La Fédération internationale des journalistes intensifie sa campagne pour la libération du journaliste algérien Ihsane El-Kadi, emprisonné depuis 600 jours. Dénonçant une atteinte flagrante à la liberté de presse, la FIJ exhorte les autorités algériennes à agir, faisant de cette affaire un symbole de son combat pour les droits des journalistes à l’échelle mondiale.
Dans les couloirs feutrés du pouvoir algérien, un nom résonne comme un écho persistant : Ihsane El-Kadi. Ce journaliste dont la voix critique a longtemps fait trembler les murs du statu quo, marquait jeudi un triste anniversaire : 600 jours derrière les barreaux.
El-Kadi, figure de proue de Radio-M et Maghreb Emergent, se retrouve au cœur d’une tempête judiciaire qui soulève de nombreuses questions. Condamné à sept ans de prison pour un prétendu « financement étranger à des fins de propagande politique », son cas est devenu le symbole d’une liberté de presse en péril.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) ne mâche pas ses mots. Anthony Bellanger, son secrétaire général, déclare avec fermeté : « Notre collègue est privé de sa liberté depuis 600 jours simplement pour avoir fait son travail. Il ne devrait pas passer un jour de plus en prison ». Une déclaration qui résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel déjà orageux de la presse algérienne.
Mais l’affaire El-Kadi va bien au-delà d’un simple cas individuel. Elle met en lumière les rouages d’un système où le financement des médias devient une arme à double tranchant. D’un côté, des médias dépendants du soutien gouvernemental. De l’autre, une loi qui interdit le financement étranger, créant ainsi un étau dans lequel les voix dissidentes se retrouvent étouffées.
L’ironie du sort n’échappe à personne. Alors que le président Tebboune, en campagne pour sa réélection, gracie plus de 8 000 prisonniers, El-Kadi reste derrière les barreaux. Un oubli ? Un message ? Les spéculations vont bon train.
Le parcours d’El-Kadi, lauréat du prestigieux prix « Omar Ourtilane » pour la liberté de la presse, témoigne d’un engagement sans faille pour les libertés démocratiques. Ses écrits, notamment sur le mouvement Hirak, ont visiblement touché une corde sensible au sein du pouvoir.
La communauté internationale s’en mêle. Le Parlement européen a fait entendre sa voix, appelant à la libération du journaliste. Mais jusqu’ici, ces appels se sont heurtés à un mur de silence.
L’affaire El-Kadi n’est pas qu’un simple fait divers judiciaire. C’est le baromètre d’une démocratie en quête d’elle-même, où la liberté d’expression se joue sur un fil. Alors que l’Algérie se prépare à des élections cruciales, le sort d’El-Kadi pourrait bien être le révélateur des défis qui attendent le pays.
Dans cette saga judiciaire aux allures kafkaïennes, une question persiste : combien de temps la voix d’El-Kadi restera-t-elle muselée ? La réponse à cette question pourrait bien définir l’avenir de la liberté de presse en Algérie.