la Déclaration des défenseurs des droits de l’Hommes et le 70ème de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ! ».

La directrice d’Amnesty Algérie a également indiqué sur Radio M. que disposant d’une certaine expertise dans les domaines qui sont les leurs, les associations peuvent aider l’Etat, d’où l’importance de les associer à l’édification des politiques publiques et au règlement des conflits sociaux et de ne pas voir en elles des « machines de sabotage » comme le laissent entendre certains responsables. Dans le même sens, elle estimé vital que les Algériens participent à ce qui les concerne directement à travers le mouvement associatif. Dans ce sens, elle a appelé à la mise en place, dans les meilleurs délais, de la nouvelle loi sur les associations qui serait, selon le ministre de l’Intérieur, M. Bedoui, conforme aux normes et aux droits internationaux.

Malgré les dépassements enregistrés çà et là, Hassina Oussedik a dit « se sentir en sécurité en Algérie » en tant que défenseur des droits de l’Homme : « Oui, je me sens en sécurité. Je n’ai pas subi de pression. Amnesty n’a pas subi de pression. Mais il est vrai que sur la mise en conformité d’Amnesty, on n’a pas eu notre dernier document. Le problème est que les autorités algériennes ont un passif avec Amnesty concernant nos positions pendant la décennie noire. Elles n’aiment pas toujours nos positions mais notre rôle est de dénoncer les atteintes aux droits humains et d’œuvrer avec les autorités pour promouvoir ces mêmes droits. »

 

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