Pour l’ancien ministre des Finances, la relation entre le taux d’investissement public, qui avoisine les 60% du montant global de l’investissement en Algérie, et celui de la croissance économique « n’est pas normale ».
L’économiste et ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou a appelé samedi à Alger à la révision de la structure de l’investissement en Algérie, dominée largement par le financement public affirmant que cette démarche vise à instaurer un nouveau régime efficient de croissance économique.
Intervenant lors d’une conférence organisée par l’Association des diplômés de l’Institut de financement du développement du Maghreb arabe (Adifid) sur la politique de croissance en Algérie, M. Benachenhou a estimé que l’efficacité du capital de l’investissement public était « très faible ».
Pour lui, la relation entre le taux d’investissement public, qui avoisine les 60% du montant global de l’investissement en Algérie, et celui de la croissance économique « n’est pas normale ». Il considère que les efforts de financement public stimulent plutôt la croissance économique des partenaires de l’Algérie et qui sont, par conséquent, peu bénéfiques pour l’économie du pays, car les grands projets d’infrastructures sont réalisés par des entreprises étrangères.
L’Algérie souffre, par ailleurs, de la non exploitation de ses outils de production notamment dans le secteur des hydrocarbures, selon M. Benachenhou qui explique que les capacités de liquéfaction de gaz sont utilisés à hauteur de 60% seulement.
Evoquant le problème de la rentabilité des investissements dans ce secteur, l’économiste estime qu' »à chaque fois que Sonatrach développe sa production, elle perdait de l’argent » et que 40% de la production de ce groupe est actuellement commercialisée sur le marché local et à des prix subventionnés.
Cette situation « paradoxale », a-t-il poursuivi, entraînera des fragilités fiscales, patrimoniales, et d’emploi appelant à être « très prudent » dans les prochains programmes de développement économique.
« Le régime de croissance actuelle a atteint ses limites », avertit M. Benachenhou. « Mais pour le changer, il faut d’abord prendre conscience de cette situation ».
Pour changer la structure actuelle de l’investissement, M. Benachenhou recommande de développer l’investissement marchand, de diversifier le secteur financier, de revoir la politique de logement, d’améliorer l’attractivité de l’investissement dans le secteur énergétique et d’imposer de la rigueur dans les politiques de dépense publique.
Répondant une question sur les conséquences de la chute des prix de pétrole sur l’économie nationale, l’économiste a appelé à un débat ouvert serein sur les priorités à suivre en matière de dépenses en cas de difficultés budgétaires dans les années prochaines.