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Hydrocarbures

46 ans après ce n’est plus la nationalisation mais la transition qui garantit l’avenir énergétique de l’Algérie (contribution)

Par Maghreb Émergent
février 24, 2017
46 ans après ce n’est plus la nationalisation mais la transition qui garantit l’avenir énergétique de l’Algérie (contribution)

La contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul pose le problème du cadre de la loi qui doit permettre à l’Algérie de ne pas devenir importateur net de pétrole en 2030.

 

En tant que jeune conseiller au ministère de l‘Energie après l’obtention de ma thèse de doctorat d’Etat en 1974, et ayant eu à diriger le premier audit sur Sonatrach entre 1974/1976, j’avais émis un grand espoir en la nationalisation des hydrocarbures décidée le 24 février 1971. Elle s’est traduite dans les faits par la signature d’une ordonnance, le 11 avril de la même année, promulguant la loi fondamentale sur les hydrocarbures, définissant le cadre dans lequel devrait s’exercer l’activité des sociétés étrangères en matière de recherche et d’exploration des hydrocarbures. A l’époque je me rappelle il y a eu une très forte mobilisation de l’ensemble des travailleurs et cadres de Sonatrach d’une très haute compétence devant les pressions étrangères. Depuis nous avons assisté à différentes lois sur les hydrocarbures qui ont vu l’élargissement du partenariat étranger, qui ont largement contribué à développer les capacités locales. Le véritable tournant a été la loi du 28 avril 2005 modifiée et complétée par la loi du 19 août 1986. Ensuite nous avons la loi n°91-21 du 4 décembre 1991, puis la loi du 28 avril 2005, modifiée par l’ordonnance du 29 juillet 2006 et la dernière en date celle du 20 février 2013. Quel constat et propositions à faire après ces 46 années de nationalisation ?

1.-En conseil des ministres courant 2014, selon le rapport présenté par le Ministre de l’Energie de l’époque, données rapportées par l’agence officielle –APS- les réserves de gaz nature étaient de 2700 milliards de mètres cubes gazeux et le 12 milliards de barils de pétrole

2.- Il faut éviter de raisonner à prix courants de peu de signification, la parité du dollar et le pouvoir d’achat mondial ayant évolué, devant donc déflater pour avoir le montant réel aux prix de 2013. Par exemple, un baril de 20 dollars en 1980 équivaut à prix constant à plus de 90 dollars prix 2016. Uniquement entre 2000 et 2016 Sonatrach a pu engranger 800 milliards de dollars selon les bilans officiels de Sonatrach.

3.- Il faut éviter la sinistrose, car nous avons assisté grâce à cette ressource éphémère à d’importants investissements dans ce secteur et dans d’autres qui font vivre aujourd’hui l’Algérie. Mais il faut également éviter toute autosatisfaction source de névrose collective car existe une disproportion entre la dépense et les impacts.

4.- En ce mois de février 2017,83% de la superficie économique est constituée de petits commerce/services, le secteur industriel représente moins de 5% du PIB, 97/98% avec les dérivées des exportations sont le fait d’hydrocarbures à l’état brut et semi brut et important la majorité des besoins des entreprises qu’elles soient publiques ou privées( taux d’intégration inférieure à 15%) ainsi que la couverture des besoins des ménages (70%).En de mois de février 2017, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. C’est ce qu’on appelle le syndrome hollandais, source de mauvaise gestion et de corruption faute de mécanismes de contrôle démocratiques et de la transparence des comptes.

5.- Le poste services au niveau de la balance des paiements, en grande partie accaparé par Sonatrach et à un degré moindre par les infrastructures (sans compter les transferts de profit) est passé est passé de 2 milliards de dollars en 2002 à plus de 10/12 milliards de dollars entre 2010/2016 témoignant d’une déperdition de la ressource humaine locale au niveau de cette société stratégique( faiblesse de l’accumulation du savoir faire technologique et managérial).

6.- La sphère informelle tisse des liens dialectiques avec la logique rentière qui assoit son pouvoir sur la bureaucratie accapare plus de 50% de la superficie économique .

7.- Il s’ensuit qu’il ne pourra pas avoir une véritable démocratisation de la société algérienne tenant compte certes de son anthropologie culturelle, sans une démocratisation de la gestion de la rente des hydrocarbures. D’où l’importance d’un large débat national sur la gestion de cette rente qui irrigue tous les segments de la société, de la rentabilité des investissements et des réserves de change, placées à l’étranger, produit de cette rente.

8.- Les conservateurs minoritaires en tant que segments dans la société sont dominants, assis sur la rente, et font tout pour bloquer les réformes structurelles. Les réformateurs dominants certes au niveau de la société, mais minoritaires au niveau des sphères décisionnelles ont ayant peu d’impacts. Il serait illusoire de croire en des miracles techniques sans une profonde mutation systémique. Tout processus de développement étant forcément porté par des forces sociales, il ne pourra y avoir de développent de filières hors hydrocarbures, s’insérant dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, sans un réaménagement des structures du pouvoir algérien.

En conclusion à horizon 2030, l’Algérie sera importateur net de pétrole et de gaz conventionnel et deviendra la population algérienne de 50 millions sans gaz et pétrole traditionnel ? Tenant compte des coûts croissants, de la nouvelle révolution économique 2020/2030 de la nouvelle transition énergétique, de la concurrence internationale, bon nombre des clients de Sonatrach demanderont certainement à l’Algérie courant 2018 une baisse des prix de cession du gaz, aussitôt les contrats à terme arrivé à expiration, l’indexation sur le prix du pétrole n’étant plus à l’ordre du jour. Comme doit être pris en compte, le nouvel modèle de consommation énergétique mondial qui se mettra en place 2020/2030, devant éviter de raisonner sur l’image erronée d’un modèle de consommation linéaire , l’entrée de nouveaux concurrents, les nouvelles découvertes et la réduction des couts permises grâce aux nouvelles technologieset la révolution du gaz de schiste aux USA. Avec la forte consommation intérieure en Algérie, doublement des capacités d’électricités à partir des turbines de gaz. si les prix subventionnés se maintiennent, nous aurons le même montant en 2030 que les exportations actuelles. Quel montant exportera alors Sonatrach pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables par rapport au cout et au vecteur prix international ? Devant analyser la siutaiton sans chauvinisme mais avec réalisme, l’actuelle loi des hydrocarbures est-elle toujours appropriée par rapport au nouveau contexte mondial ? Le problème posé relevant de la sécurité nationale : quelle nouvelle politique énergétique, quel nouveau modèle de consommation énergétique de Sonatrach et Sonelgaz à un cout concurrentiel posant la place des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique?

*Professeur des universités expert international
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