L’Algérie est un paradis pour le blanchiment de l’argent sale. Une clé d’explication au méga scandale de la cocaïne.
Par l’économiste Ferhat Ait Ali.
Le Trafic de stupéfiants au niveau mondial, est un phénomène intimement lié à d’autres phénomènes, dont les uns sociaux et supposés légaux, et d’autres politiques et illégaux.
Les facteurs légaux de prospérité des réseaux de narcotrafiquants, se situent au niveau social, dans le besoin de revenus alternatifs dans des sociétés soumises à des conditions sociopolitiques alliant le délaissement économique à la permissivité juridique des pouvoirs en place, aussi bien sur les sites de production de départ, qu’au niveau des sites de consommation finale.
Au fond, pour le gros des drogues, les mêmes facteurs propulseurs du phénomène, peuvent prévaloir chez les producteurs et chez les consommateurs, sous forme de mal vie, parfois matérielle, et aussi morale et existentielle.
Cette dernière facette, s’affiche particulièrement bien dans le cas de la cocaïne, dont le coût final du gramme, classe cette drogue dans la lubie de classes aisées oisives ou à la recherche d’une fausse solution miracle chimique aux carences psychologiques et intellectuelles de pans de la société se croyant être une élite, alors qu’elles ne sont que les excroissances d’accidents économiques ou politiques.
L’autre facteur légal de prospérité de tous ces trafics, est paradoxalement leur qualité de trafics, induite par la prohibition de substances précédemment non prohibées à partir de la seconde moitié du 20ème siècle.
Loin d’éradiquer ce trafic, cette prohibition internationale, a en fait crée le terrain idéal pour un brassage de fonds inimaginable jusque là.
Que ce soit en terme de surfaces cultivées toutes drogues confondues, ou de chiffres d’affaires, un marché qui somme toutes obéit à toutes les règles objectives de tout marché, qui consiste en les limites, induites par sa rentabilité, les surfaces et personnels nécessaires à son expansion géographique, et surtout la clientèle cible, s’est retrouvé, en position de générer 100 fois plus de revenus, finaux, en tenant compte de toutes les limites, et même de l’aggravation de leur étau par la chasse qui leur est faite par les services de sécurité de tous les pays, qu’elle soit effective ou supposée.
Volume et flux du trafic mondial
Le commerce Mondial des narcotiques, draine ainsi, entre 500 et 700 Milliards de dollars de chiffres d’affaire, pour un tonnage estimé à 70.000 tonnes en herbe pour le cannabis et à 12000 tonnes pour la résine, 1400 tonnes pour la cocaïne, extraite de 300.000 tonnes de feuilles de coca, et 4500 tonnes d’opium et 500 tonnes d’héroïne, on se retrouve avec le rendement moyen à l’hectare le plus rentable de toute l’histoire de l’humanité, pour des surfaces de l’ordre de 2 Millions d’hectares, dont 250.000 pour la cocaïne, 500.000 pour l’opium et l’héroïne qui en est extraite, et 1,25 Millions d’hectares pour l’opium.
Mais si nous prenons pour base les chiffres d’affaire, qui planchent à 250 Milliards de dollars pour la cocaïne, 150 pour le cannabis, et 100 pour l’héroïne, on se retrouve avec quand même, avec des rendements finaux, de l’ordre de 1 million de dollars l’hectare pour la cocaïne, 150.000 dollars pour le cannabis, et 300.000 dollars pour l’héroïne.
Globalement, comparé aux drogues, celui de l’or pur, rapporte, 0,75 grammes de cocaïne, 7 grammes de cannabis et 2 grammes d’héroïne.
On se doute bien, que ces rendements financiers, ne sont pas réalisés sur pied au niveau des champs de culture, ni même au niveau des laboratoires de synthèse de ces poisons, mais à 90% et parfois à 95% au niveau du reste du circuit.
Dans les faits, tous les pays impliqués dans ces trafics en amont, en engrangent à tout casser au niveau de leurs circuits de production et distribution de base, un maximum de 30 milliards de dollars, le reste étant prélevé au niveau de la distribution, sous forme de salaires de la peur pour les uns et de la position de protecteur pour les autres.
Comme avec la prohibition de 1920 aux états unis pour l’alcool, et toutes sortes de restrictions sur n’importe quel produit même anodin par n’importe quel état, c’est tout autant de chiffres d’affaires inexistants auparavant, qui sont crées du néant, et intégralement orientés chez les franges criminelles des sociétés, créant ainsi un PIB underground ex nihilo, qui représente grosso modo, entre 40 et 50 fois le PIB maximal en conjoncture normale.
Fondement politiques
Pour les fondements politiques et illégaux de ces trafics, ils sont de diverses natures, et vont de la création d’une source de fonds non identifiés pour les uns, aux financements d’autres activités encore plus dangereuses avec une nouvelle forme de monnaie pour les autres.
Dans les pays producteurs, ou il est évident, que la complicité ou la compréhension rétribuée ou intéressée des autorités cela améliore le quotidien de larges pans des populations de régions paupérisées et sans perspectives, tout en leur faisant engranger des revenus illégaux, impossibles à atteindre avec une situation de légalité de ces produits.
Dans tous les autres pays, les chiffres d’affaires engrangés en cours de route, entretiennent toute une faune criminelle allant du petit dealer de banlieue, au grand baron intouchable en passant par les services spéciaux et autres officines, pouvant financer leurs opérations, avec la seule monnaie, quasiment inratable en l’état, même en cas de prise, la remontée des réseaux n’allant jamais jusqu’à l’amont, comme dans les comptes off shore en poupées russes.
Une cargaison d’armes ou de pierres précieuses, peut être réglée en drogue au cours de gros et assurer une discrétion dans les deux sens du flux.
Il ne faut de ce fait pas s’étonner que le trafic d’horienne en provenance d’Afghanistan, réduit par les Talibans qui en avaient pourtant besoin pour leur semblant d’état, du fait qu’ils étaient financés par d’autres filières plus sures avant de se mettre les USA sur le dos.
Prospère depuis que les marines sont à pied d’œuvre dans ce pays, et que les Talibans en soient réduits à cette unique forme de financement, qui semblent leur suffire et ne pas trop déranger leurs ennemis supposés, au point de voir les surfaces cultivées augmenter à 10% des surfaces dédiées aux céréales dans notre pays.
Les officines spécialisées dans le blanchiment tout azimut de ces centaines de milliards de dollars, prélèvent encore plus que les trafiquants eux même, tout en restant dans les limites de la légalité, générant des profits qui ne vont tout de même pas vers le néant, mais finissent par alimenter d’autres circuits tout aussi délictueux et sombres, un milliard de dollars, blanchi, ne permet de récupérer qu’entre 100 et 300 Millions à son détenteur, mais les 700 à 900 Millions restant, eux ne sont pas plus légaux que ceux blanchis, et finissent par être réinjectés dans les mêmes circuits d’une manière ou d’une autre, y compris dans les milieux de la corruption à grande échelle eux même obligés de blanchir le fruit de leurs indélicatesses.
En comparaison le pétrole, lui brasse 2500 Milliards de dollars au cours actuel moyen, pour 4,4 Milliards de tonnes produites et vendues, et touche 7,2 Milliards de clients en lieu et place des 220 Millions de consommateurs potentiels dont 185 rien que pour le Cannabis.
Pour la cocaïne, on tourne à carrément un gramme pour un Baril de pétrole vendu.
Et curieusement, c’est la variété de stupéfiants dont la plus forte proportion est saisie chaque année, soit environ 900 Tonnes sur les 1400 produites en moyenne, ce qui laisse une quantité de 500 tonnes en consommation finale, dont en moyenne 160 pour les Etats-Unis, 125 pour l’Europe, 15 pour le Canada, 15 à 20 pour le Mexique, 20 pour le Brésil et le reste pour le reste du monde dont l’Algérie semble devenir un élément de plus en plus important au vu des prises récentes.
La difficulté dans l’estimation exacte des chiffres d’affaire réalisés en aval de ces marchés, vient du fait, que les derniers segments de la chaine, coupent le produit de base en fonction de leur appart du gain et de la nature de leur clientèle finale. Le produit étant généralement pur entre 70 à 90%, au départ de ses fiefs sud américains, et arrivant chez les consommateurs à des teneurs allant de 25% en Europe à 55% en Amérique latine, et descendant à 6% en moyenne, pour le cas de l’Algérie, selon les statistiques de l’office des nations unies contre la drogue et le crime, pour 2015.
Si la teneur en cocaïne pure peut être établie sur analyse des grosses prises, l’estimation de la teneur finale est en général établie selon les prises effectuées sur les consommateurs finaux, ou les petits revendeurs.
Un étude de marché pour cette drogue dure fait ressortir certains faits qui auraient du être pris en compte depuis longtemps dans le déroulement des enquêtes locales, au niveau des services chargés de la répression de ce trafic, pour peu que chacun fasse la tâche pour laquelle il est payé, et même pourvu d’un statut et d’une protection aux frais du citoyen algérien, et là je parle du fameux observatoire qui manifestement a été frappé de cécité en la matière.
Les bases de données existent, ainsi que la collaboration avec les polices et autres services des autres pays sur simple demande, et elles permettent d’arriver à ces conclusions quand on se donne la peine de les exploiter méthodiquement.
- Le gros des arrivages sur la zone méditerranée ouest, sont le fait de débarquement sous couverture légale ou illégale, effectués sur les cotes ou ports espagnols, à partir d’Amérique latine, et plus exactement sur valence, Tarragone et Barcelone, pour les transports par containers de produits importés en camouflage.
Et les côtes d’Andalousie, des Canaries et de Madère, pour les transbordements à partir de « Gofast » dénomination de semi-rigides quadri-moteurs croisant à trente nœuds et plus.
- Les cargaisons arrivant sur les ports espagnols, viennent presque toutes du port brésilien de Santos, qui devient une plaque tournante, principale de ce trafic par voie d’embarquement dans des cargaison d’apparence légale, et repart en intégralité par voie maritime vers d’autres ports européens en général, et particulièrement Italiens, ou l’essentiel finit à Région di Calabre chez la n’dranghetta, qui gère le gros et la réception, et chez la camorra qui prend le relais à partir de Naples pour la distribution en Italie et en Europe de l’ouest.
- Les autorités espagnoles effectuent des saisies moyennes de 25 à 30 tonnes par an, soit plus que le reste de l’Europe réunis, ce qui rend suspect toute marchandise ayant une origine sud américaine, finissant en Algérie, et transitant sur ces ports espagnols, et particulièrement quand il s’agit d’un produit, ou le paya d’origine n’est pas compétitif en rapport qualité prix avec d’autres.
- Les Cartels Colombien et leurs acolytes brésiliens, ne sont pas très enclins à céder le produit en amont, au prix de départ, et essaient de ce fait de garantir l’acheminement à bon port, pour le réseaux locaux, histoire de se ménager une partie de la marge de vente, et aussi de contrôler et de perfectionner leur circuit marchand, et de ce fait ils ont tissé une toile criminelle, qui fait que le gros de leurs clients principaux se retrouvent liés par une forme de concurrence qui devient coopérative et ce quelque soient leurs origines et marchés finaux.
- Curieusement, en 2009, la disparition d’un camion de papier monnaie algérien, à Marseille, a permis de remonter la filière des faussaire jusqu’à Naples chez la Camorra, qui comme par hasard, est chargée du trafic de cocaïne de détail pour le gros des quantités écoulées en Europe, or il se trouve que quand on bricole dans la cocaïne sans états d’âme, le fausse monnaie est une activité ludique en comparaison.
Et le chargement de ce Camion que tout le monde semble avoir oublié, permettait d’imprimer 40 Milliards de dinars en Billets de 1000, et il suffit de soustraire les bobines et billets saisis, pour estimer le danger qui reste en circulation, et de ce fait de contrôler les flux, entre les ports espagnols, Italiens et Algériens, sur plusieurs années, pour avoir une idée de qui fait quoi, dans quel sens et pour quelles raisons objectives, pour cerner au plus près les éventuels suspects dans les deux sens des flux.
- Pour les cargaisons non camouflées en importations, le cap vert et la Guinée Bissau, semblent être devenus des portes d’entrées massives vers l’Afrique de l’ouest au vu des prises effectuées essentiellement par des marines occidentales et surtout françaises dans les eaux internationales au large de ces pays, ce qui suppose qu’elles sont destinées à l’Europe occidentale et non à l’Afrique.
Or les lignes de passage vers l’Europe, ne peuvent passer que par les pays du Maghreb, ce qui ouvre une autre porte de suivi de ces flux, et des acteurs éventuels de ce genre de trafic, en fonction de leurs contacts, déplacements, opérations commerciales et communications avec des acteurs supposés économiques de tous les pays de passage subsahariens.
- Les opérations de trafic de drogues et particulièrement de cocaïne, génèrent des quantités colossales d’espèces, qu’il est impossible de blanchir à grande vitesse, en dehors des circuits liés de près ou de loin à l’immobilier, qui permet de justifier des marges spéculatives énormes pour les promoteurs indélicats, et des dispersions de fonds criminels dans le marché informel chez toutes les partes ayant accepté ou une vente sous déclarée de bien immobilier, ou une corruption quelconque pour couvrir le trafic de numéraires en amont et en aval du blanchiment.
Techniquement, l’Algérie est le seul pays ou il est possible de faire du blanchiment à grande échelle sans trop de pertes financières sur le circuit, tant l’économie n’obéit à aucune règle générale de contrôle des flux et des prix.
Ainsi, un trafiquant, peut acheter une vielle bâtisse à un prix prohibitif, en injectant une partie de se revenus, construire une nouvelle bâtisse à un cout raisonnable en justifiant ses charges, revendre avec une marge déclarée de 400% du cout initial de sa mise, en payant tout simplement les impôts et taxes dus sur une transaction légale, pour retrouver tous ses fonds en fin de cycle lavés et parfois avec une plus value même, ce qui est impossible en Europe.
- La présence quasi légale de toutes sortes d’informels forcés et tolérés en même temps, en dehors
de tout cadre légal, permet de faire circuler des milliers de milliards de dinars, soit des centaines de milliers de milliards de nos centimes ou des dizaines de milliards de dollars, dans un No mans land juridique, qui brasse de la pension de extraite den euro, aux fonds des terroristes, en passant par toutes sortes de gains mal acquis dont les fruits de la corruption ne sont pas des moindres, et un ou deux milliards de dollars de stupéfiant, peuvent naviguer être ces flux sans attirer beaucoup d’attention dans la société, mais pas chez les services spécialisés.
Mais pour revenir au cas qui nous intéresse, en l’occurrence celui de ce fameux Boucher , qui semble être passé du statut de personnalités nationale à celui de criminel vedette de l’été 2018, et ses 701 kg de stupéfiants, des remarques liées à ce qui a été dit ci-dessus, auraient du être faites depuis longtemps, et d’autres peuvent être faites maintenant qu’une partie du pot aux roses a été découverte.
Ainsi, et selon la version semi officielle connue jusque là, ce serait les autorités espagnoles qui sous des canaux qui restent à vérifier auraient avisé leurs confères Algériennes de l’existence de cette cargaison à Bord d’un seul et unique container parmi la dizaine débarqués au port de valence par un cargo en provenance du Brésil.
Or il se trouve que ce Kamel Chikhi, a importé sa viande au nom de sa propre société, ce qui parait curieux pour un personnage qui sait ce qu’il risque en cas de découverte, à moins d’être sûr de son coup, et d’avoir quasiment sécurisé son itinéraire une fois au port Algérien.
Mais en guise de circuit d’acheminement interne, de réseau de distribution et de clientèle finale, ainsi que de complicités rétribuées ou surtout de parrainages, les choses ne semblent pas vraiment avancer dans le sens voulu, alors que la tête de la pyramide supposée est sous les verrous.
Ce qui semble curieux, quand on sait que toutes ses communications, données personnelles et même vidéo sont entre de bonne mains, et ont même fini chez des chaines de télévision sans que personne ne sache au juste comment, et en vertu de quel pouvoir et loi.
En l’absence d’informations officielles fiables, on ne peut que spéculer sur des hypothèses de départ en fonction des éléments existants et reconnus officiellement, à la lumière des données déjà collectées auprès des organismes internationaux en charge de ce phénomène.
Pour cerner les points suivants:
- La présence de matériels de largage et de repérage de cargaisons flottantes à bord du container de viandes contenant la cocaïne.
La présence de ce matériel, a donné lieu à des supputations diverses, quant à l’intention des trafiquants de larguer leur curieuse cargaison en cas d’interception en mer, ou de soupçon d’attente à quai par un service spécialisé, ce qui est possible dans l’absolu.
Mais il se trouve que ce matériel a été embarqué à Santos au Brésil et non à Valence, comme eN témoignent les scellés d’origine non brisés par les douanes espagnoles, qui curieusement sont la source première de la suspicion, mais qui auraient, si on retient cette option, laissé l’honneur du bris de scellés aux autorités Algériennes.
Or en l’absence de trafiquants à bord ou dans les parages du bateau arraisonné, les membres de l’équipage du bateau venant de Valence, étaient les seuls aptes à faire cette opération en mer, en cas de danger être Valence et Alger, et ils ont tous été libérés, ce qui écarte leur connaissance de la nature de ce qu’ils transportaient aux yeux de la justice Algérienne.
Il reste de ce fait, l’équipage du premier bateau Brésilien, qui lui aurait pu faire ce genre d’opération en mer, à la sortie du port de Santos ou aux abords de Valence, en cas de danger, or jusqu’ici ce fameux bateau venant du Brésil, et son équipage, est une inconnue de cette procédure.
Sinon, il reste l’hypothèse d’un autre largage en mer, mais cette fois ci, à la réexportation, vers un pays européen, à partir des cotes Algériennes, moyennant un autre moyen de transport moins voyant et à partir d’un autre port ou partie de la cote, la marchandise devant de ce fait être lestée ici, et larguée à l’intention d’autre trafiquants en gofast, qui profitant des vagues d’émigrants clandestins et de la surcharge des marines et gardes cotes italiens, pourraient prendre de vitesse les filets de contrôle.
Mais dans ce cas de figure, les trafiquants locaux, peuvent s’équiper en balises et flotteurs sur d’autres marchés, et avoir leur propre logistique locale, sans s’encombrer d’équipements qui rendent le container suspect pour un scanner, personne n’ayant l’idée d’importer des balises congelées avec de la viande du Brésil.
La présence de ces équipements à bord du container, suppose, une complicité du premier équipage, et aussi la présence d’un réseau rodé et ayant un mode opératoire et une logistique bien conçue, et ne pas être à son premier coup dans les parages.
Ce monsieur Kamel Chikhi, ne semble donc pas être un client local occasionnel, mais le maillon d’un chaine qui a déjà opéré avec succès sur le même circuit et le même mode opératoire, pour que les cartels engagent une cargaison de 700 Kg avec lui, sachant que dans les cas de prises avant la réception, la règle générale étant que les cartels remboursent la moitié du paiement effectué intégralement avant l’embarquement, pour un partage de la casse.
- La pureté de la cargaison saisie.
Ce paramètre est très important, parce que de la pureté du produit saisi, dépendent les chiffres d’affaire attendus, en effet, pour l’Algérie, les données de l’ONU, retiennent que le prix du gramme oscille entre 115 et 140 dollars, pour 2015, mais aussi que la pureté va de 2% à 10% avec une moyenne de 6%, ce qui laisse présager de gros bénéfices si le produit livré est pur à plus de 70%, ou une livraison déjà coupée avant le chargement, et destinée à une distribution directe au cours et à la teneur locale.
Cela suppose aussi, que si elle est pure, il existe des laboratoires de coupe clandestins locaux, chez les revendeurs, ou le Boucher lui-même, ou qu’elle a couté globalement dans le 1 dollar le gramme, soit 700.000 dollars à l’achat, si elle n’est pas pure à plus de 10%, sur la base de 10 dollars le gramme dosé à 90%, avec une ristourne de quantités.
Une affaire de ce genre à 1 dollar le gramme, revendu à 115 dollars ou plus, permet d’engranger des gains jamais vu ailleurs sur le marché de la drogue, soit 100 fois la mise de départ, et évite de la couper localement, engendrant des surcouts et des pertes de temps, mais surtout des complicités peu fiables et des pertes de gains énormes.
Il y a de fortes chances que le quidam, se soit arrangé avec les narcos pour une coupe sur site, et une livraison prête à l’emploi, au vu des gains qu’il engrange, en vendant sa marchandise, sur laquelle, en lâchant le tiers aux intermédiaires et autres complices, lui laisse quand même, 5 milliards de dinars à lui seul, chiffre qui correspond à ce qui semble avoir été saisi chez lui, en espèces, probablement le produit d’une précédente affaire du même genre, pas encore blanchi.
Si le produit saisi, est de faible teneur, et ne nécessitant pas de coupe locale, il suffit à environ 3 mois pour une clientèle de 10 à 15000 personnes, ce qui semble être la taille du marché local. qui est devenu prospère depuis un certain temps, vu la prospérité subite des tares semi citadines, et l’augmentation exponentielle de celle des riches oisifs, tous concentrés dans des endroits précis, depuis que l’économie a été prise en otage par l’alliance de politiques corrompus et de prédateurs incultes.
Mais si le même produit est à forte teneur en cocaïne, il est question d’une capacité de coupe de 10 fois cette quantité selon la norme locale, soit 30 Mois de consommation, pour des gains de l’ordre de 750 Millions de dollars, mais un cout d’achat de 7 Millions de dollars sur site, ce qui parait peu évident, risqué en capital injecté et surtout long à écouler sur le marché local, et nous renvoie à la piste de transit, qui elle n’est pas fiable vu que le prix local de la coupée est supérieur à celui pratiqué en Europe, même au cours parallèle.
- Le Circuit de distribution.
En Europe ou au états unis, ou le crack qui est un produit dérivé plus dangereux et moins cher semble avoir démocratisé en partie la consommation de cocaïne, il est
nécessaire aux trafiquants de lâcher plus de la moitié de leurs gains à tout un réseau étoffé de dealers qui ratisse les boites de nuits et les quartiers chauds des grandes villes, à la recherche de clients nouveaux et à l’approvisionnement de la clientèle habituelle.
Par contre dans le cas Présent, l’essentiel de la clientèle de détail semble être concentré, dans quelques zones limitées ou trainent des catégories sociales bien définies et en contact permanent, principalement à Alger et Oran, ou les établissements accueillant une véritable caste de nouveaux et anciens nantis se comptent par dizaines au maximum, plus les quartiers exclusivement habités par cette faune.
Ce qui limite aussi bien les intermédiaires de gros que ceux de détail, au nombre de doses quotidiennes, ou hebdomadaires, qui sont au nombre des clients potentiels, divisés par 100, de ce fait une centaine de détaillants essentiellement recrutés parmi une partie de cette même clientèle, surtout celle au dessus de tout contrôle routier ou d’approche policière.
Auxquels une vingtaine de grossistes au maximum, peut être adossée, plus comme isolant avec le maitre du jeu, que comme commerciaux nécessaires au trafic lui-même.
L’essentiel étant que tout ce beau monde, soit à rechercher, dans la classe ou les corporations qui bénéficient de protections naturelles, du fait du poste du paternel ou de leur propre poste, soit dans le milieu consommateur lui-même, et chez les plus hautes castes hiérarchiques, dans tous les corps, corporations et confréries politique du pays.
Ce qui corrobore tout cela, est le fait, que malgré les prises de quantités conséquentes sporadiquement dans le pays, et de réseaux plus ou moins artisanaux dans le passé, à ce jour, le nombre de consommateurs arrêtés pour fait de cocaïnomanie, soit dérisoire et pour ainsi dire inexistant, ce qui est curieux vu les quantités, et les sommes brassées par le
personnage de Kamel Chikhi, sachant qu’un toxicomane est plus facile à épingler qu’un dealer dans une situation normale.
A cet égard, si une enquête devait être faite dans le sens du démantèlement d’un réseau local, comme le supposaient probablement les espagnols, le fait d’avoir sous la main, la tête de file du réseau, permettrait de redescendre vers le bas, en quelques jours ou heures, à partir des premiers grossistes, pour arrêter toute la filière, ce qui semble bloquer au niveau de la qualité des futurs pensionnaires des prisons et centres de désintoxication locaux.
Il y a fort à parier, que quelques quartiers d’Alger et même quelques bureaux bien situés, seraient vides dans les prochains mois si cela devait arriver, ceci sans compter le scandale politique majeur.
Il est évident que dépenser 100 dollars par jour, pour se sentir dans la peau d’un superman durant une demi heure, n’est pas à la portée du toxicomane de base de nos villes, ni dans la vocation des riches par leur activité propre de l’intérieur du pays, ou même des grandes villes.
Il est aussi sur, que personne ne peut laisser une telle cargaison à la merci du hasard, ni même de collusions mineurs avec quelques agents de grade inférieur ou subalterne, à moins d’être idiot, ce qui semble loin d’été le cas de ce suspect, et ce qui l’est encore moins pour ses fournisseurs.
De ce fait, un marché, supposant des clients, un circuit et des complicités bien rodées et elles même sécurisées à un haut niveau, et dans lequel tous les barrages éventuels sont neutralisés d’une manière ou d’une autre, il est curieux, qu’une affaire dans laquelle, si l’intervention des espagnols n’avait pas eu lieu, la marchandise aurait fini face à un contrôle douanier et des services sanitaires et du commerce, on ait pas encore débusqué un élément dans une de ces structures clé.
La clientèle fidélisée semblant été présente localement vu la quantité, cette clientèle a été fidélisée et approvisionnée par d’autres livraisons passées, sans qu’aucune prise sérieuse n’aie été effectuée sur les flux de ce monsieur, ni même chez un client ou dealer de petite envergure, ce qui semble faire de ce trafic une sorte de jeu de pommes royal, limité à une frange donnée ou les clients et les fournisseurs semblent liés par autre chose que le trafic lui-même, et limités socialement et géographiquement à un degré ou les fuites sont quasi impossibles ou court-circuitées au départ.
- Les moyens de financement.
Les spéculations sur les voies et moyens de règlement de ce genre d’achat aux cartels, allant bon train, il est clair, que si le taux de pureté est des plus bas, au départ, l’acquisition n’a pas couté plus de 1 million de dollars, y compris pour les frais d’acheminement des fonds à bonne destination.
Et cette question nous renvoie au volet blanchiment, et suspicions devant sous tendre l’action des services spécialisés, et surtout aux techniques d’investigation financière à priori, et aux indices de suspicion avérés, sur toutes les transactions de commerce international; une analyse en temps réel des données était effectuée, par une cellule réellement spécialisée, et non des structures sans âme à la composante humaine aussi peu fiable techniquement que redevable de réponses sur son inertie juridiquement. Une analyse des opérations d’importations de Viande Bovine entre 2001 et 2017, montre des évolutions Bizarres de nos importations, avec le recul de certains pays à partir de 2011, et l’émergence d’autres, mais aussi avec le maintien ou l’arrivée d’opérateurs comme Chikhi et ses sociétés, sur le marché Brésilien à des coûts unitaires de la viande supérieurs à la moyenne de nos importations.
Ces données permettent de constater que le marché, algérien des viandes congelées d’importation , était au départ argentin, et de petite envergure, avant de basculer vers le Brésil à partir de 2005, pour maintenir cette tendance, jusqu’à 2011, exercice durant lequel l’Inde a pris le relais comme marché principal, à ce jour, ne laissant au Brésil qu’une part marginal de marché en terme de quantités, fluctuant entre 5 et 18% des quantités, mais entre 8 et 24% des montants.
Ce qui rapporté aux proportions en quantités, représente un différentiel de prix, fluctuant entre 18 et 70%, avec une moyenne statique de 40% sur quatre exercices.
Ce différentiel de prix, ne s’explique pas par les couts de transport, dans la mesure où l’Inde est plus chère en matière de fret et de droits de passage que le Brésil.
Ce qui en moyenne entre 2011 et 2017, donne un écart global de 1200 dollars la tonne de viande Bovine congelée entre un marché devenu principal (Inde) et un autre devenu secondaire (Brésil).
Pour des quantités importées sur les 07 années, de l’ordre de 231.000 Tonnes pour l’inde et de 29000 tonnes pour le Brésil.
Ce qui nous laisse de ce fait, un différentiel moyen de 1,2 Million de dollars pour chaque 1000 Tonnes importées, et suppose une surfacturation de l’ordre de 40%, permettant largement de dégager de quoi financer sur un total de 29000 Tonnes importées avec 35 millions de dollars de surplus, l’équivalent de 30 cargaisons de ce type, si la cocaïne est coupée à 10% ou de 4 cargaisons si elle l’est à 90%.
Nous voici de ce fait, devant la source de financement principale de ce trafic, en terme de montants, mais en terme de circuits de règlement, il est évident, que les mêmes circuits qui servent à alimenter le change parallèle, peuvent servir à n’importe quoi d’autre, et peu importe le cheminement obligé des fonds, qui peuvent être récupéré ensuite acheminés en liquide, ou suivre directement un circuit convenu entre le fournisseur de viande et des offshores multiple, pouvant aussi bien appartenir aux narcos latino américain qu’à notre Escobar local, ou une tierce partie.
- Suspicion d’activités occultes.
Les services spécialisés dotés de capacités d’investigation, et d’accès aux données, autrement plus rapides et plus puissants que mes modestes moyens, se devaient de se poser la question, sur le pourquoi du maintien des importations brésiliennes par ce personnage et d’autres s’ils sont plusieurs,
avec un tel différentiel de prix, qui additionné aux droits et taxes, les rend non compétitifs sur le marché local, ou ils ne semblent être ni en position dominante en matière de quantité, ni compétitifs en rapport qualité prix.
Dans les activités d’importation, il est évident, que quiconque arrive plus cher de 40% que la concurrence, dont il ne représente que 15% des volumes importés, court droit à la faillite, au delà de la deuxième opération, or notre quidam s’est avéré être le plus prospère, et plus que cela, le moins cher sur le marché, ce qui pose d’autres questions.
Son maintien sur ce pays, au prix même d’une visite au Brésil suite à des suspicions de non-conformité religieuse de ses produits, et l’intervention d’un Imam du terroir brésilien en sa faveur, ainsi que certains supposés chantage qu’il aurait subi de la part de journalistes mal lunés, pour un marché aux prix supérieurs de 40% au cours indien, étaient des indices plus que probant du caractère suspect de cette activité.
- Suspicion sur les revenus et gains du personnage.
Présenté comme une sorte de magnat de la viande congelée, l’intéressé, ne représentait que 15% du marché en quantités, et les importateurs ne sont pas légion sur la place, et probablement d’autre étaient plus lourds, mais avec des gains moins voyants, et pour cause
Avec un total de 123 Millions de dollars, d’importations, dans lesquelles on décèle un écart de 35 Millions avec ses concurrents partis sur la marché indien, l’intéressé et ceux restés avec lui sur ce marché brésilien, au cas où il y en aurait d’autres, ce dont je doute, avait travaillé officiellement sur une base en dinars.
La logique aurait voulu, qu’avec une marge maximale de 20% à la revente en gros, toutes ses opérations n’auraient débouché que sur 2,8 milliards de dinars de marge brute maximale en 7 ans, avec une moyenne de 400 Millions de dinars par an, et une fois les charges financières, fiscales et de gestion éliminées, un maximum de 1,5 Milliard de dinars, et à peine 100 Millions pour l’exercice 2011, et 400 pour 2015, son meilleur exercice, et je doute fort qu’il aie déclaré ce montant au fisc en revenu net.
En plus le personnage avait la réputation d’être très dépensier, et d’une générosité suspecte à ce niveau de gains, allant même jusqu’à être moins cher que la concurrence, moins chère que lui à l’achat.
Et comme tous les personnages suspects, il a crée toutes les conditions de la suspicion en voulant les écarter, sans que cela n’éveille le soupçon de qui que ce soit, parmi ceux chargés de veiller sur notre bien être financier.
- les activités annexes et acquisitions immobilières.
N’ayant manifestement pas eu recours aux concours bancaires pour réaliser ses opérations immobilières, du moment qu’aucune banque ne s’est manifestée pour réclamer son argent après le scandale éventé, on peut dire que l’intéressé, et malgré les cadeaux distribués ça et là, a très bien réussi dans l’immobilier, au point ou un journaliste a estimé ses bien je ne sais sur quelle base, une fois à 100 Millions et une autre à 200 Millions de dollars, dans un pays ou la monnaie est le dinar.
Mais toujours est il que 45 Permis de construire, c’est au moins 45 Milliards de dinars au bas mot pour des immeubles, foncier inclus dans des endroits très chers d’Alger.
Et ses gains sur la viande, ne représentent pas 2% de ce montant tous cumulés, alors d’où sort l’argent?
Des promotions immobilières elles même? Possible, mais dans ce cas en quoi consiste l’utilité de rester sur une activité d’importation, à trimballer des milliers de tonnes de viande à travers l’atlantique, pour 2% de ce qu’on gagne à Alger en vendant des bien immobiliers, qui s’autofinancent en plus?
Telles sont les questions qui auraient du être posé, avant et pas après que les espagnols aient décidé de lever le voile sur cette fourmilière criminelle, en signalant la cargaison et en attendant les résultats, qui manifestement remontent à l’amont oublié des enquêtes jamais faites, au lieu de se concentrer sur l’aval narcotique désormais acquis comme une certitude.
Au delà de ce personnage, qui n’est probablement pas le seul ni dans cette opération, ni dans d’autres du même acabit, ou sur d’autre drogues de différentes activités criminelles, la volonté de gouverner dans la transparence, se manifeste par la prévention en amont de ce genre d’actes, par des investigations, effectuées par des équipes formées, techniquement outillées, ayant accès à toutes sortes de données, et sachant les exploiter en temps réel, sans excès ni permissivité, et surtout sans fil à la patte.
- Le caractère pérenne et chronique de ce genre de trafics, tant que les réseaux sont en place.
Il est certain, que d’autres sont actuellement même à l’œuvre, pour une reprise des parts de marché dans la cocaïne, et toujours actifs sur d’autres drogues dures ou moins dures, pour des chiffres d’affaire autrement plus conséquents que ceux-ci, qui finissent toujours par converger avec toutes sortes d’autres fléaux, dont le plus dangereux n’est pas le terrorisme comme on se plait à la galvauder, mais la corruption à toutes les échelles de la société et de l’état, qui est justement la matrice de tous les terrorismes d’essences.
La quantité saisie, ne représentant vraisemblablement qu’une partie des quantités écoulées, ici et ailleurs, et en même temps, l’altitude de croisière temporaire avant de passer à un nouveau palier plus lucratif et plus dangereux.
Il est aussi sur, que les clients de ce monsieur Kamel Chikhi, ne vont se recycler dans le bicarbonate de soude, en attendant la reprise des livraisons, ni les fournisseurs, et faiseurs de route dans un autre trafic, pour une simple prise hasardeuse au demeurant.
Et tant qu’un mécanisme de pistage d’activités suspectes n’est pas pris en charge par des parties elles même non suspectes d’une éventuelle connivence, ce trafic reprendra sous d’autres couvertures, avec d’autres parties et d’autres fonds, disponibles, au vu des sommes colossales poussées vers l’informel de force par une réglementation qui ne semble se satisfaire que de fortunes suspectes ouvrant droit à tous les chantages et corruptions possibles, et servant en même temps de paravent social à des activités informelles bien criminelles et planifiées comme telles.
La nature des criminels et du crime, les poussant à généraliser les situations suspectes dans la société, pour mener à bien leurs opérations dans un chaos généralisé ou les cibles ne sont que rarement celles qui doivent être suivies.
- Le caractère suspect des activités immobilières du supposé trafiquant.
La rapidité avec laquelle ce personnage obtient habituellement, des terrains, permis de construire et autres faveurs devenues aujourd’hui intégralement suspectes du fait même de l’activité découverte en amont par un pays étranger avant tout et tous.
Ce mouvement de turbo-blanchiment a été le fait d’autorités qui ne pouvaient quand même pas se faire doubler par de petits fonctionnaires ou des agents de l’urbanisme de troisième collège, sur des sites ou le moindre M2, attire aussi bien les regards que la convoitise de tout le reste des groupes influents de l’endroit, ces agissements n’ayant pas pour théâtre une commune de l’intérieur du pays, mais l’épicentre de toutes les transactions bonnes ou suspectes depuis que ce lit d’oued dénommé Sidi yahia, est devenu ce que tout le monde connait à Alger.
Et dans le cas, ou la justice se serait autosaisie en vertu d’une légitime suspicion sur l’origine des fonds de ce monsieur, selon la procédure habituelle, et ce depuis des mois, selon les déclarations du ministre de la justice.
D’autres questions encore plus lancinantes se posent d’elles même.
La justice n’ayant ni qualité ni moyen pour lancer des investigations secrètes, toute procédure est enrôlée avec un numéro et confiée aux structures ayant compétence territoriale en la matière, ce qui en l’occurrence est la Police Nationale au vu des sites d’implantation intramuros des biens objets de ces financements, ou à la gendarmerie Nationale pour certaines investigations précises.
Des questions se posent à ce stade. Comment le suspect présumé principal dans ce trafic, qui semble avoir acheté d’une manière ou d’une autre une flopée de magistrats dans les limites de sa circonscription de blanchiment, n’a t’il pas eu vent de cette procédure? Comment s’est il offert le luxe et l’imprudence de continuer son trafic dangereux en se sachant suspecter d’activités illicites et objet d’une procédure, dont une partie clé consiste en sa convocation pour donner son point de vue aux services concernés sur instruction du parquet ?
L’autre question, étant aussi, comment des ministres qui auraient du être instruits de ne plus avoir de contacts avec lui, le trimballaient dans des cérémonies officielles en présence de hauts gradés des services de sécurité, sans qu’aucune partie ne les ait mis en garde contre cette présence toxique pour leur image et leur carrière?
Mais aussi, comment les services concernés par ces permis de construire n’aient pas fait l’objet de convocations dans le cadre de cette procédure, ne serait ce que pour avoir les devis estimatifs de ses réalisations immobilières et les couts déclarés de ses acquisitions foncières.
Manifestement jusqu’à la fin mai, rien ne paraissait suspect à personne d’autre que la justice ou du moins la partie ayant lancé la procédure en suspicion de blanchiment, et rien n’a filtré sur cette procédure, malgré la présence de magistrats de haut grade parmi les suspects de connivence.
On peut expliquer cela, par le souci de l’attente d’une cargaison de viande de l’intéressé pour avoir la preuve matérielle de l’origine du trafic, mais dans ce cas, une procédure n’a pas lieu d’être enrôlée, mais juste initiée par les services de sécurité les moins soupçonnés de connivence, en vue de donner corps à la suspicion, et dans ce cas le coup a marché par la réalisation de la saisie, mais n’a pas donné les résultats escomptés du fait de la non continuation du circuit jusqu’au passage en douane et à la livraison finale du produit de ce trafic à son destinataire et pourquoi pas aux clients finaux.
L’arrestation du présumé cerveau du trafic, aurait du donner lieu à une descente vers la filière en amont et en aval, mais il semble que ceux qui sont impliqués dans le trafic lui-même, n’aient été ni dénoncés par lui, ni assez idiots pour se faire filmer sur les lieux du crime de base, comme l’ont été les impliqués dans les dossiers périphériques.
Il est tout de même curieux, que ce féru d’enregistrements compromettants qui semble être une sorte de protection pour lui, aie eu l’idée de filmer toutes sortes de comparses dans ses activités de blanchiment, et aucun complice dans l’activité de base qui peut lui couter sa tète ou une perpétuité.
Conclusion
Toutes ces questions et remarques, sont valables pour toutes sortes d’autres trafics et groupes impliqués dans toutes sortes de trafics, les uns devenus même légaux et promus actes de promotion de l’économie nationale, avant le scandale supposé y mettre un point final, et ils sont légions et même devenus la règle dans ce que nous dénommons économie Algérienne par Abus de langage.
Et les jours à venir, nous renseigneront sur les aspects et parties que d’autres parties Algériennes ou étrangères voudront bien faire plonger comme solde tout compte d’une dossier scabreux parmi d’autres, mais le fond du problème, et la matrice de ces affaires à répétition, qui est celle de la promotion de toutes sortes de délinquances incultes au rang d’agents économiques, est et restera toujours en place, tant que les conditions qui ont présidé à sa naissance le seront.
La Lutte contre la délinquance économique, ne peut connaitre aucune suite honorable, tant que les tenants de la réglementation qui la sous tend, la soutient et la crée, sont en charge de grands pans des trois pouvoirs dans le pays.
Et tant que la classification des pouvoirs en termes d’emprise sur la société est viciée à la base, mettant l’exécutif au dessus du législatif et de la justice.
Mais surtout tant que la législation est faite par l’exécutif, soit par voie réglementaire, soit par voie de perversion des lois au niveau d’un législatif coopté pour ce faire, et par voie de perversion de leur lecture au niveau d’un pouvoir judiciaire devenu un appendice du pouvoir qui parait être tout sauf politique.
Les conséquences sur le pays, au delà du volet interne, qui s’apparente à une guerre d’intérêts et de groupes, plus qu’à un quelconque souci des effets sur son avenir, seront à un niveau international autrement plus lourd.
Quand il s’agit de cocaïne, tout le monde fait attention au traitement des affaires dans un pays donné, et à ce niveau de quantités, il est sur que les américains et les européens seront à l’affut des vrais détails et cheminements de cette histoire, certains pour se prémunir des méfaits de groupes qui n’ont manifestement pas beaucoup de scrupules en matière de sources de revenus, et certains pour se positionner par exploitation des données en leur possession pour dicter leur visions des choses, dans et hors de ce dossier.
Pour le Blanchiment, qui est un sport National, dans un pays ou l’argent afflue à flots dans les mauvaises poches et où la réglementation rend suspect même les fonds légitimes des citoyens impossibles à mettre dans le circuit normal sans se faire plumer ou ruiner par une nuée de prédateurs.
Il est sur que si des parties étrangères se mettent de la partie, elles auront tout le loisir de réduire à la mendicité les détenteurs des milliards de dollars blanchis ailleurs, ce qui ne serait pas une si mauvaise chose, pour le moral des victimes initiales de ces larcins, mais plus dangereux celui de se constituer une clientèle politique locale bien positionnée par voir de chantage, en vue d’accentuer et d’orienter les ponctions vers leurs économies et pas d’autres, ce qui est autrement plus dangereux.
Et cela peut sembler accessoire ou périphérique, mais après avoir suivi la conférence de presse du premier ministre qui n’en est pas à sa première sortie du genre, en matière de flagornerie et d’approximations, citant la main de l’étranger à tout bout de champ, alors qu’elle est dans notre poche par l’entremise de sa personne et autre parrains et comparses.
Renvoyer ce gouvernement dans les meilleurs délais en intégralité tous clans et soutiens confondus, ne serait qu’un petit bout de chemin nécessaire sur la voie de la rédemption, en attendant une refonte globale de l’état qui semble pris en otage par de variables gangs tapis à tous les étages des institutions.
C’est la moindre des choses, face à un scandale ou pratiquement tous les départements semblent être impliqués d’une manière ou d’une autre, directement ou indirectement dans des accointances douteuses avec ce personnage et d’autres qui ont encore le vent en poupe, mais qui paraissent plus dangereux que lui en terme de résultats sur l’économie, le moral, et surtout la réputation du pays.
Pas pour le remplacer bien sur par le second collège de maillons de la même chaine, mais par des personnalités nationales ayant quelque chose à défendre d’autre que leur croute et cheminements piégés.
Le reste du monde nous regarde chacun avec son agenda propre, et personne ne nous ratera ou ne se laissera doubler, dans les suites que connaitra le pays, avant ou après 2019.
Ce qui semble être légitime, pour un pays abandonné ou fourvoyé par sa propre progéniture.