Le département d’Etat américain a soulevé, dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme pour l’année 2022, publié lundi, le cas du journaliste algérien incarcéré et directeur de Radio M et de Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi, ainsi que plusieurs autres points liés aux violations de la liberté d’expression et de la liberté de la presse en Algérie.
Le département d’Etat américain a indiqué dans son rapport que « le gouvernement algérien a restreint des droits prévus dans la Constitution, dont ceux des journalistes et des médias ». Il a, dans ce cadre, pointé du doigt le harcèlement « des médias indépendants qui critiquent l’action du gouvernement ». Le département rappelle que « des pressions ont été exercées de manière informelle et des lois vagues ont été arbitrairement appliquées sur des éditeurs, des rédacteurs en chef, des annonceurs et des journalistes ».
C’est dans ce chapitre consacré à la liberté d’expression que le département d’Etat américain a cité le journaliste incarcéré Ihsane El Kadi. « La presse locale a rapporté que les autorités avaient arrêté Ihsane El Kadi, le directeur des médias indépendants en ligne Radio M et Maghreb Emergent, lors d’une descente nocturne à son domicile. Le lendemain, les autorités ont amené Ihsane El Kadi, menotté, au bureau de Radio M et de Maghreb Emergent et au siège de leur société mère, Interface Média, où ils ont confisqué des ordinateurs et des documents avant de mettre les locaux sous scellés » lit-on sur le rapport.
Le rapport évoque également l’utilisation des lois antiterroristes pour « punir » des journalistes et des défenseurs des droits humains. Dans ce cadre, le journaliste Ihsane El Kadi est cité une seconde fois. Le rapport rappelle, en effet, son « affaire » avec l’activiste Zaki Hannache dans laquelle il a été accusé de « financement du terrorisme » après que Radio M a décerné un prix au défenseur des droits humains, aujourd’hui réfugié en Tunisie.
« Les autorités ont inculpé Hannache dans cette affaire pour apologie d’actes terroristes, atteinte à l’unité nationale et diffusion et publication de fausses informations visant à porter atteinte à l’intérêt national », ajoute le rapport.
Autre sujet évoqué: La détention provisoire. «La détention provisoire prolongée demeure un problème. La durée de la détention provisoire équivalait ou dépassait souvent la peine maximale pour le crime présumé » note le rapport.
Il rappelle que « des observateurs non gouvernementaux ont déclaré que les personnes en détention provisoire constituaient une part importante de la population totale de détenus et de prisonniers ». Il cite, dans ce cadre, le cas du journaliste Mohamed Mouloudj, libéré après 13 mois de détention provisoire.
Au volet « censure et restriction des contenus pour les journalistes », le rapport cite les deux journalistes, Nadir Kerri et Belkacem Haouam. Le journaliste Nadir Kerri avait été arrêté pour un article sur la nouvelle politique d’importation de véhicules. « L’article de Kerri comprenait un résumé largement positif de la décision du 9 octobre du président Tebboune de reprendre les importations de véhicules neufs, bien qu’il contienne également des spéculations sur l’impact que la politique pourrait avoir sur les prix automobiles nationaux », souligne le document. Le 12 octobre 2022, les autorités ont provisoirement libéré Kerri et l’ont placé sous « contrôle judiciaire », ce qui signifie selon le département d’Etat américain « que la menace d’accusations demeure ».
Belkacem Haouam, journaliste au journal Echourouk avait été poursuivi suite à un article sur la décision du ministère du Commerce de suspendre les exportations de dattes car comprenant des pesticides. Il a été condamné pour publication de fausses informations à un an de prison avec sursis et à deux mois d’emprisonnement, rappelle le rapport. Le 8 novembre 2022, il a été libéré de prison.