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Présidentielles 2014

Algérie – Avec un discours sans reliefs, Ali Benflis peine à lancer sa campagne électorale

Par Maghreb Émergent
9 février 2014
Algérie – Avec un discours sans reliefs, Ali Benflis peine à lancer sa campagne électorale

La campagne électorale de M. Ali Benflis peine à démarrer. Une prudence excessive et un discours sans relief réduisent considérablement la visibilité de celui qui voulait apparaitre comme la première alternative au président Bouteflika.

 

Seul candidat relativement visible face au président Abdelaziz Bouteflik, Ali Benflis peine à lancer sa campagne électorale. Trois semaines après l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle du 17 avril prochain, l’ancien premier ministre, candidat malheureux en 2004, adopte une attitude timorée, presque hésitante, comme s’il ne voulait surtout pas bousculer les choses.

Alors que la campagne officielle débute dans moins d’un mois, M. Benflis n’a pas encore donné à sa campagne un véritable contenu. Il a, certes, énuméré une longue série de projets lors de l’annonce de sa candidature, le 19 janvier, promettant justice, état de droit, solidarité nationale et lutte contre la corruption, mais il n’a pas réussi à donner une identité forte à sa candidature. Le mort d’ordre le plus souvent cité, repris ce week-end lors de sa première réunion publique avec ses comités de soutien dans les wilayas, est un appel à ne pas s’attaquer la personne du chef de l’Etat et à respecter sa dignité, allusion claire à l’âge et à l’état de santé précaire de M. Bouteflika. Même chez des militants hostiles au président Bouteflika, une certaine déception était perceptible. Le discours de M. Benflis est « trop lisse », affirme une personnalité invitée à la cérémonie du 19 janvier. Il n’arrive « ni à se donner une identité propre, ni à marquer une différence tranchée par rapport au président Bouteflika ».

Filiation commune

Comme le chef de l’Etat, M. Benflis se réclame du FLN, dont il a été secrétaire général, avant d’être évincé par les partisans de M. Bouteflika en 2003. En 1999, il avait été son directeur de campagne, avant de devenir secrétaire général de la présidence, puis premier chef de gouvernement de M. Bouteflika. Cette longue cohabitation n’offre que peu de marge à M. Benflis : toute attaque frontale contre le chef de l’Etat peut se retourner contre lui. Les journaux proches de M. Bouteflika ont d’ailleurs rappelé que le scandale Khalifa, qui a entaché le premier mandat du président Bouteflika (1999-2004) a éclaté alors que M. Benflis était chef du gouvernement.

Ce week-end, M. Benflis a effectué sa seconde sortie en recevant les présidents de ses comités de soutien. Son discours, très attendu, a été apaisant, alors que le pouvoir est secoué par la sortie tonitruante du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui a réclamé le départ du puissant patron des services spéciaux, le général Toufik Mediène. Les partisans de M. Bouteflika ont placé la barre très haut en demandant la tête du général Toufik. Seul un discours aussi fort pouvait être entendu, mais M. Benflis a choisi de calmer le jeu, au risque de devenir inaudible.

Modération

Il a appelé ses partisans à «redoubler de vigilance en cette période pré-électorale». Selon lui, «de forts indices d’incertitude » planent, et ils « ne sont pas de nature à favoriser la sérénité requise pour un scrutin transparent et régulier». Il a demandé à ses adversaires de « faire preuve de mesure et de réserve», et de « veiller à mettre en place des conditions politiques et matérielles » favorables pour la présidentielle.

Seule critique contre le président Bouteflika, il affirmé que «personne n’a le monopole de la préservation de la stabilité du pays». Le discours des partisans de M. Bouteflika, assurant qu’un quatrième mandat assurerait la stabilité du pays, relève du « chantage sécuritaire », a-t-il dit, accusant le chef de l’Etat de vouloir « maintenir le pays dans le statu quo actuel ».

Mais M. Benflis tempère aussitôt ses propos. Certes, il promet le changement, mais veut tout de suite rassurer. Il ne parle pas de rupture, ni de réformes profondes. «Le changement, pour moi, est synonyme d’évolution», tend-il à rassurer, ajoutant que « le changement «graduel, responsable et le fruit d’une large concertation nationale sans exclusion».

Prudence

Les critiques de M. Benflis sont concentrées contre les seuls premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui mène campagne en lieu et place du président Bouteflika, et le secrétaire général du FLN Amar Saadani, qui a appelé le chef de l’Etat à briguer un quatrième mandat. Le premier est accusé de tenir un discours équivoque, le second de s’attaquer aux institutions, allusion à la violente charge de M. Saadani contre le patron du DRS.

Cette posture de M. Benflis, excessivement prudent, le fait apparaitre comme un homme pondéré, mesuré, à l’inverse des partisans de M. Bouteflika,  qui se laissent aller à tous les excès. Mais M. Benflis risque aussi, par cette campagne sans relief, de basculer dans l’anonymat. Après son échec de 2004, ce serait un coup dont il pourrait difficilement se relever.

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