Le président turc Recep Tayyip Erdogan joue la fibre « fraternelle » et appelle, à partir d’Alger, à fédérer les nations arabo-musulmanes de l’ancien empire Ottoman pour faire face au danger occidental et conquérir les marchés internationaux.
«Eau apportée ne fait pas tourner le moulin ». Recep Tayyip Erdogan, en visite ce mercredi à Alger, pour une première sortie officielle en tant que président de la République Turque, a fait appel à ce proverbe turc pour dire aux Arabo-musulmans de l’ancien empire ottoman, que les responsables portés au pouvoir par les avions et chars de l’Occident ne peuvent résoudre les problèmes dans lesquels se débattent leurs pays. Abordant les changements politiques qui interviennent dans la région, le président Erdogan a estimé, à la clôture du forum d’affaires algéro-turc tenu à l’hôtel Sheraton Club des Pins en marge de sa visite, que « les solutions importées ont tendance à compliquer les problèmes ». « Le monde connaît de grands changements notamment au Moyen-Orient et en Afrique du nord (MENA). Qui doit diriger ces changements, les citoyens de ces pays ou des puissances étrangères ? Quand nous importons des solutions, nous ne réglons pas les problèmes. Les solutions importées rendent les solutions plus complexes », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « La région (MENA, Ndlr) gâche ses richesses à cause de problèmes préfabriqués. Pourquoi la Libye ne peut pas utiliser son argent pour financer ses investissements ? Ce qui se passe en Libye, par exemple, est tragique. Selon les chiffres en notre possession, chiffres établis il y a quelques mois, ce sont 170 milliards de dollars qui appartiennent à la Libye qui sont aux mains d’autres pays ».
« Ce n’est pas une question d’importations ou d’exportations »
De la Libye, Erdogan passe à la Palestine pour mieux chauffer l’assistance composée d’hommes d’affaires : « Nous ne pouvons considérer les problèmes de nos frères comme de potentiels intérêts pour nous ! La mosquée Al-Aqsa vient d’être agressée par les Israéliens. Pouvons-nous ainsi dire que la cause palestinienne ne nous regarde pas ? C’est plutôt une agression contre la Turquie. Et l’Algérie également. Parce que la mosquée Al-Aqsa n’appartient pas uniquement aux Palestiniens. C’est notre lieu sacré à tous ! ».
Se voulant fédérateur, le président turc dénonce les interventions militaires en Syrie et en Irak : « Pouvous-nous accepter que les bottes de la soldatesque salissent les terres de Syrie, de l’Irak, de la Libye ou de l’Égypte ? Nos frères irakiens, syriens, libyens et égyptiens ont le droit du frère sur son frère. Nous devons préserver notre fraternité, il y va de la stabilité de nos pays. Aucun de nos frères ne doit vivre dans la peur des bombardements. Il est de notre responsabilité de se solidariser avec eux. La Turquie fait de son possible pour consolider des relations basées sur la solidarité et le partage entre tous nos frères pour qu’ils puissent jouir de leurs richesses ». Et, pour revenir à l’objet de sa visite en Algérie, la première en Afrique, a-t-il insisté, Erdogan souligne : « Ce n’est pas uniquement une question d’exportation ou d’importation. Quand l’Algérie est confrontée à un mal, la Turquie ressent la même douleur. La fraternité passe avant les échanges commerciaux. Et de notre côté, nous ferons ce qu’exige de nous cette fraternité ».
L’Algérie sur la bonne voie « sous le commandement de Bouteflika »
Erdogan n’a pas manqué d’apporter son soutien au président Abdelaziz Bouteflika avec lequel il s’est entretenu avant de venir présider à la clôture des travaux du forum d’affaires : « Je remercie mon cher frère Abdelaziz Bouteflika pour l’invitation et je lui souhaite un prompt rétablissement. J’ai beaucoup appris de mon entrevue avec lui. Il s’est érigé depuis longtemps comme un des repères de ce monde et personnellement, je veille à bénéficier de son expérience. L’Algérie est dans nos cœurs. C’est une sœur qui nous a toujours soutenus ». Il n’a pas manqué non plus d’appeler les hommes d’affaires turcs à « venir investir en Algérie » et le gouvernement algérien à « effacer les frontières avec la Turquie ». « L’Algérie est un pays qui a pu préserver sa stabilité, elle est sur la bonne voie sous le commandement de mon frère Abdelaziz Bouteflika. Je crois néanmoins que le niveau d’excellence auquel s’est hissée la relation entre l’Algérie et la Turquie reste insuffisant au vu du potentiel à exploiter. Le volume des échanges commrciaux entre nos deux pays s’est multiplié par 5 en si peu de temps, d’un milliard à 5 milliards USD. Nous devons effacer les frontières entre nous pour le porter bientôt à 10 milliards », a-t-il appelé.