Le site de l’hebdomadaire ITMag ne peut pas être mis à jour. Des considérations techniques liées à la plateforme d’hébergement empêchent l’équipe du magazine IT de mettre en ligne les articles parus sur la version papier. Les explications avec Abderrafiq Khenifsa, Directeur de publication d’ITMag.
Le site ITMag est à l’arrêt. Quelles sont les causes ?
Le site de ITMag n’est pas à l’arrêt et vous pouvez le vérifier (www.itmag-dz.com), qui existe depuis la création de notre hebdomadaire. Par contre, nous ne pouvons y pas apporter des mises à jour. Il y a plusieurs éventualités à cette situation. Nous ne savons pas vraiment ce qui bloque. Trois réponses possibles. Notre thème (Template du site, ndlr), la plateforme WordPress, ou bien la plateforme Azure comme espace d’hébergement. Il me parait difficile de croire que c’est Azure qui est le problème. J’opterai plutôt pour une mauvaise configuration. En novembre dernier, il y a eu une grave panne qui a engendré un arrêt complet du système de stockage. Microsoft avait expliqué la cause de l’incident par un changement de configuration permettant l’amélioration des performances contenant un bug bloquant, ayant échappé aux tests, appliqué à l’ensemble du système de stockage Azure, ce qui a provoqué une panne qui a également touché d’autres services cloud dont celui des machines virtuelles. Mais ces choses là n’arrive pas tous les jours.
Puisque Azure est compliqué, pourquoi avoir choisi cette plateforme de Microsoft ?
Je vous confirme que Azure est compliqué et que, surtout, nous n’avons pas le temps de lire toute la documentation et nous ne pouvons pas, à ce stade, dédier une ressource humaine à cela. Donc on se repose sur les choix par défaut de cette plateforme. Et les choix par défaut ne vous donnent pas entière satisfaction.
Nous avons choisi le Cloud Azure de Microsoft parce que, premièrement, ce dernier est présent en Algérie et que son produit Azure est facturé en dinars. De plus, nous avons subi un incendie, il y a quelques mois, qui a complètement ravagé notre siège social, sauf que nous avons été prévenants en stockant l’ensemble de nos données sur Cloud. Et c’est ce qui nous a sauvé et nous a permis de reprendre très rapidement. Cet incident nous a aidé à soutenir notre choix.
Nous nous sommes basé sur la documentation existante sur Internet concernant Azure. Et après une grande discussion avec un des éléments de Microsoft Algérie, il en est ressorti au moins 4 raisons pour ce choix : l’offre globale de services Cloud avec cette possibilité d’agrandir la puissance et le nombre, la simplicité, les performances et le prix en dinars. La simplicité est un élément clé pour nous car nous ne pouvons pas dédier une personne pour s’occuper uniquement de ‘tuner’ notre site.
Apres un moment de réflexion, nous nous sommes dit « pourquoi pas, essayons ». Dans notre esprit, puisque Microsoft dispose d’un bureau en Algérie, et qu’il vend ce produit, cela voudrait dire qu’il a les ressources humaines pour prendre en charge ses clients. Quel que soit ce client, Sonatrach ou IT MAG ou le petit développeur du coin.
L’expérience n’était pas concluante ?
Au moment où je vous parle, nous ne savons pas ce que nous allons décider même si nous voulons absolument héberger notre site en Algérie. L’expérience avec Azure n’est pas concluante du fait que nous n’avons pas accès au support. Il est vraisemblable que dans quelques temps, une fois que leurs équipes soient formées, un call center et un numéro de téléphone soient mis en place, le Cloud de Microsoft pourra cartonner.
Où était hébergé ITMag avant de passer chez Microsoft ?
Pour cela, il faut que je vous fasse un petit historique. Le site d’ITMag a commencé à être hébergé en Algérie. Nous avons, depuis 2002, favorisé l’hébergement en Algérie. En ce temps, il existait des ISP qui pouvaient le faire. Malheureusement ces derniers ont fini par s’arrêter. De 92 ISP on se retrouve avec 4 actuellement. Nous avons été obligé d’aller chercher un hébergement à l’étranger. La France vient en premier et tout le monde nous parlait d’OVH. Nous y sommes partis, et avec tous les problèmes de paiement en devise que cela nous posait, nous nous acquittions pour toute l’année. Cela fait énormément de trésorerie à l’avance. Mais, au bout de quelques mois, nous nous sommes rendus compte que leur support laisse à désirer, même s’ils mettent un « Amine » ou un « Kamel » pour nous répondre. Ils ne sont prompts qu’à envoyer un mail pour dire qu’il faut payer. OVH a été une très mauvaise expérience.
Qu’allez-vous faire ? Changer d’hébergeur ?
Oui, nous allons probablement en changer et aller vers un hébergement en Algérie pour peu qu’il possède un support et une réactivité. C’est pour nous la meilleure solution même si nos lecteurs auront un peu plus de temps à attendre que leurs pages arrivent sur leurs écrans. Je préfère que le site soit lent qu’inexistant, ou que sa mettre à jour ne soit pas possible, car l’information n’attend pas.
Un hébergement en « .dz » n’est-il pas envisageable aussi ?
Nous avons aussi itmag.dz et c’est certainement ce que nous allons booster. Si nous ne le faisons pas qui va le faire ?
Quels sont les aspects techniques pour avoir un hébergement de qualité en Algérie ?
Très bonne question, mais qui peut donner une multitude de réponses selon l’endroit où l’on se trouve. Et cela pose les problèmes des « Data Centers » en Algérie. Au delà du fait que les data centers, que j’appelle les usines à données, sont hyper sécurisés, car ils offrent une protection contre les risques d’incendie, d’inondation, de vol, d’intrusion, de panne ou encore de coupure électrique. Sans compter que les données sont dupliquées afin de prévenir les risques de perte en cas de gros problème. De plus, en général, les machines qui les hébergent ne sont pas obsolètes. Il reste qu’il faut qu’un data center soit connecté pour que les données soient disponibles en permanence. Le data center est l’un des éléments nécessaires au traitement et stockage des données numériques et indispensable à Internet. Le Cloud l’a popularisé.
Prenons le cas Algérie. Le foncier industriel est très cher et introuvable. Les investisseurs dans les data centers vont donc se retrouver dans des immeubles ou rez-de-chaussée de villa. Ensuite, pour avoir une certification internationale il faut que la fourniture d’électricité soit redondante, ce qui n’est pas possible en Algérie. Pour l’Internet, il y a possibilité d’avoir de la redondance mais avec quel SLA (Service level agreement, un contrat assurant une qualité de service en informatique, ndlr). Et plus la SLA s’approche des 99.99% plus cela demande des moyens. Pour les ressources humaines, l’automatisation à outrance des data centers montre qu’il en faut de moins en moins mais de plus en plus spécialisés. Quant à la demande, elle est encore faible, mais elle a la tendance à monter surtout depuis l’entrée de la 3G et bientôt de la 4G. Les entreprises auront besoin d’avoir leurs données au bout du doigt et non pas attendre qu’ils rentrent au bureau.
En Algérie nous avons deux data centers privés. L’un à Oran (ISSAL) et l’autre à Alger (AYRADE). Si les entreprises se détournent des data centers nationaux, ils vont tous fermer et c’est l’écosystème qui en pâtira. Il ne faut pas oublier le coté juridique, car la localisation n’est pas seulement économique et commerciale. Rappelons-nous le « Patriot Act » qui donne droit aux Etats-Unis d’accéder à toutes sortes de données stockées sur le sol américain.