Les coûts actuels de l’interconnexion des réseaux mobiles « ne sont pas justes pour Djezzy », selon le DG de l’opérateur, Matthieu Galvani. N’étant plus en « position dominante », Djezzy paye toujours plus les appels de ses abonnés vers les deux autres opérateurs.
« L’équilibre des coûts de terminaisons mobiles (l’interconnexion) ne sont pas justes pour Djezzy », avait déclaré le DG de l’opérateur, la semaine dernière sur Radio M, la webradio Radio M. Selon Matthieu Galvani, les coûts de terminaisons mobiles sont de « 1 DA sur Djezzy, 1,35 DA vers Ooredoo, et 1,45 DA vers Mobilis ». « Cela veut dire que lorsqu’un client de Djezzy appelle un numéro de Mobilis, nous reversons 1,45 DA à Mobilis. Mais lorsqu’un client de Mobilis appelle vers Djezzy nous recevons 1 DA. Il y a donc un différentiel. Or, aujourd’hui, les trois opérateurs s’échangent à peu près le même volume de trafic. Ce qui se passe, c’est que nous finançons les deux autres opérateurs ».
Selon le DG de Djezzy, des discussions « sont en cours avec le régulateur (ARPT, ndlr) pour aller vers une « symétrie tarifaire juste ». Les « parts de marché des trois opérateurs étant plus ou moins équilibrés », Djezzy ne voit aucune raison de payer l’interconnexion 35% et 45% plus cher, respectivement à Ooredoo et Mobilis. En effet, selon les derniers chiffres de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), à fin 2016, le nombre d’abonnés (2G et 3G) des trois opérateurs était comme suit : 17,344 millions pour Mobilis, 16,367 millions pour Djezzy, et 13,328 millions pour Ooredoo.
Dans son « Catalogue d’interconnexion 2016-2017, Optimum Telecom Algérie (Djezzy) estimait que : « Toutes les liaisons d’interconnexion avec des opérateurs de réseau public, qu’il soit fixe ou mobile, sont bidirectionnelles. Leurs coûts d’établissement seront pris en charge par l’Opérateur demandeur, les frais mensuels d’exploitation et de maintenance des liens d’interconnexion seront partagés de manière égale (50% / 50%) entre les deux opérateurs ». Sur cette base le coût de » terminaison des appels nationaux provenant du réseau d’un opérateur national » proposé par Djezzy étai de « 1,00 DA HT/minute » et de « 2,00 DA HT » pour chaque SMS.
Dans son catalogue d’interconnexion 2016-2017, les tarifs proposés par Mobilis sont de : de « 1,45 DA HT/minute » et de « 2,00 DA HT » pour chaque SMS. Quant à Ooredoo, les tarifs proposés sont de « 1,35 DA HT/minute » et de « 2,00 DA HT » pour chaque SMS.
L’ARPT a validé les catalogues d’interconnexion des trois opérateurs, pour la période 31 octobre 2016/30 octobre 2017, sans aucune modification.
Des conséquences sur la qualité
Ce « déséquilibre » en défaveur de Djezzy, permet aux deux autres opérateur de « faire plus de marge », « voire même de faire indirectement des subventions croisées, en baissant les prix de manière considérable sur la data », ajoute M. Galvani.
« Ce que je redoute pour le secteur et pour l’économie digitale algérienne, c’est de se retrouver avec certains réseaux qui bradent la data, pour essayer d’acheter des parts de marché, mais du coup, les performances de ces réseaux devienne très faible, il suffit de les mesurer pour s’en apercevoir », affirme le DG de Djezzy.
« On estime chez Djezzy, qu’un client 4G qui n’a pas 10 à 12 Mbps en vitesse de téléchargement il n’est pas en 4G. On voit certains réseaux, que je ne citerais pas, sur lesquels il y a tellement d’abondance sur le plan tarifaire que finalement leur performance est très faible », précise M. Galvani.
Selon lui, le régulateur « est tout à fait au courant de cette situation, puis qu’on en discute avec eux régulièrement. Il faut juste réguler dans la bonne direction, pour arrêter de pénaliser Djezzy sur cet aspect ». Pour le moment, les « répercussions financières » sur Djezzy « puisque les échanges du trafic ne se font pas au même prix ».