Le Président du Mouvement de la société de la paix (MSP) Abderrazak Makri relativise la candidature de Bouteflika à un 4e mandat, qu’il considère comme une opportunité pour renforcer les rangs de l’opposition après le 17 avril et imposer au pouvoir une feuille de route de la transition.
Le chef du MSP, l’un des partis engagés dans un front du boycott du scrutin présidentiel, a tenu à préciser que l’appel au boycott a été lancé bien avant l’annonce de Abdelmalek Sellal, de l’intention du président Bouteflika de briguer un 4e mandat. « Nous avons pris la décision du boycott parce que le pouvoir a refusé de nous donner les garanties de la transparence du scrutin et que nous savions que le candidat du pouvoir va passer quel que soit son nom, » a-t-il dit, mardi sur l’émission hebdomadaire, « l’invité du direct » de Radio M.
Abderrazak Makri considère que la coalition du boycott, dans laquelle son le MSP est engagé aux cotés de partis comme le RCD et Enhada, Jil Jadi et des personnalités politiques, est « soudée par un consensus, dont la base repose sur la revendication de la liberté et de la démocratie », malgré les divergences idéologiques qui les oppose. « Ce 4e mandat est certainement une mauvaise chose pour l’Algérie mais une opportunité pour reconstruire l’opposition », a-t-il dit. Le rassemblement des partis du front du boycott, jeudi 20 mars à la salle Harcha, selon Makri, «est une épreuve réussie et a rassemblé 13.000 personnes qui ont répondu avec force contre le 4e mandat et contre la fraude, ».
Bien que les meetings des boycotteurs avaient été interdits par le pouvoir lors des précédents scrutins, le rassemblement a reçu l’aval de la wilaya d’Alger. Abderrazak Makri se dit non surpris par l’autorisation de ce rassemblement : «le pouvoir est en difficulté, il est malmené devant l’opinion nationale et à l’étranger,» ce qui l’a forcé à lâcher du lest.
Les plus grandes difficultés sont à venir
Le chef du Mouvement pour la société de la paix, considère que les plus grandes difficultés pour le pouvoir restent à venir, à cause de la situation économique du pays qui se détériore et la baisse des revenus tirés des exportations du pétrole. « Le temps de l’aisance financière est révolu, 70% de la masse salariale des fonctionnaires est financée par la rente pétrolière, la production et les exportations d’hydrocarbures sont en baisse chaque année et la consommation interne est en train d’exploser, » s’est-il alarmé. « Le régime est conscient de cette situation mais ils ne veulent rien faire car il est question d’intérêts personnels et d’intérêts de groupes, ils n’ont aucun esprit patriotique » a-t-il dit. Mais Abderrazak Makri est conscient que la transition ne peut se faire sans les deux pôles détenteurs du pouvoir, à savoir la Présidence et l’armée à qui il lance un appel : «que ceux qui gouvernent aident à cette transition».