L’Algérie fête cette année le cinquantième anniversaire du lancement de l’activité GN. Si dans les années 1990, elle était un acteur régional important, ce n’est plus le cas aujourd’hui, a déploré Mouhamed Ben Ziri, directeur d’Etudes et de Planification de la direction de Commercialisation de Sonatrach.
» En 1999, les majors du GNL dans le monde étaient l’Indonésie, la Malaisie, le sultanat de Brunei et l’Algérie, mais la révolution du gaz de schiste aux Etats- Unis, ainsi que l’émergence de nouveaux foyers de GNL dans le monde, ont réduit Sonatrach en 2013, à un acteur »mature » mais non régional majeur « , a expliqué Mohamed Ben Ziri, directeur d’Etudes et de Planification de la direction de Commercialisation de Sonatrach, lors de la 2e journée de la Conférence internationale sur l’industrie du gaz en Algérie qui se tient à Oran depuis hier.
M. Ben Ziri a ajouté que l’Algérie, qui alimentait, par le passé, à 25% le marché européen, risque de ne pas maintenir cette place : » Il faut développer de nouvelles stratégies pour essayer de s’assurer dans le futur 10% du marché européen, et une bonne stratégie consiste à aller chercher les opportunités là où elles se trouvent. » La perte du marché européen, marché traditionnel pour l’Algérie, pourrait être provoquée par la tendance baissière de la consommation européenne de 12% d’ici 2025-2030, en plus de l’orientation européenne vers la sécurité d’approvisionnement et l’énergie propre.
L’Algérie a pourtant accru sa production et sa commercialisation de GNL durant les cinq dernières années : elle qui a vendu, lors de la dernière décennie, l’équivalent de 4,4 milliards de dollars/an en GNL, prévoit d’augmenter ses ventes à 12 milliards de dollars/an dans les cinq prochaines années, a expliqué Nassim Hallal, directeur de Stratégie et Intelligence économique de Sonatratch.
Sonatrach, a dit M. Hallal, prévoit d’investir 42 milliards de dollars d’ici 2018, pour augmenter sa capacité de production de gaz naturel liquéfié à hauteur de 225 milliards TOE, dont, 22 milliards seront alloués au développement de nouveaux chantiers pétroliers et 5 milliards au développement de nouveaux gazoducs.
La capacité contractuelle installée de production de GNL en Algérie est estimée actuellement à 61 millions de m3 de GNL par an. Le pays, a indiqué M. Ben Ziri, possède, en outre, une capacité excédentaire en matière de liquéfaction, dont la capacité de transport est estimée à 1 million de mètres cubes.
M. Ben Ziri a affirmé que Sonatrach s’apprêtait à acquérir de nouveaux méthaniers pour renforcer la flotte destinée au transport du GNL. Le directeur de la Compagnie du transport maritime des hydrocarbures Hyproc, M Smaïn Larbi Gomri, a confirmé à Maghreb Emergent que c’est son entreprise, sise à Oran, qui va signer les contrats de commande: » C’est la première fois, depuis les années Boumediene, que l’Algérie achète des méthaniers ! « , s’est-il félicité.
Ces investissements et cette tendance à l’augmentation de la production gazière algérienne pourraient être, cependant, hypothéqués par l’arrivée du gaz de schiste sur le marché mondial des hydrocarbures. Le gaz de schiste couvrira 13 à 26% des parts du marché mondial de gaz à l’horizon 2020, selon Fadi Witold Mitri, manager au département du GNL à Shell.